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QUE FAUT-IL COMPRENDRE DES ÉLECTIONS MUNICIPALES ?

Dernière mise à jour : 23 juil. 2020



LOUIS IX



QUE FAUT-IL COMPRENDRE DES ÉLECTIONS MUNICIPALES ?


de

Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

Les élections municipales auront confirmé que les commentateurs : experts, journalistes et élus maitrisent l'art de tout dire pour ne rien dire. Le babillement du bébé ou le coassement de la grenouille eut été plus reposant.

Si l'épidémie du Covid19 a eu quelle que influence sur le comportement des électeurs, son incidence aura été minime. Mais qu'est-ce qui pousse les électeurs à taquiner le brochet ou la carpe au lieu de faire son "devoir civique" ? Pourquoi faudrait-il que l'abstention ne soit pas un acte civique ? S'abstenir de faire un choix exprime une opinion, c'est une décision civique légitime, responsable. Pourquoi nous faudrait-il faire un choix qui, en conscience politique et civique, est impossible à faire ? Si aucun candidat ne me convient pourquoi me contraindre à faire le choix du moindre mal ? Ce serait poser un acte irresponsable, et je renierai ce qui forge ma qualité de citoyen, ma liberté.

Les causes de l'abstention sont à voir en amont du vote. On n'a pas le droit de culpabiliser l’abstentionniste. Si l'abstention est si élevée peut-être est-ce dû au ressenti du peuple pour qui les comptes n'y sont pas. Il se sent ni aimé, ni respecté, ni considéré. Il a le sentiment d'agacer ses élus par sa seule existence. Il est vrai que depuis l'élection du candidat Sarkozy, la distanciation entre le politique et le peuple prend un large ressemblant à un abîme océanique. Le peuple prend conscience qu'il est instrumentalisé pour atteindre des objectifs qui ne sont pas rapport avec ses besoins, ses aspirations. De nos dirigeants, quels qu'ils soient, le citoyen ne ressent ni bienveillance, ni respect.

On m'opposera que ces dernières élections étaient locales, que la personnalité et l'expérience comptaient plus que le parti politique oui, peut-être, mais on ne peut nier l'impact de la politique nationale sur celles-ci. Il y a de bons maires parce qu'ils se contentent de leur seul mandat de maire qu'ils honorent avec honnêteté et dévouement. Mais le citoyen ressent une perte de lien dès qu'il s'agit de mandats nationaux, c'est une indifférence polie au minimum qu'il subit. Non seulement il est délaissé, mais il ne sait plus où poser un regard d'espoir, puisqu'il ne parvient plus à s'identifier avec l'Etat qu'incarne sensément le chef de l'Etat qui lui devient étranger.

Cette majorité a un impact d'une résonance désastreuse sur nos citoyens avec une amplitude surprenante, mais qui est peu de chose comparativement à celle d'ordre psychologique, moral, affectif voire spirituelle. Il ne s'agit plus d'une indifférence polie, froide, elle est agressive, poussée par un désespoir qui monte dangereusement en puissance, d'autant plus que son espace d'expression est réprimé. L'incident dans les Jardins des Tuileries où le Président Macron est interpelé par un citoyen n'est pas anecdotique. Il révèle l'absence de dignité du Chef de l'Etat envers son mandat. Il en ressort que nous sommes gouvernés par un adulte et non pas un homme fort. Etre adulte, c'est être dans un état psychologique où l'âge d'homme n'est pas assumé. C'est un sujet inachevé, dont la maturité n'est pas accomplie. Il traine l'enfant vieilli avant d'être abouti, car il lui manque des clefs, et que certaines de ses puissances sont écrasées par un traumatisme et par une vie trop éloignée du réel. Nous sommes gouvernés par un enfant mal torché, dépourvu d’empathie. Si nous ajoutons cet incident à ces dernières élections, on parvient à la conclusion que la praxis républicaine arrive à sa fin, et que parler d'une fin de régime sans oser voir au-delà, c'est payer en monnaie de singe l'espoir du peuple. La cinquième république subit la fin de l'imperium, elle est semblable à la fin de la République romaine où le pouvoir se vendait à coup de millions de sesterces.

Le pouvoir politique est perçu par le peuple comme un danger diffus, une menace insalubre du fait de la multiplication de lois et décrets portant atteinte aux équilibres du créé, quand bien-même ils n’en comprennent pas le contenu. Le Français ressentent qu'il est en présence d'une inversion et d'une perversion, qu'il y a des interdits qu'il ne fallait pas franchir, outrepasser. Nous avons forgé une société transgressive. Ce constat se prolonge avec le sentiment d'une perte croissante de légitimité des pouvoirs politiques qui touche l'administration et rejaillira bientôt sur les corps intermédiaires, car il est en lien avec l'effondrement de la conscience morale générale. Un tel glissement ou effondrement est inexorable ; il n'y aura pas d'homme providentiel avant l'effondrement radical de tous les rouages de notre nation, ce n'est qu'une question de temps, de mois peut-être.

Les appareils d'état, l'Etat lui-même et l'ensemble de la nation sont enfermés dans des mâchoires de l'état profond dont les manettes sont dans des mains calculatrices, insensibles à la justice, à la morale, insensible au plus pauvre. On ne redresse pas une telle décadence en se refusant au réel, à la vérité qui n'est pas relative. Le peuple est exsangue, ses souffrances sont trop intenses surtout qu'on l'a éloigné de son Dieu. Ce ne sont pas les changements de gouvernement qui apportent une raison à l'espoir. Ma mère avait ce bon sens, elle commentait de la sorte les gouvernements successifs : "les bons à rien sont partis, bonjour les incapables!" L'érosion de la république a commencé dès sa fondation, elle s'accélère depuis la Seconde guerre Mondiale, et il est regrettable qu'un non-dit sur ce point précis participe à l'illusion d'un bonheur à venir. Le Général De Gaulle l’avait compris, et c'est efforcé d'en retarder l'échéance.

Le mode électoral est un désastre, un déni de démocratie, puisque le vote blanc n'est pas pris en compte, voter blanc est tout aussi légitime et moral que le vote positif ou l'abstention. Il est évident que le suffrage universel pour la Chambre des députés est un coup d'Etat permanent, puisqu'ils sont tenus par les partis d'obéir en petits caporaux, alors que leur élection les engage personnellement envers leurs électeurs. Ils ne peuvent pas émettre une opinion différente de ce qu'en décide le parti ou le Chef de l'Etat qui est chef de sa majorité qu'il délègue à son premier ministre.

Le miracle, au vu des tensions dans notre peuple, est que la révolution n'a pas encore éclaté, mais elle est à nos portes, et elle se produira, espérons que ce ne sera pas par les intégrismes de toutes sortes ni par les sauvageons qui l’amèneront...

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