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LE SAINT SUAIRE par le Professeur MICHEL GRANGER






LE SUAIRE DE TURIN - LA DATATION CONDAMNA-T-ELLE L’AUTHENTICITÉ ?


MIHEL GRANGER[1]



PRÉFACE


L’article que je publie avec l’autorisation du Professeur Granger a déjà fait l’objet d’une publication, j’ai tenu à rappeler l’importance du Saint Suaire du point de vue scientifique, et la nécessité de la rigueur et de l’honnêteté intellectuelle, car qu’il s’agisse de la matière ou de la Révélation, il est important de se souvenir que l’homme est ordonné à la vérité, et que la truquer, mentir est une faute lourde. Bonne lecture. P. C. A. St. P.



Le 13 octobre 1988, le Cardinal Anastasio Ballestrero[1], archevêque de Turin, crée l'événement en annonçant que le tissu du fameux suaire, dont il est le gardien pontifical, n'a pas plus de 700 ans!

Aussitôt la nouvelle est reprise par les médias qui, presque tous, traduisent par la formule: "Le suaire de Turin est un faux"!

Avant de voir qu'il y a là peut-être un raccourci un peu hâtif, parlons de cette fameuse "datation".


OPERATION CARBONE 14.


L'opération a été lancée deux ans plus tôt lorsque le Vatican a diffusé le communiqué: "Le pape permet de dater le Suaire de Turin". Il y avait là une louable concession du Saint Père qui, enfin, consentait à sacrifier quelques grammes du précieux drap pour connaître la période de sa confection. En effet, jusqu'alors, seules avaient été permises les analyses non destructrices.

Et pourtant la méthode de datation par mesure du radiocarbone est utilisée depuis 1952. Son principe repose sur le fait que chaque être vivant (plante, animal, homme...) contient du carbone radioactif dans la même proportion que l'atmosphère dans laquelle il vit. Et d'où vient ce carbone dit 14? Du bombardement de l'azote de l'air par des rayons cosmiques.

Au moment de la mort, l'organisme cesse d'assimiler ce radiocarbone, lequel se désintègre selon des lois bien connues: il diminue de moitié tous les 5730 ans. Dès lors qu'on sait compter ces C 14 par rapport aux C 12 normaux, qui eux restent intacts, on dispose d'une méthode fiable pour dire depuis combien de temps un être vivant a cessé de vivre. En l'occurrence pour le Suaire de Turin, il s'agissait de déterminer quand les tiges de lin constitutives du linge, avaient été récoltées, celles-là même qui avaient fourni les fils utilisés pour tisser le drap du Suaire.

Or, pourquoi n'avait-on pas procédé à cette mesure plus tôt? Pour deux raisons: la première tenait en l'imprécision relative de la méthode. Mais avec l'avènement des accélérateurs de particules, on a accès désormais au comptage un par un des C 14 dans le tandétron: la marge d'erreur devient inférieure à un pour cent.

Et, jusqu'à ces dernières années, il aurait fallu détruire un morceau du Suaire grand comme un mouchoir pour obtenir un résultat valable. Or, à cela, le Saint Siège ne pouvait se résoudre. C'est donc seulement sur trois échantillons de la taille d'un timbre poste qu'on a travaillé à Oxford, Zurich et Tucson, ce qui était tout à fait suffisant pour la nouvelle technologie.


UNE VILAINE GUEGUERRE D'INFLUENCE.


La procédure de la datation fut arrêtée en janvier 1988 entre Luigi Gonella, conseiller scientifique du Saint Siège, et les trois laboratoires retenus (ils étaient initialement 7 dont 4 parmi lesquels Saclay furent éliminés). Cette réduction du nombre des participants à l'opération carbone 14 - nombre recommandé par un consortium de scientifiques un an auparavant - souleva l'indignation des exclus. "C'est un peu comme si l’Église souhaitait procéder d'une manière contestable", s'indignait Harry E. Gove, de l'université de Rochester, une autre candidate mise sur la touche. "Moins d'expérimentations conduira à un résultat moins fiable", proclamait-on aussi.

