LA BOURSE DE JUDAS ISCARIOTE
- Pierre Aubrit
- 27 nov. 2019
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LA BOURSE DE JUDAS ISCARIOTE
ESSAI SUR LA CRISE ECONOMIQUE
de
PIERRE-CHARLES AUBRIT SAINT POL
Introduction :
LâĂ©conomie nâest pas une science. Les Ă©tudes qui se rapportent au comportement de lâhomme dont la production fait partie ne peuvent ĂȘtre qualifiĂ©es de scientifiques au sens strict ; ce sont avant tout des observations interprĂ©tĂ©es et recelant des empirismes et des relatifs qui ne se disposent pas Ă prĂ©senter comme certitudes quand bien mĂȘme il sâidentifie des constantes. Ces Ă©tudes concerÂnent le faire (facere) et non le rĂ©el, le créé. LâĂ©conomie est lâobservation et lâĂ©tude de lâhomme dans sa productivitĂ©, dans ses Ă©changes entre la matiĂšre brute, la production dâobjets manufacturĂ©s, lâenrichissement monĂ©taire et sa redistribution.
Il est Ă©tonnant quâelle prĂ©occupe jusquâĂ lâobsession lâensemble des peuples et leurs dirigeants et que les institutions lui soient ordonnĂ©es. Dans sa comprĂ©hension actuelle, il se constate quâelle est liĂ©e et soumise Ă lâargent, le moyen alĂ©atoire qui sanctionne les Ă©changes commerciaux et favorise lâenrichisÂsement personnel dans des proportions illicites et immorales. Elle est une nĂ©cessitĂ© secondaire et servile qui ne devrait pas crĂ©er de liens aliĂ©nants, ce qui exige une distance entre elle et la personne qui malheureusement nâexiste plus, nous nous trouvons dans une configuration dâauto-servitude ; ce que nous tenons, nous tient. Sa position dominante et obsessionnelle est prĂ©occupante, car elle sort de lâutile et du juste et entre dans le pĂ©chĂ©, le mal, car elle nâest plus ordonnĂ©e au bien gĂ©nĂ©ral ni Ă celui de la personne. A cause de ce dĂ©voiement, elle est actrice avec dâautres acteurs des dĂ©sordres moraux, culturels, intellectuels et spirituels voire affectifs. Elle nourrit la dictature des concupiscences dont elle dĂ©pend aujourdâhui bien plus quâavant, elle en est mĂȘme devenue un excitant. Nous nâarrivons plus, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Ă percevoir quâelle sâinsĂšre dans une problĂ©matique plus large, Ă lâintĂ©rieur domine un unique dĂ©bat, que beaucoup voudraient museler : la personne face Ă la conjonction de la libertĂ© et de la vĂ©ritĂ©. Lâhomme, entant acteur et objet de lâApocalypse, lâa introduite dans le combat spirituel et, Dieu lâutilise pour exprimer tout Ă la fois sa Justice et sa MisĂ©ricorde, câest ce que signifie aussi la trahison de Judas Iscariote, la bourse de Judas est selon, la gueule de lâenfer ou la signification de la conquĂȘte du Ciel si elle est fermĂ©e, mais il est indĂ©niable que lâacte de Judas la fait entrer dans le combat final au bout duquel le Fils de lâHomme viendra sur la nuĂ©e lâanĂ©antire. Ne pas admettre lâimplication de lâĂ©conomie et de tout ce qui y affĂšre dans lâĂ©conomie du salut exprime une immaturitĂ© intellectuelle et spirituelle au mieux ou un refus ontologique et mĂ©taphysique de la VĂ©ritĂ© qui est le Christ vrai Homme et vrai Dieu.
