LE ROSAIRE : LES TROIS AVE de Pierre Charles Aubrit Saint Pol
- Pierre Aubrit

- 17 nov.
- 8 min de lecture
"Chaque AVE fait mémoire d'une des trois Personnes de la très Sainte Trinité".
LES TROIS AVE
Introduction
La méditation des mystères est également introduite par les trois Ave, chacun d’entre eux fait mémoire d’une Personne de la très Sainte Trinité.
Prétendre que la dévotion mariale éloigne le fidèle de Jésus-Christ, voire de Dieu lui-même, est une faute délibérée. Derrière elle, il y a la volonté d’éloigner le fidèle du salut, en essayant d’imposer l’idée que l’on se fait de l’Église et non de chercher à se conformer au projet que Jésus-Christ a sur l’homme par le moyen de son Épouse. C’est une posture d’apostasie.

LA SANTA BAMBINA
Le premier Ave
Le premier « Je vous salue Marie », nous invite à faire mémoire de Dieu le Père. L’invocation ancienne le rappelle : « Je vous salue Marie, lys de pureté, fille de Dieu le Père1, pleine de grâce… ».
Que signifie-t-elle ?
La Vierge Marie est une créature humaine, descendante, selon la chair, d'Adam et Ève. Elle n’est pas une « re-création » – proposition un temps soutenue par théologien franciscain saint Jean Duns Scot, et rejetée».
(Il n’en demeure pas moins que Duns Scot fut un opposant au nominalisme, et un fervent avocat de l’Immaculée Conception.)
Marie est née de saint Joachim et de sainte Anne, tous les deux présanctifiés en vue de cette naissance.
Marie a été préservée des conséquences du péché originel. C’est ce que signifie son titre « Immaculée Conception » Pourquoi ?
Dieu a anticipé les mérites de son Fils pour elle, en vue de son Incarnation. Cette grâce singulière, elle ne cessera de l’accomplir, d’y correspondre toute sa vie terrestre. En effet son Immaculée Conception fait d’elle : la Mère de Dieu, la Mère et le refuge des pécheurs, la Mère de l’Église, la Nouvelle Ève, la victorieuse du dragon ...
Marie est mère en puissance pour tous les chrétiens qui vivent leur foi dans une communauté ecclésiale non instituée, et qui rejettent la dévotion mariale. Elle est la Mère de l’humanité sauvée ou qui cherche à l’être.
Son OUI renverse le NON d'Ève. Jésus l’institue mère d’adoption pour tous ceux qui reçoivent le sacrement du baptême2. Ce OUI a des conséquences pour nous.
Sur la croix, grâce à ce OUI, Jésus l’institue Mère adoptive de tous les baptisés. En effet, par le baptême, nous recevons un nom nouveau. L’ancien, celui qu ‘Adam et Ève auraient donné à chacun de leurs descendants, selon une antique tradition, s’efface. Nous devenons frères adoptifs de Jésus, fils adoptifs du Père éternel par le baptême, mais aussi fils de Marie qui nous adopte dès l’instant de ce sacrement.
Voilà pourquoi l’Église, nous invite à tout offrir à Jésus par Marie, ce que saint Louis Marie Grignion de Montfort a magnifiquement compris et transmis.
Lorsque nous récitons le "Je vous salue Marie…" notre Mère du Ciel nous fait entrer dans l'intériorité des Saintes Écritures. Marie en est le fil conducteur. Quand nous récitons le chapelet, nous faisons mémoire de la Rédemption dans la foi et nous contribuons au triomphe de son Cœur immaculé, à celui de la Femme revêtue du Soleil, victorieuse du dragon.
Réciter l’Ave Maria… c’est se réjouir de l’avoir la Mère de Dieu pour Mère. Nous pouvons l’appeler Maman, elle ne nous décevra pas, c’est une certitude.
Quoi que ce ne soit pas défini, je crois que la très sainte Vierge Marie est co-rédemptrice.
Le second Ave
Le second Ave fait mémoire de Dieu le Saint-Esprit : « Je vous salue Marie, rose de charité, épouse de l’Esprit Saint, pleine de grâce ... »
Marie, par son OUI, son Fiat, est l'épouse de Dieu le Saint-Esprit qui, à l’instant de son acceptation, l’ombre d’amour et de vérité. Ces noces surnaturelles permettront que Jésus-Christ épouse l’Église qu'il a fondée. Jésus épouse l'Église par Marie, présente au pied de la Croix. À cet instant tragique, l’Immaculée Conception est tout à la fois l’Église, que Jésus épouse et la Mère de l’Église.