En fait, il s'agissait plutôt d'une affaire de gros sous et de prestige, le maximum d'organismes compétents désirant profiter de l'aubaine. Les rapports entre les officiels religieux et les savants n'ont, à cette occasion, pas été très amènes, les premiers souhaitant avoir les résultats à Pâques, les autres n'osant pas se compromettre en "commémorant" ainsi la fête de la Résurrection, ce qui aurait jeté la suspicion chez certains de leurs collègues... surtout au cas où...

Il fallut donc patienter quelques mois, comme il faudra attendre pour prendre connaissance du rapport scientifique des essais, car celui-ci fut soumis pour publication à la revue NATURE, et sûr que les révélations de Monseigneur Ballestrero, qui enfreignirent la règle du silence avant parution, ont posé problème...


Du coup, les chercheurs eux-mêmes se mirent à parler si bien qu'on en sut vite un peu plus...


UNE PROCEDURE EN AVEUGLE BIEN VOYANTE.


Ce sont quatre échantillons de drap tissé que chaque labo a reçus. Parmi eux, celui du Suaire que les spécialistes n'étaient pas sensés connaître. Or, ils n'eurent aucun mal à le faire, comme le révéla Paul Damon, de l'équipe de Tucson, à l'université de l'Arizona. "Nous avons vu le Suaire au moment du prélèvement et nous en connaissons ainsi la texture". Et de faire remarquer que, finalement, c'était une bonne chose, compte tenu du résultat.

Celui-ci atteste que le lin qui a servi à fabriquer le drap du Suaire a été coupé dans les années 1260 à 1390. La fourchette pourrait même être réduite à l'intervalle 1262-1384. Ainsi, les valeurs trouvées par les trois laboratoires collent-elles donc à 100 ans près. C'est quasiment inespéré. Au point que Monseigneur Ballestrero a ajouté, avec une pointe d'amertume: "Je ne vois aucune raison pour l'Eglise de mettre ces résultats en doute".

Et pourtant, on a appris que l'Institut Fédéral de Technologie de Zurich, dans un essai antérieur, s'était planté de 1000 ans sur un morceau de bandelettes de momie!

Cette fois, tous les étalonnages ont été corrects, comme en témoignent les âges déterminés sur les trois autres échantillons de tissus soumis au test de la datation: un fragment de l'habit de la reine d'Egypte Cléopâtre, trouvé dans sa tombe, qu'on pensait être du deuxième siècle avant J.-C., a été mesuré comme datant de la période - 78 à + 9. Le second provenant d'un vêtement sacerdotal de St Louis d'Anjou entre 1263 et 1283 et un bout de toile issu d'une tombe islamique entre 1026 et 1160.

Non, décidément, il n'y a aucune raison valable désormais de ne plus allouer au Suaire de Turin une origine médiévale. A moins que...

Mais auparavant, passons à son histoire.


L'HISTOIRE CONNUE DU SUAIRE.


La première apparition certaine du Suaire, dit plus tard "de Turin", est signalée en 1357, en l'église de Lirey, près de Troyes, en France. Son propriétaire, Geoffroy de Charny, prétend aussitôt que c'est le linceul de Dieu. Mais il se garde bien de dire où et comment il se l'est procuré. Ce qui autorisera certains sceptiques à penser qu'il n'existait pas "avant", n'étant même pas mentionné dans la Bible. Et qu'il ne peut être que l’œuvre artistique de moines byzantins. Mais, Henri de Poitiers, l'évêque de Troyes, ouvre une enquête à l'issue de laquelle il proclame que le Suaire a été "peint"; la preuve, il l'a lui-même reçue directement lors de la confession du faussaire. Il n'est d'ailleurs pas certain que ce dernier ait voulu produire une contrefaçon bien que de nombreuses fausses reliques aient circulé au 12ème siècle, bien avant et bien après, visant à "l'édification religieuse des foules".