LâĂ©conomie est aujourdâhui lâune des armes de destruction massive dans le combat Ă©tique qui est certes relatif puisque lâĂ©thique ou la morale dĂ©pend du facere, de lâacte de lâhomme, elle nâexiste pas en soi, seul lâAmour existe, câest la pierre angulaire de lâenseignement de JĂ©sus. Mais il nâen demeure pas moins quâĂ lâintĂ©rieur de lâacte de lâhomme lâĂ©tique Ă©claire son intention et son acte puisquâelle est indissociable de la Loi Naturelle, ce que Dieu nous rappelle par les Dix Commandements qui nâautorisent pas la libertĂ©, mais en bornent son mouvement par lâinterdit et lâobligation. Elle participe aux harmonies du créé1. Au centre de cette lutte, il y a la justice qui se perçoit Ă deux niveaux : justice divine qui est rĂ©tributive ; la justice humaine qui est rĂ©paratrice, elle sâordonne aux Ă©quilibres relationnels et aux harmonies du créé : champs morphogenĂšses. Il serait une erreur grave que de les opposer ou dâignorer lâune pour lâautre. Lâespoir passe par la justice et ce, depuis le premier embryon dâorganisation de la sociĂ©tĂ©, car sa rĂ©flexion se nourrit, sâalimente dĂšs la conscience de son existence de la Loi Naturelle : « LâĂ©conomie nationale elle aussi, de mĂȘme quâelle est le fruit de lâactivitĂ© dâhommes qui travaillent unis dans la communautĂ© politique, ne tend pas non plus Ă autre chose quâĂ assurer sans interruption les conditions matĂ©rielles dans lesquelles pourra se dĂ©velopper pleinement la vie individuelle des citoyens. LĂ oĂč cela sera obtenu, et de façon durable, un peuple sera, en vĂ©ritĂ©, Ă©conomiquement riche, parce que le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral, et par consĂ©quent le droit personnel de tous Ă lâusage des biens terrestres, se trouve ainsi rĂ©alisĂ© conformĂ©ment au plan voulu par le CrĂ©ateur.2"
LâĂ©tude des Ă©conomies est basĂ©e sur lâobservation des Ă©changes, du faire, entre les individus, entre les peuples et aujourdâhui, entre les Etats qui agissent aux profits du privĂ©, ce nâest pourtant ni leur place, ni leur mission. Un chef dâĂtat nâest pas un VRP, quâil mette son administration pour favoriser les Ă©changes commerciaux, mais pas au-delĂ . Il y a un dĂ©sĂ©quilibre de fait parce quâil est omniprĂ©sent lĂ oĂč il nâest pas lĂ©gitime quâil soit et trop absent lĂ oĂč il devrait ĂȘtre. Cette situation anachronique est source de grandes souffrances, car le politique est infĂ©odĂ© Ă la finance sans quâil ne puisse plus contrĂŽler le marchĂ© et veiller Ă ce que tout sâordonne au Bien de Tous. Les Etats nâont plus la main sur la rĂ©gulation dâune Ă©conomie libĂ©rale qui se doit dâĂȘtre rĂ©gulĂ©e et sont dĂ©pendants et serviles du nĂ©olibĂ©ralisme qui est lâĂ©manation idĂ©ologique des groupes financiers, industriels et commerciaux qui dĂ©tiennent positivement la rĂ©alitĂ© du pouvoir politique.
