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LA BOURSE DE JUDAS ISCARIOTE














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LA BOURSE DE JUDAS ISCARIOTE


ESSAI SUR LA CRISE ECONOMIQUE


de


PIERRE-CHARLES AUBRIT SAINT POL



Introduction :


L’économie n’est pas une science. Les Ă©tudes qui se rapportent au comportement de l’homme dont la production fait partie ne peuvent ĂȘtre qualifiĂ©es de scientifiques au sens strict ; ce sont avant tout des observations interprĂ©tĂ©es et recelant des empirismes et des relatifs qui ne se disposent pas Ă  prĂ©senter comme certitudes quand bien mĂȘme il s’identifie des constantes. Ces Ă©tudes concer­nent le faire (facere) et non le rĂ©el, le créé. L’économie est l’observation et l’étude de l’homme dans sa productivitĂ©, dans ses Ă©changes entre la matiĂšre brute, la production d’objets manufacturĂ©s, l’enrichissement monĂ©taire et sa redistribution.

Il est Ă©tonnant qu’elle prĂ©occupe jusqu’à l’obsession l’ensemble des peuples et leurs dirigeants et que les institutions lui soient ordonnĂ©es. Dans sa comprĂ©hension actuelle, il se constate qu’elle est liĂ©e et soumise Ă  l’argent, le moyen alĂ©atoire qui sanctionne les Ă©changes commerciaux et favorise l’enrichis­sement personnel dans des proportions illicites et immorales. Elle est une nĂ©cessitĂ© secondaire et servile qui ne devrait pas crĂ©er de liens aliĂ©nants, ce qui exige une distance entre elle et la personne qui malheureusement n’existe plus, nous nous trouvons dans une configuration d’auto-servitude ; ce que nous tenons, nous tient. Sa position dominante et obsessionnelle est prĂ©occupante, car elle sort de l’utile et du juste et entre dans le pĂ©chĂ©, le mal, car elle n’est plus ordonnĂ©e au bien gĂ©nĂ©ral ni Ă  celui de la personne. A cause de ce dĂ©voiement, elle est actrice avec d’autres acteurs des dĂ©sordres moraux, culturels, intellectuels et spirituels voire affectifs. Elle nourrit la dictature des concupiscences dont elle dĂ©pend aujourd’hui bien plus qu’avant, elle en est mĂȘme devenue un excitant. Nous n’arrivons plus, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Ă  percevoir qu’elle s’insĂšre dans une problĂ©matique plus large, Ă  l’intĂ©rieur domine un unique dĂ©bat, que beaucoup voudraient museler : la personne face Ă  la conjonction de la libertĂ© et de la vĂ©ritĂ©. L’homme, entant acteur et objet de l’Apocalypse, l’a introduite dans le combat spirituel et, Dieu l’utilise pour exprimer tout Ă  la fois sa Justice et sa MisĂ©ricorde, c’est ce que signifie aussi la trahison de Judas Iscariote, la bourse de Judas est selon, la gueule de l’enfer ou la signification de la conquĂȘte du Ciel si elle est fermĂ©e, mais il est indĂ©niable que l’acte de Judas la fait entrer dans le combat final au bout duquel le Fils de l’Homme viendra sur la nuĂ©e l’anĂ©antire. Ne pas admettre l’implication de l’économie et de tout ce qui y affĂšre dans l’économie du salut exprime une immaturitĂ© intellectuelle et spirituelle au mieux ou un refus ontologique et mĂ©taphysique de la VĂ©ritĂ© qui est le Christ vrai Homme et vrai Dieu.

L’économie est aujourd’hui l’une des armes de destruction massive dans le combat Ă©tique qui est certes relatif puisque l’éthique ou la morale dĂ©pend du facere, de l’acte de l’homme, elle n’existe pas en soi, seul l’Amour existe, c’est la pierre angulaire de l’enseignement de JĂ©sus. Mais il n’en demeure pas moins qu’à l’intĂ©rieur de l’acte de l’homme l’étique Ă©claire son intention et son acte puisqu’elle est indissociable de la Loi Naturelle, ce que Dieu nous rappelle par les Dix Commandements qui n’autorisent pas la libertĂ©, mais en bornent son mouvement par l’interdit et l’obligation. Elle participe aux harmonies du créé1. Au centre de cette lutte, il y a la justice qui se perçoit Ă  deux niveaux : justice divine qui est rĂ©tributive ; la justice humaine qui est rĂ©paratrice, elle s’ordonne aux Ă©quilibres relationnels et aux harmonies du créé : champs morphogenĂšses. Il serait une erreur grave que de les opposer ou d’ignorer l’une pour l’autre. L’espoir passe par la justice et ce, depuis le premier embryon d’organisation de la sociĂ©tĂ©, car sa rĂ©flexion se nourrit, s’alimente dĂšs la conscience de son existence de la Loi Naturelle : « L’économie nationale elle aussi, de mĂȘme qu’elle est le fruit de l’activitĂ© d’hommes qui travaillent unis dans la communautĂ© politique, ne tend pas non plus Ă  autre chose qu’à assurer sans interruption les conditions matĂ©rielles dans lesquelles pourra se dĂ©velopper pleinement la vie individuelle des citoyens. LĂ  oĂč cela sera obtenu, et de façon durable, un peuple sera, en vĂ©ritĂ©, Ă©conomiquement riche, parce que le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral, et par consĂ©quent le droit personnel de tous Ă  l’usage des biens terrestres, se trouve ainsi rĂ©alisĂ© conformĂ©ment au plan voulu par le CrĂ©ateur.2"