En 1171, l'archevêque Guillaume de Tyr parle d'un Suaire dans la collection impériale de reliques. Le croisé Robert de Clari rapporte que, dans une église de Constantinople, "le linceul du Christ s'élève tout droit chaque vendredi". C'est précisément dans cette ville que le "Mandylion", découvert en 525 à Edesse, Turquie, aurait été transféré en l'an 944. Ce "Mandylion", de dimensions réduites, montrait, paraît-il, le visage du Christ. Ian Wilson, membre du STURP (Projet de recherche sur le Suaire de Turin) laisse entendre qu'il pouvait s'agir du Suaire plié.


LE SUAIRE OU LES SUAIRES?


Un rapprochement aussi peut être fait avec le Sudarium, gardé à la cathédrale d'Oviedo, en Espagne, depuis le 9ème siècle. Ce linge de 84 cm sur 38, qui aurait servi à éponger la sueur du Christ sur le chemin du calvaire, en garderait la trace indélébile.

En 1984, le Dr Alan Whranger, de l'université américaine Duke, a utilisé une technique de son invention de superposition d'images en lumières polarisée pour comparer les visages imprimés sur les deux tissus respectivement. Et sa conclusion a été formelle: "Les deux linges ont été en contact avec les deux mêmes personnages". L'ancienneté du Suaire de Turin s'en trouverait-elle ainsi repoussée de plus de 3 siècles? Certains ont bien voulu le croire.

D'autres Suaires du Christ, prétendus tels, apparurent à différentes époques, notamment à Compiègne (dans le reliquaire de la Reine Mathilde), à Besançon (d'après Gilbert Brunet, il s'agissait d'une copie de celui de Turin), à Cadouin, en Périgord... La plupart ont été détruits pendant la Révolution.


PEREGRINATIONS DU SUAIRE.


Pour celui qui nous occupe, le voilà donc, dès son entrée en scène, frappé d'anathème. Et l'évêque de Troyes ordonne d'arrêter les ostentations.

Trente trois ans plus tard, son successeur, Pierre d'Arcy, demande l'arbitrage du Pape Clément 7, car les chanoines de Lirey ont recommencé d'attirer les pèlerins vers le Suaire. Et il propose d'amener des preuves de la non-authenticité en révélant la technique de fabrication utilisée qu'il a lui-même recueillie de la bouche de l'artiste.

Aucune trace de ce secret ne figure nulle part hélas, car cela aurait épargné bien des travaux, comme nous le verrons.

Toujours est-il que le Pape autorisa l'exposition, mais à condition que les fidèles soient avertis, "de vive voix"(!), que c'est une "représentation".

Il faut attendre 1532 pour apprendre que le Suaire échappe miraculeusement à un incendie à Chambéry. Et il en gardera à jamais les traces (trous). A la fin du 16ème siècle, il entre en possession de la maison de Savoie qui en confie la garde à l'archevêque de Turin.

En 1578, le Suaire est proclamé relique religieuse, exposé pour la première fois sur l'autel de la chapelle royale attenante à la cathédrale de Turin, dans un coffret d'argent. Là où on peut l'admirer encore aujourd'hui...


LE PREMIER CLICHE POLAROÏD.


Que voit-on réellement sur cette pièce de drap de 4,36 m de long sur 1,19 de large quelque peu jaunie et roussie mais, en tout cas, remarquablement conservée si elle a 20 siècles d'âge? A vrai dire, pas grand chose si ce n'est, en la regardant de loin, une silhouette floue et peu contrastée, qui peut passer pour la représentation recto verso d'un homme mort, étendu, les deux mains jointes croisées sur le pubis.

Il n'en fallait pas plus à l'époque pour que des légions de pèlerins viennent se prosterner devant, mais le Suaire n'aurait jamais atteint à la renommée universelle qu'il a aujourd'hui si, dès 1898, on ne l'avait photographié.

En effet, c'est la révélation dès qu'on le fixe sur la pellicule. L'image de l'homme imprimée sur le tissu dévoile des détails insoupçonnés: ceux d'un individu barbu, de type juif, aux traits longilignes et portant sur le corps tous les stigmates de la Passion selon Saint Jean.

