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LA NAISSANCE DE LA LA VIERGE MARIE#

de

PIERRE-CHARLES AUBRIT SAINT POL




« Écoutez, maison de David :

Est-ce trop peu pour vous de fatiguer les hommes, que vous fatiguiez aussi

mon Dieu ?

C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe :

Voici que la Vierge a conçu, et elle enfante un fils, et elle lui donne le nom

d’Emmanuel.

Il mangera de la crème et du miel, jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et

choisir le bien.

Car avant que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, le pays dont tu

redoutes les deux rois sera dévasté.1 »


Faire mémoire de la naissance de la sainte Vierge Marie comme toutes les célébrations la concernant devraient être fêtées avec une liturgie renforcée qui souligne l’importance de sa mission du Ciel sur la terre. Les prédicateurs, à ces occasions, gagneraient à faire un effort, enseigner les mystères contenus dans la dévotion mariale et leurs fruits dans la vie quotidienne du chrétien.


En 1902, dans la demeure familiale du Père Emmanuel de Floris, qui deviendra bénédictin puis ermite, à Marie Mesmin, née Marie Baillet, la Santa Banbina commencera à se manifester. C’est en 1909 qu’elle apparaîtra sous l’image d’un bébé emmailloté. C’est dire l’importance pour le Ciel de la mémoire de la naissance de la Vierge Marie. Elle participe à la réalité historique de l’Incarnation du Verbe en l’homme Jésus de Nazareth. Toutes les fêtes mariales nous renvoient à Jésus.


La naissance de Marie fut annoncée en figure par l’arche de Noé puis l’Arche d’Alliance de Moïse, Tabernacle vivant. En naissant, c’est la Porte du Ciel qui s’ouvre et laisse passer l’Espérance. Elle est la première marche du monde nouveau : « Et voici que je fais toute chose nouvelle. »


Les Gaulois, de la tribu des Carnutes à Chartres, en avaient une dévotion et lui avaient consacré une grotte sous l’actuelle cathédrale ; ils espéraient une Vierge à l’Enfant. En Bourgogne, à Paray-le-Monial, une statue de la sainte Vierge est sculptée dans une pierre levée par les Celtes afin d’arrêter un feu dévastateur au nom de la Vierge à l’Enfant à venir : Notre Dame de Romay, en contrebas de la basilique romane. Dans le Roussillon, selon une révélation privée, la chaîne des Pyrénées devrait son nom antique à une dévotion à la Jeune Fille dans le Soleil, Pyrenne ou la Fille du Feu du Ciel, cette dévotion viendrait d’une tribu des côtes de la Turquie actuelle et dont les Sordes, qui occupèrent le littoral roussillonnais, en descendraient.


Depuis la chute d’Adam et Eve, une promesse a été donnée par Dieu que l’on désigne par le « Prot-évangile » ; tout au long des siècles et les vicissitudes de l’acte humain, elle n’a cessé de s’établir dans la mémoire de l’homme transportant un espoir, une espérance qu’on osait pas prononcer. Dans le coin le plus sombre de la nature blessée de l’homme, cette espérance inouïe se cachait.

Et voici qu’en ce jour béni, annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament, la Promesse se réalise et c’est d’abord par une Femme, par une Mère...


Dieu a tend aimé les hommes qu’il a voulu se donner, se préparer une mère, une mère qu’il avait présentée à la cour angélique et qui fut alors une pierre d’achoppement pour un grand nombre d’entre eux. Elle le sera pour beaucoup d’hommes et de femmes jusqu’à la consommation des siècles. Car nous le savons tous, l’humilité est un scandale, un scandale d’amour.


Marie, aimée de Joachim et d’Anne ses parents, était le Jardin secret de Dieu qui avait sa complaisance en elle. Et, juste avant que ne se forme le premier génome et que n’entre son âme immaculée, les effets héréditaires du péché originel lui furent arrachés par les mérites anticipés de la Passion de son Fils, ses parents avaient été pré-sanctifiés quoique nés sous la Loi2.


Le ciel lui avait trouvé son « appelant » en la personne de saint Joseph. Il avait dix-huit ans quand Marie naquit, il avait passé son enfance et son adolescence dans les sévices injustes de sa famille, car la voie qu’il choisit était celle que son cœur de juste lui indiquait : un esprit de détachement, être charpentier, ce qui n’allait pas avec le prestige de la maison de son père, selon les révélations faites à la bienheureuse Anne Catherine Emmerich. Il avait passé ses nuits en prière, offert ses souffrances pour la venue du Messie, vivant dans la virginité et dans la pénitence. C’est lui, descendant de David qui permis à ce que Dieu manifeste sa Gloire en la naissance de l’Immaculée. Il faudra attendre douze ou quinze années de plus pour que Joseph reçoive la conservation de l’Immaculée, qu’il la prenne chez lui comme épouse. Ces deux Cœurs purs s’étaient tout donnés à Dieu, rien de ce qu’ils étaient ne leur appartenait plus. Ils étaient à Dieu pour le salut du monde.