L’étude des Ă©conomies est basĂ©e sur l’observation des Ă©changes, du faire, entre les individus, entre les peuples et aujourd’hui, entre les Etats qui agissent aux profits du privĂ©, ce n’est pourtant ni leur place, ni leur mission. Un chef d’État n’est pas un VRP, qu’il mette son administration pour favoriser les Ă©changes commerciaux, mais pas au-delĂ . Il y a un dĂ©sĂ©quilibre de fait parce qu’il est omniprĂ©sent lĂ  oĂč il n’est pas lĂ©gitime qu’il soit et trop absent lĂ  oĂč il devrait ĂȘtre. Cette situation anachronique est source de grandes souffrances, car le politique est infĂ©odĂ© Ă  la finance sans qu’il ne puisse plus contrĂŽler le marchĂ© et veiller Ă  ce que tout s’ordonne au Bien de Tous. Les Etats n’ont plus la main sur la rĂ©gulation d’une Ă©conomie libĂ©rale qui se doit d’ĂȘtre rĂ©gulĂ©e et sont dĂ©pendants et serviles du nĂ©olibĂ©ralisme qui est l’émanation idĂ©ologique des groupes financiers, industriels et commerciaux qui dĂ©tiennent positivement la rĂ©alitĂ© du pouvoir politique.

La distanciation entre le profit et l’exigence du Bien Commun ou gĂ©nĂ©ral et individuel s’aggrave Ă  un point tel qu’il y a tout Ă  craindre non d’une explosion sociale, mais d’une implosion et, ce qui rend ce possible redoutable, inexorable c’est que justement, il n’y a plus de combat pour la justice qui soit explicitement dĂ©fini par les organismes qui en ont la mission naturelle. Les syndicats sont en faillite : « D’oĂč il suit que la richesse Ă©conomique d’un peuple ne rĂ©sulte pas seulement de l’abondance globale des biens, mais aussi et plus encore de leur distribution effective suivant la justice, en vue d’assurer l’épanouissement personnel des membres de la communautĂ© : car telle est la vĂ©ritable fin de l’économie.3»

Le travail :


Le travail est la cause seconde dans l’ordre de la nĂ©cessitĂ© relative puisqu’il est une pĂ©nitence rĂ©paratrice consĂ©quence du pĂ©chĂ© originel : la racine Ă©tymologique du verbe « travailler » est la mĂȘme que celle du mot « paix » qui est ind.eur. « *pag- ou *pak- » qui signifie enfoncer, fixer, elle a donnĂ© en latin pax qui s’est dĂ©veloppĂ© en pacis qui exprime un Ă©tat de paix par un accord fixĂ©. L’extension de *pag- ou *pak- a donnĂ© pays terre dessinĂ©e, dĂ©limitĂ©e au moyen de la pelle ou bĂȘche (outils agraires) qui a la mĂȘme racine, qui a donnĂ© Ă©galement en latin tripalium instrument de torture ce qui donna le verbe « travailler » qui a pour sens profond et rĂ©el : tourment, souffrir, se donner de la peine
 Comme nous le voyons, l’étymologie plonge dans un savoir intĂ©rieur qui remonte aux premiers Ăąges de l’humanitĂ©, qui est reliĂ© aux consĂ©quences du pĂ©chĂ© originel. Mais n’oublions pas que la matrice de ce verbe est indĂ©fectiblement liĂ©e au mot « paix, *pag- ou *pak ». Le travail est donc un alliĂ© de la paix et, pour tenir un peuple en paix il faut lui garantir une justice sociale qui s’articule sur un salaire honnĂȘte et une sĂ©curitĂ© Ă©largie de sa vie d’homme et de citoyen : rĂ©pondre aux impĂ©ratifs comme se nourrir, se vĂȘtir, s’abriter, s’éduquer, se soigner. Une Ă©vidence apparaĂźt, permettre Ă  chacun de vivre d’un travail ce qui est contenu dans la nĂ©cessitĂ© de servir le Bien Commun et celui de la personne. Cette obligation de servir le Bien Commun est le contenu du mandat que le peuple confie Ă  ses Ă©lus et au premier d’entre eux le chef d’État ; mais dans l’Ancien RĂ©gime ce mandat ne tombait pas dans les urnes, il se trouvait au cƓur de la relation filiale et paternelle du Roi Ă  ses sujets faisant partie de la substance du royaume et signifiĂ© par le sacre, lien auquel la rĂ©publique ne peut prĂ©tendre. Il est utile qu’ils soient rappelĂ©s Ă  leurs obligations d’Ɠuvrer dans ce sens. Il leur incombe de dĂ©velopper une vigilance alertĂ©e sur toutes les problĂ©matiques qui sont inhĂ©rentes Ă  l’économie et Ă  la justice qu’ils doivent servir. C’est faire acte d’une grande violence que de priver un homme de son travail, c’est rĂ©duire sa libertĂ©, sa dignitĂ© en le mettant en dĂ©pendance de la communautĂ©, Ă©preuve qui se fige en un Ă©tat pĂ©renne. Il est impossible pour un gouvernement et parfois un Etat de se maintenir s’il se dĂ©tourne de ces obligations et devoirs, il donne Ă  la colĂšre du peuple une lĂ©gitimitĂ© qui va bien au-delĂ  de la lĂ©galitĂ©, dĂ©fiant la judiciarisation agressive de la sociĂ©tĂ©, se dĂ©tournant d’une justice protectrice ce que nous dĂ©voilent les rĂ©cents jugements et la violence Ă©tatique contre les manifestations allant jusqu’à susciter des casseurs.