De plus, ce "portrait" a un air de ressemblance désormais plus dissimulé avec des icônes du Christ remontant jusqu'au 6ème siècle. Le Suaire a-t-il servi de modèle ou est-ce le contraire? Qui a copié qui?

Pour ajouter au prodige, l'image se présente comme un "négatif" avec la valeur attendue des tons inversée. Un négatif photographique 400 ans avant Nicéphore Nièpce !


L’ŒUVRE D'UN ARTISTE PAS ENCORE NE!


Comment un artiste, fût-il génial, peut-il avoir eu la connaissance nécessaire pour créer une telle image, dont la perfection et la minutieuse précision ne seront révélées que des siècles plus tard? Paul Vignon, biologiste français, écrira: "Nul artiste, dans son travail le plus fouillé, n'est jamais parvenu à une telle exactitude". Seul, peut-être, Léonard de Vinci en eût été capable mais il est né trop tard, malheureusement.

La seule technique susceptible d'imiter le Suaire a été présentée par Joe Nickell. Elle consiste à frotter un linge humide posé sur une sculpture en bas-relief, à laisser sécher puis barbouiller à l'aide de pigments. De beaux fac-similés ont été produits ainsi mais qu'est devenue la maquette ayant servi pour le Suaire? Et il subsiste la trop rigoureuse conformité des stigmates qui reste une énigme pour certains, pour d'autres, une raison de plus pour douter.

"Le Suaire équivaut à une autopsie", affirmera le Dr Zugibo, de l'université américaine de Columbia, lequel, à travers toutes les marques de blessure qu'il a retrouvées sur le Suaire (120 au total) et selon la méthode qu'il utilise pour les meurtres et les suicides sur lesquels il enquête dans le cadre de son travail de tous les jours, a reconstitué l'agonie du Christ, pas à pas, telle que décrite dans les Saintes Ecritures. Les taches autour du front sont, selon lui, la preuve irréfutable qu'il s'agit bien du Fils de Dieu, puisque, de toutes les crucifixions dont on a entendu parler, aucune ne parle de couronne d'épines... sauf celle-là.

Et impossible de prendre un "modèle" en chair et en os, fussent-ils meurtris, car l'Empereur Constantin a interdit ce genre de supplice en 341 après J.-C.


TROP BEAU POUR ETRE VRAI.


"Les caractéristiques anatomiques des blessures figurant sur le Suaire sont trop parfaites pour être des faux", renchérissait Robert Bucklin, un pathologiste. Trop parfaites les coulées de sang autour du front; idem pour les marques de flagellation, de perforation de la poitrine, aux pieds, aux poignets (c'est en perçant les poignets de cadavres pour vérifier que le Suaire avait raison que Pierre Barbet découvrit l'espace de Destot, qui permit aux clous de passer), trop exacts les os des jambes non brisés - une exception cachée dans la Bible. Une perfection tellement incroyable qu'elle se retourne littéralement contre l'authenticité!

Car, en effet, l'image du crucifié ne se présente pas comme si la décalque du corps avait marqué alors qu'il était "enveloppé" dedans, conformément aux termes même des Ecritures. Mais, plutôt, selon un curieux procédé photographique avant l'heure, les deux côtés du drap rejoints par dessus la tête jouant le rôle de plaques sensibles rigides; en vérité, aucun effet de distorsion, de décalage que n'aurait manqué de provoquer le moindre faux pli!

Quelque chose de trop, en quelque sorte pour asseoir l'authentification. C'est ainsi que le Suaire de Turin est le prototype même de l'impossibilité avec un grand I. Et la récente datation ne faillit pas à la règle. Parce que, comme l'indiquait Luigi Gonella, en prenant connaissance des résultats rendus publics récemment, "l'existence même de cette image est absolument incompréhensible". "Le Suaire est un objet absurde qui ne devait pas exister car il ne rentre pas dans le contexte culturel et technique du Moyen Age. "Il restera donc à comprendre comment il se fait que, sur une toile du Moyen Age, est inscrite une image qui, d'une certaine manière, n'est pas du Moyen Age. C'est un grand problème scientifique".