Marie ne peut être épousée par l’Esprit Saint que parce qu’elle est immaculée, car son état d’immaculée, lui confère son corps spirituel totalement accompli dès qu’elle prononce son Fiat3.
Sans cette grâce qui lui est personnelle et spécifique, elle ne pouvait être la Mère de Dieu. Elle n’aurait pu donner son Fiat, son Oui4. C'est la raison pour laquelle l'archange Gabriel, dans sa salutation, lui dit : « Je vous salue pleine de grâce ». Il reconnaît en elle son Immaculée Conception qui est ordonnée à la conception virginale de Jésus, et donc au salut proposé à tout le genre humain.
Quoi que ce ne soit pas défini, je crois que la très sainte Vierge Marie est co-rédemptrice.
Le troisième Ave
Le troisième Ave fait mémoire de Dieu le Fils, Dieu le Verbe incarné : « Je vous salue Marie, violette d’humilité, Mère de Dieu le Fils, pleine de grâce... » Ce troisième Ave rappelle que Marie est Mère de Dieu et, de ce fait, Mère de l'Église, notre Mère.
Jésus-Christ, selon les lois de la génétique et de la biologie, est de la chair et du sang de sa Maman, puisqu’elle n’a pas connu d’homme, et que Dieu a respecté les lois naturelles qu’il a fondées, sauf pour la conception de son Fils et l’éternité de la virginité de Marie. Si Dieu n’avait pas respecté les lois de nature concernant l’humanité de Jésus de Nazareth. Le Verbe de Dieu, le Fils unique, Jésus, n’aurait pas assumé la condition humaine, sauf le péché.
De ce fait, Marie, la Mère de Jésus selon la chair et selon la grâce, collabore au salut. Elle est co-rédemptrice. Sa communion parfaite à l’œuvre rédemptrice de son Fils est sans faille, elle lui est toute donnée dès son Fiat : « Je suis la servante du Seigneur... »
Ceux qui participent au salut de tous par leur foi et leurs œuvres, aujourd’hui, s’ils veulent porter de bons fruits, qu’ils agissent avec Marie, elle est la main maternelle et ferme pour gravir la voie que Jésus nous propose. Il n’en est pas d’autre.
Tandis que son Fils meurt sur la Croix, elle reçoit de lui son titre et sa mission de Mère de l'humanité sauvée, marquée du sceau du salut : le baptême.
- Elle est Mère adoptive de ceux qui possèdent la plénitude de la foi, c'est-à-dire les baptisés dans la foi catholique.
- Elle est Mère des pécheurs qui se repentent et cherchent le salut proposé au moyen de son Église, ce qui inclut tous ceux qui sont validement baptisés, mais qui se trouvent en dehors de la communion à saint Pierre.
- Elle est Mère de l’humanité, car tous les hommes et femmes sont appelés au salut.
Il n'existe pas d’autre voie de salut que celle de l’Église catholique romaine, et il n’existe aucune religion ni aucune Église équivalente à celle fondée et instituée par Jésus, pour le salut. Prétendre le contraire, prétendre que dieu aurait créé d’autres religions au nom de la diversité du genre humain, au seul regard de cette affirmation et à la lumière de la Révélation depuis Moïse, est une transgression, un blasphème, la descente dans l'apostasie. Tout homme et femme invité(e) à entrer au Paradis accepte et reconnaît que Jésus-Christ est son salut, et que l'Église en est l’instrument. Nul n'entre au Ciel sans accepter la foi de l’Église catholique.
L'archange Gabriel révèle à Marie son intimité avec Dieu, en conformité avec sa plénitude de grâce : « Le Seigneur est avec vous ...»
Il lui confirme qu'elle vit en union avec Dieu. Gabriel l'aide à prendre conscience de son état d'Immaculée, un secret que nul ne pouvait découvrir de son vivant, sauf peut-être saint Jean l’évangéliste et saint Joseph par la grâce de Dieu. Marie l’ignorait avant la visite de l’archange Gabriel.
Il faudra attendre une lente méditation de l'Église poussée par le sens infaillible de la foi du peuple de Dieu, et la définition du dogme pour entrer dans la plénitude de ce mystère. L’un des fruits merveilleux de cette définition sera l’immense élan missionnaire initié par la France, qui reste la Fille aînée de l’Église.