La distanciation entre le profit et lâexigence du Bien Commun ou gĂ©nĂ©ral et individuel sâaggrave Ă un point tel quâil y a tout Ă craindre non dâune explosion sociale, mais dâune implosion et, ce qui rend ce possible redoutable, inexorable câest que justement, il nây a plus de combat pour la justice qui soit explicitement dĂ©fini par les organismes qui en ont la mission naturelle. Les syndicats sont en faillite : « DâoĂč il suit que la richesse Ă©conomique dâun peuple ne rĂ©sulte pas seulement de lâabondance globale des biens, mais aussi et plus encore de leur distribution effective suivant la justice, en vue dâassurer lâĂ©panouissement personnel des membres de la communautĂ© : car telle est la vĂ©ritable fin de lâĂ©conomie.3»
Le travail :
Le travail est la cause seconde dans lâordre de la nĂ©cessitĂ© relative puisquâil est une pĂ©nitence rĂ©paratrice consĂ©quence du pĂ©chĂ© originel : la racine Ă©tymologique du verbe « travailler » est la mĂȘme que celle du mot « paix » qui est ind.eur. « *pag- ou *pak- » qui signifie enfoncer, fixer, elle a donnĂ© en latin pax qui sâest dĂ©veloppĂ© en pacis qui exprime un Ă©tat de paix par un accord fixĂ©. Lâextension de *pag- ou *pak- a donnĂ© pays terre dessinĂ©e, dĂ©limitĂ©e au moyen de la pelle ou bĂȘche (outils agraires) qui a la mĂȘme racine, qui a donnĂ© Ă©galement en latin tripalium instrument de torture ce qui donna le verbe « travailler » qui a pour sens profond et rĂ©el : tourment, souffrir, se donner de la peine⊠Comme nous le voyons, lâĂ©tymologie plonge dans un savoir intĂ©rieur qui remonte aux premiers Ăąges de lâhumanitĂ©, qui est reliĂ© aux consĂ©quences du pĂ©chĂ© originel. Mais nâoublions pas que la matrice de ce verbe est indĂ©fectiblement liĂ©e au mot « paix, *pag- ou *pak ». Le travail est donc un alliĂ© de la paix et, pour tenir un peuple en paix il faut lui garantir une justice sociale qui sâarticule sur un salaire honnĂȘte et une sĂ©curitĂ© Ă©largie de sa vie dâhomme et de citoyen : rĂ©pondre aux impĂ©ratifs comme se nourrir, se vĂȘtir, sâabriter, sâĂ©duquer, se soigner. Une Ă©vidence apparaĂźt, permettre Ă chacun de vivre dâun travail ce qui est contenu dans la nĂ©cessitĂ© de servir le Bien Commun et celui de la personne. Cette obligation de servir le Bien Commun est le contenu du mandat que le peuple confie Ă ses Ă©lus et au premier dâentre eux le chef dâĂtat ; mais dans lâAncien RĂ©gime ce mandat ne tombait pas dans les urnes, il se trouvait au cĆur de la relation filiale et paternelle du Roi Ă ses sujets faisant partie de la substance du royaume et signifiĂ© par le sacre, lien auquel la rĂ©publique ne peut prĂ©tendre. Il est utile quâils soient rappelĂ©s Ă leurs obligations dâĆuvrer dans ce sens. Il leur incombe de dĂ©velopper une vigilance alertĂ©e sur toutes les problĂ©matiques qui sont inhĂ©rentes Ă lâĂ©conomie et Ă la justice quâils doivent servir. Câest faire acte dâune grande violence que de priver un homme de son travail, câest rĂ©duire sa libertĂ©, sa dignitĂ© en le mettant en dĂ©pendance de la communautĂ©, Ă©preuve qui se fige en un Ă©tat pĂ©renne. Il est impossible pour un gouvernement et parfois un Etat de se maintenir sâil se dĂ©tourne de ces obligations et devoirs, il donne Ă la colĂšre du peuple une lĂ©gitimitĂ© qui va bien au-delĂ de la lĂ©galitĂ©, dĂ©fiant la judiciarisation agressive de la sociĂ©tĂ©, se dĂ©tournant dâune justice protectrice ce que nous dĂ©voilent les rĂ©cents jugements et la violence Ă©tatique contre les manifestations allant jusquâĂ susciter des casseurs.