LES SCIENTIFIQUES S'EN MÊLENT.


Le Suaire de Turin a posé, depuis toujours, un problème aux scientifiques notamment pour expliquer comment l'image s'est "déposée" sur le drap de lin.

En 1969 et 1973, des expérimentateurs italiens furent autorisés à faire quelques tests. Mais le fruit de ces interventions fut gardé secret. Tout au plus sait-on qu'ils montrèrent que la "peinture" utilisée n'était pas ordinaire, que les taches rouges n'étaient pas du sang et que du pollen, recueilli dans les mailles du tissu, attestait qu'il était bien passé par le Moyen Orient, voire la Palestine.

En 1976, les Américains de l'Air Force Weapons Laboratory découvrent que l'image possède une certaine "épaisseur", en ce sens qu'elle semble d'autant plus foncée que le drap avait dû être près du corps. Ainsi, doit-il être possible d'en obtenir une image en trois dimensions. Et, pour cela, on utilise ce qu'il y a de mieux à l'époque pour traiter un tel problème, à savoir l'analyseur VP 8 qui a servi à la NASA pour recréer le relief des planètes d'après les photos satellitaires prises par les sondes spatiales!

Le résultat est décevant, montrant un mannequin informe aux yeux plats. Les corrections appliquées pour lui donner figure humaine prêtent le flanc à la critique. Mais la hiérarchie pontificale semble impressionnée et déclenche le processus vérité qui aboutira à la datation de 1988.


ANALYSES NON DESTRUCTRICES.


En 1978, 40 membres du STURP 'la confrérie du Saint Suaire diront les mauvaises langues) passent 5 jours et 5 nuits à Turin, consacrées à des analyses poussées sur le Suaire: spectroscopie UV, IR, radiographie X, laser, thermographie, fluorescence, etc.. Une seule consigne: ne pas toucher au drap.

La conclusion unanime semble être que le suaire de Turin n'a pu être fabriqué artificiellement - "les chances que ce soit un faux sont inférieures à une sur 10 millions" - et ce, malgré les travaux de Walter McCrone, un micro analyste de Chicago qui prétend avoir identifié dans les taches des pigments inorganiques utilisés par les peintres moyenâgeux. Cette fois, du vrai sang est détecté du groupe AB.

Voilà accréditée l'hypothèse miraculeuse selon laquelle "un fugace jaillissement d'énergie radiante", probablement échappé au moment de la Résurrection, a provoqué l'empreinte ardente sur le drap de lin de façon indélébile. Et, pour que tout soit cohérent avec le côté "photographique" du phénomène, il faut admettre que ce rayonnement s'est dégagé dans deux directions seulement, vers le haut et vers le bas, sans bavures latérales (à noter que tous les rayonnements naturels sont tridimensionnels). Ainsi, le caractère miraculeux s'impose-t-il progressi­vement.

Il faut dire qu'entre temps, toutes les thèses avancées pour élucider le phénomène naturellement ont échoué lamentablement.


NATUREL...?

Le Suaire aurait pu être produit par la foudre, selon le Professeur de physique allemand Oswald Scheuermann. Des images obtenues à l'aide de radiations à base de courants électriques haute fréquence et de fort voltage n'ont guère retenu l'attention au delà d'un froncement de sourcils. Pas plus que la remarque impliquant une éclipse opportune de soleil ou de lune.

Plus sérieuses ont été les études cherchant à démontrer que l'image a pu naître d'un état anormal du corps du supplicié, avec le fait qu'en ce temps là, il devait, suivant les rites funéraires en vigueur, avoir été enduit d'huiles, d'aromates, d'aloès et autres ingrédients à caractère conservateur. La sueur seule, ou en combinaison avec ces substances, a-t-elle produit une oxydation ammoniacale du tissu, une photolyse sous l'action de la lumière, ou une mercerisation ou une thermolyse, si l'on admet que le corps a pu être porté à une température anormale?