L'archange révèle à Marie sa prééminence sur toutes les femmes : "Vous êtes bénie entre toutes les femmes." Marie reçoit la bénédiction qu'Ève rejeta en se laissant séduire par le serpent.
En réalité, Ève, en rejetant Dieu, revendique sa liberté pour elle-même. Elle quitte l’état permanent d'action de grâce.
L’archange Gabriel signifie à Marie que Dieu lui donne la place abandonnée par Ève, faisant d'elle la Mère adoptive de l'humanité sauvée et le refuge des pécheurs en marche pour leur conversion. Il rassure Marie, qui est persuadée de ne pas avoir mérité l'attention de Dieu. Elle sait que la période dans laquelle elle vit est celle où doit s'accomplir la Promesse, la venue du Messie, mais elle ne soupçonne pas un instant qu'elle puisse en être la Mère.
Formée au Temple, Marie connaît les Écritures Saintes. Ses parents appartenaient à un courant mystique qui conservait la tradition spirituelle des prophètes : les Es-séniens – non pas ceux de Qumrân (Esséniens), une secte en rupture avec le Temple, auteurs des manuscrits de la mer Morte –, mais les Es-séniens mystiques, un petit reste fidèle à la Torah, ce même courant qui se prolonge dans l’Église et qui vit avec elle la Passion de Jésus.
Gabriel la rassure : "Ne craignez pas Marie ; vous avez trouvé grâce devant Dieu. » Marie ne doute plus que l'ange qui est en sa présence vient bien de Dieu. Elle comprend : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole... »
Marie, l’Immaculée Conception, chemin de Jésus pour aller vers la Sainte Trinité
Aujourd’hui, bien plus qu’hier, Marie, notre Mère du Ciel sur la Terre, est le chemin à prendre pour notre salut.
Oser prétendre que Marie nous détournerait de Jésus, nous détournerait de Dieu Trine, qu’elle « deviendrait une sorte d’idole » n’est pas une simple erreur de jugement, mais le résultat néfaste d’un choix réfléchi, aux conséquences dévastatrices pour ceux qui n’ont pas une formation doctrinale suffisante.
Être catholique romain est une barrière invincible contre toutes les formes d’hérésies, parfois les plus insidieuses, à la condition d’être consacré au Cœur Immaculé de Marie.
Nous ne sommes pas des réformés-protestants. L’œcuménisme ne saurait justifier l’affaissement doctrinal, il est devenu, pour beaucoup de catholiques un instrument d’infestation, un affaissement de la foi, et développe une sorte de sentiment de culpabilité dont il faut se défendre. Nous devons être fiers d’être de l’Église, d’être catholique.
Le projet d’unité des chrétiens n’est pas réalisable sans Marie, sans l’Immaculée Conception. Si l’Église catholique a raison d’y travailler, cela ne peut être aux dépens de sa doctrine, aux dépens de sa mission de confirmer ses enfants dans la foi et d’entendre du Peuple son sensus fidei.
Marie n’est pas une femme banale, ordinaire. Elle est l’unique Immaculée Conception, personne depuis la chute d’Adam et Ève ne l’a été et ne le sera après elle. Son état de grâce d’Immaculée est ordonné à la conception virginale de Jésus, et sa communion parfaite aux souffrances de son Fils en vue du salut du genre humain font d’elle la co-rédemptrice, sinon, pourquoi célébrer la Mère des Douleurs et son couronnement au Ciel si elle n’est pas co-rédemptrice ?
Ne craignons pas de réciter le chapelet qui, par les mystères médités, permet à Marie de nous introduire dans le palais du Roi du Ciel. Que nous soyons savants, ignorants, jeunes ou vieux, nous avons besoin de notre Mère du Ciel, nous avons besoin de son secours.
Quoi que ce ne soit pas défini, je crois que la très sainte Vierge Marie est co-rédemptrice.
___________________________________________
1 Cette formule est un ajout qui vient d’une ancienne tradition mariale née en France, une image qui renforce la compréhension de l’état de grâce immaculée de la très sainte Vierge Marie, à une époque où le peuple de France n’avait pas oublié son baptême.
2 Selon les travaux du Père Émile Neubert dit : Apôtre de Marie, marianiste.
3 Question ouverte






Commentaires