La domination du pouvoir financier en France se pose depuis la rĂ©volution de 1789, un peu avant lâAngleterre et plus loin lâItalie et lâEmpire Germanique du temps de la Renaissance oĂč les bases du capitalisme avec son corollaire la spĂ©culation ont Ă©tĂ© jetĂ©es par lâorganisation bancaire issue des usuriers, opportunitĂ© saisie par le vide laissĂ© avec lâinjuste disparition des Chevaliers du Temple de JĂ©rusalem qui avaient initiĂ© le cadre des Ă©changes commerciaux et bancaires en mettant en pratique la Doctrine de lâĂglise, ils furent victimes dâun roi qui ne semble pas avoir Ă©tĂ© habitĂ© par lâintelligence du cĆur, mais on ne peut ignorer lâinfluence des rĂ©seaux Ă©bonites de la synagogue du mĂȘme nom bien installĂ©s en Europe Centrale puis Ă©tendus aux villes Etats dâItalie et enfin Ă la City et Ă Amsterdam. La secte Ă©bonite fut fondĂ©e aprĂšs lâexpulsion des Juifs nationalistes de Palestine par lâempereur Adrien, elle nâa que peu avoir avec le Juif religieux. Elle a tournĂ© le dos au DĂ©calogue4.
Si ces facteurs citĂ©s ci-dessus sont Ă lâorigine de lâeffondrement de lâintelliÂgence intĂ©rieure du travail dans nos sociĂ©tĂ©s de progrĂšs, câest Ă cause de la spĂ©culation financiĂšre, de la valeur ajoutĂ©e Ă un produit fini y compris la crĂ©ation artistique. La dictature de la dialectique, qui sâest imposĂ©e Ă partir des philosophes des lumiĂšres, a aggravĂ© les dĂ©sĂ©quilibres et les tensions dâautant plus facilement que depuis lors, les sociĂ©tĂ©s subissent le retrait de leurs points dâĂ©quilibre ainsi que ceux de force, remplacĂ©s par les idĂ©es, les idĂ©aux qui nâont pas de racines objectives avec le rĂ©el puisque la vĂ©ritĂ© est devenue relative, elle nâĂ©claire pas lâacte humain. Câest aussi la raison qui explique pourquoi la philosophie enseignĂ©e est si peu consistante puisquâil est admis quâon ne doit pas enseigner la mĂ©taphysique. Les relations entre le travail qui produit la richesse et les pouvoirs financiers : banques et bourses atteint aujourdâhui un point de rupture qui ne peut que prĂ©cipiter lâĂtat et le peuple dans un dĂ©sarroi gĂ©nĂ©rant une implosion qui ne semble pas ĂȘtre considĂ©rĂ©e par nos dirigeants Ă moins quâils lâattendent pour avoir le prĂ©texte de rĂ©aliser le projet dâun mondialisme politiquement assumĂ© par un gouvernement fĂ©dĂ©ral universel, câest lâordre mondial nouveau annoncĂ© par le prĂ©sident Bush pĂšre Ă Malte lors de sa rencontre avec Gorbatchev dernier prĂ©sident de lâancienne URSS.
Le travail et le travailleur subissent la tension due exclusivement Ă lâenrichissement et aux politiques qui lui sont asservis, oppression exercĂ©e par lâimpĂ©ratif immoral de la rentabilitĂ© qui produit une psychose, source de grandes et sĂ©vĂšres pathologies quâaucun responsable ni intellectuel ne semble oser dĂ©noncer malgrĂ© les suicides au travail et la multiplication et la diversification de nouvelles pathologies. La rentabilitĂ© ordonnĂ©e par les fonds de placements internationaux est une toxine bien plus grave que celle de la drogue qui en est une incidence ainsi que le consumĂ©risme qui est la pire arme de guerre commerciale interne aux peuples. Ni la vie, ni lâhomme ne sauraient ĂȘtre rĂ©duits, ni se rĂ©sumer Ă lâĂ©conomie qui est relative, secondaire. (Ă suivre)
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1-Câest lâun des axes phares du pontificat du Pape François.
2-Pape Pie XII A.A.S.XXXIII, 1941, 200
3-Pape st Jean XXIII, Mater et Magistra
4-De cette synagogue sont issues les familles régnantes des royaumes de la péninsule arabique, la seule qui a la légitimité des lieux saints est la famille régnante de Jordanie.
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