A ce propos, James Strange, de l'université de Floride, pense que la fièvre pourrait avoir imprimé le Suaire. Et une fièvre dite "post-mortem", en ce sens qu'à la mort, la température du corps, au lieu de baisser, aurait pu s'élever jusqu'à 46 degrés centigrades et décomposer la myrrhe sur le linge.

Au début de 1988, la société britannique pour le Suaire de Turin a enquêté à l'hôpital St Joseph de Thornton où un malade, mort d'un cancer du pancréas, aurait laissé sur le matelas de son lit une empreinte de son corps. James Cameron, de Londres, a parlé "d'une certaine forme d'action enzymatique à partir des fluides corporels libérés", à mettre sur le compte d'un stress extrême qu'on peut volontiers allouer, aussi, à quelqu'un qui a agonisé sur la croix.

Et le Christ était-il mort, quand on l'a mis dans le linceul ou en état de coma dépassé, de mort clinique, comme on dit aujourd'hui? Puisque son sang coulait encore d'après ce qu'on voit sur le Suaire... D'aucuns se rangent à cette thèse pour tenter d'expliquer son retour à la vie; ne connaît-on pas au moins deux cas de survie à la crucifixion, dans l'histoire?

On a aussi cherché à mettre le phénomène du Suaire sur le compte d'un rayonnement émanant du corps, suivi d'une espèce de "vapographie", quoique l'on soit bien en peine pour en désigner l'origine. Des rayons X naturels dégagés par les os du crucifié ont, un temps, rallié quelques suffrages.

Si tout cela ne vous satisfait pas - c'est le sentiment général des scientifiques - reste le "flash d'énergie radiante". Et là impossible de le reproduire bien entendu, puisqu'il aurait été miraculeux, accompagnant l'unique phénomène de résurrection humaine. Inutile de souligner que les scientifiques athées ne s'y arrêtent pas une seconde.


... OU SURNATUREL?

Cette bouffée d'énergie revitalisante a-t-elle interféré avec l'action des rayons cosmiques pour fausser la teneur en carbone 14 du matériau du Suaire? Dans ce cas, la datation ne veut plus rien dire. Le Suaire, au moment de la Résurrection, aurait contenu plus de radioactivité que le lin récolté dont il a été fait. Et la technique n'est pas encore en mesure de distinguer deux catégories de radiocarbones, lesquels sont peut-être tout à fait indiscernables. Ceux induits depuis l'espace cosmique et ceux provenant d'un processus surnaturel de transfiguration/dématérialisation en l'occurrence.

D'ailleurs, cela n'est pas du ressort de la science, pas plus que de dire si le caractère "impossible" du Suaire de Turin atteste de la survie après la mort.

Si, comme on l'a suggéré, il n'est pas possible à la science de prouver que le Suaire est authentique, ne lui est-il pas tout aussi inaccessible de prouver qu'il est faux? En tout cas, elle aura beaucoup de mal à en persuader les croyants. Quant aux sceptiques, ils le resteront ni plus ni moins.

L'opération "datation" risque de n'avoir rien changé si ce n'est ravivé la polémique.

Car, comme le soulignait Monseigneur Ballestrero, à l'annonce du verdict carbone 14: "Il n'empêche que le suaire de Turin réalise des miracles". Et les miracles, que je sache, n'ont pas droit de cité dans les laboratoires. Enfin, les scientifiques n'ont-ils pas compris que le Suaire est, pour les croyants, le fruit d'un miracle, "une preuve matérielle de l'existence de Dieu"? Et les lois du Seigneur ne se laisseront jamais mettre en équations, comme les lois de la radioactivité.

Ca, on peut le déplorer... mais il faut faire avec.


[1] - Un agité du bocal progro, a été invité à prendre sa retraite par le Pape saint J.P.II à la suite de son zèle à rassurer le monde…

[1] - Professeur es-sciences chimiste

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