Marie, à sa conception, contenait le mystère de l’amour de Dieu, elle était la couverture du Livre à révéler. Elle sera bientôt le Tabernacle vivant du Vivant. Le palais inviolable de la Très Sainte Trinité. Marie était à l’instant de sa conception la Mère à venir des hommes et des femmes sauvés par le baptême. En effet, comme l’enseigne le Père Emile Neubert, lorsque l’on reçoit le sacrement du baptême, on adopte Marie comme mère spirituelle et, elle se laisse adopter.


Dans son fiat à venir, elle sait que son sein de Mère, d’Épouse et de Fille sera au sacrifice pour le salut des hommes qu’elle désire au-delà de toute mesure ; alors oui, dans son fiat c’est le oui de notre Mère d’adoption qui est prononcé pour devenir l’éducatrice de nos cœurs, car sans elle comment pourrions-nous tenir sur le chemin du Christ qui est la seule voie de vie réelle ?


Pour conforter mon propos, laissez-moi vous donner mon témoignage. Du très fond des ténèbres de mes douze ans alors que la vie avait le goût délicieux de la mort et, que je l’appelais ne voyant aucune issue à mon calvaire, je fus poussé à suivre le mois de Marie, le joli mois de mai. Ma mère médusée et mon beau-père figé dans une stupeur vertigineuse, ces bourreaux me laissèrent faire. Quinze ans après alors que je traversais une vie qui n’avait pour moi aucun sens et à laquelle j’avais par deux fois voulu en sortir, car dans les ténèbres l’appel est elles. Quinze ans, jour pour jour, le 17 mai 1977, je répondis à la grâce de conversion qui sera confirmée, consolidé à San Damiano3.

Une Mère inattendue s’offrait de me révéler son amour pour le rejeton que je suis et qui, à cette époque, avait les deux pieds en enfer.

Oui, Marie, dès sa conception dans le sein de sa mère Anne et de par sa naissance était déjà ma mère, la mère de tout baptisé. Et, c’est dans la dévotion populaire que le Ciel renoua les liens contractés à mon baptême, n’avais-je pas fait de Marie, l’Immaculée Conception, ma Mère d’adoption ?


Oui, n’abandonnons pas la dévotion populaire comme le rappellent le Pape François ainsi que ses prédécesseurs, laissons Marie éduquer le cœur de ses enfants, elle les amène toujours à Jésus et à l’amour de l’Église. Bien sûr, la dévotion mariale ne doit pas être un prétexte pour noyer sa vie spirituelle dans un océan infectieux de sensiblerie, se projetant dans une fuite en avant et, derrière laquelle on pense justifier son manque d’effort, de rigueur intérieure. Si Dieu n’est pas bonasse, la Vierge Marie ne l’est pas non plus, ce qu’avait bien compris l’Apôtre de Marie, saint Louis-Marie Grignon de Montfort. Mais gardons-nous de tomber dans une supériorité intellectuelle qui nous amènerait à mépriser l’élan populaire de la dévotion. Que d’âmes sauvées au front de 1914-1918 quand les soldats cloués en terre chantaient ce quantique à Marie et ainsi, reçurent les derniers sacrements, beaucoup d’entre eux n’étaient pas entrés dans une église depuis des décennies. La naïveté, la candeur sont intégrés dans la vie spirituelle du moins en son commencement.

Soyons dans l’Action de Grâce et, consultons-nous pour sonder notre fidélité à cet amour, car n’est-il pas le miroir de ce qu’est celui que nous avons pour Jésus. Pourquoi ne pas renouveler les promesses de notre baptême après la réception du Corps de Notre Dieu, la chair du Vivant ?


Mais soyons en convaincus, la dévotion mariale est une voie de force, de viridité qui demande d’entreprendre la quête de la vérité selon nos possibilités, chacun d’entre les catholiques se doit de s’y engager. Marie n’est pas un sucre d’orge, il ne suffit pas de lui dire qu’on l’aime, il faut le prouver en s’efforçant de faire la volonté de son Fils qui lui nous a enseigné et nous enseigne toujours la volonté de son Père. « Je vous salue Marie, mère de Dieu... »


Marie ouvre sa mission d’apôtre par le Magnificat qui est le seul programme authentiquement révolutionnaire, nous devons le faire nôtre, le laisser prendre corps en nous, nous devons le manducare, le ruminer. Les béatitudes et autres conseils ne sont-ils pas son développement ?

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1- Isaïe 7, 13-16

2- Selon la tradition

3- Lieu d’apparitions mariales non encore reconnu, mais authentique.


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