La domination du pouvoir financier en France se pose depuis la rĂ©volution de 1789, un peu avant l’Angleterre et plus loin l’Italie et l’Empire Germanique du temps de la Renaissance oĂč les bases du capitalisme avec son corollaire la spĂ©culation ont Ă©tĂ© jetĂ©es par l’organisation bancaire issue des usuriers, opportunitĂ© saisie par le vide laissĂ© avec l’injuste disparition des Chevaliers du Temple de JĂ©rusalem qui avaient initiĂ© le cadre des Ă©changes commerciaux et bancaires en mettant en pratique la Doctrine de l’Église, ils furent victimes d’un roi qui ne semble pas avoir Ă©tĂ© habitĂ© par l’intelligence du cƓur, mais on ne peut ignorer l’influence des rĂ©seaux Ă©bonites de la synagogue du mĂȘme nom bien installĂ©s en Europe Centrale puis Ă©tendus aux villes Etats d’Italie et enfin Ă  la City et Ă  Amsterdam. La secte Ă©bonite fut fondĂ©e aprĂšs l’expulsion des Juifs nationalistes de Palestine par l’empereur Adrien, elle n’a que peu avoir avec le Juif religieux. Elle a tournĂ© le dos au DĂ©calogue4.

Si ces facteurs citĂ©s ci-dessus sont Ă  l’origine de l’effondrement de l’intelli­gence intĂ©rieure du travail dans nos sociĂ©tĂ©s de progrĂšs, c’est Ă  cause de la spĂ©culation financiĂšre, de la valeur ajoutĂ©e Ă  un produit fini y compris la crĂ©ation artistique. La dictature de la dialectique, qui s’est imposĂ©e Ă  partir des philosophes des lumiĂšres, a aggravĂ© les dĂ©sĂ©quilibres et les tensions d’autant plus facilement que depuis lors, les sociĂ©tĂ©s subissent le retrait de leurs points d’équilibre ainsi que ceux de force, remplacĂ©s par les idĂ©es, les idĂ©aux qui n’ont pas de racines objectives avec le rĂ©el puisque la vĂ©ritĂ© est devenue relative, elle n’éclaire pas l’acte humain. C’est aussi la raison qui explique pourquoi la philosophie enseignĂ©e est si peu consistante puisqu’il est admis qu’on ne doit pas enseigner la mĂ©taphysique. Les relations entre le travail qui produit la richesse et les pouvoirs financiers : banques et bourses atteint aujourd’hui un point de rupture qui ne peut que prĂ©cipiter l’État et le peuple dans un dĂ©sarroi gĂ©nĂ©rant une implosion qui ne semble pas ĂȘtre considĂ©rĂ©e par nos dirigeants Ă  moins qu’ils l’attendent pour avoir le prĂ©texte de rĂ©aliser le projet d’un mondialisme politiquement assumĂ© par un gouvernement fĂ©dĂ©ral universel, c’est l’ordre mondial nouveau annoncĂ© par le prĂ©sident Bush pĂšre Ă  Malte lors de sa rencontre avec Gorbatchev dernier prĂ©sident de l’ancienne URSS.

Le travail et le travailleur subissent la tension due exclusivement Ă  l’enrichissement et aux politiques qui lui sont asservis, oppression exercĂ©e par l’impĂ©ratif immoral de la rentabilitĂ© qui produit une psychose, source de grandes et sĂ©vĂšres pathologies qu’aucun responsable ni intellectuel ne semble oser dĂ©noncer malgrĂ© les suicides au travail et la multiplication et la diversification de nouvelles pathologies. La rentabilitĂ© ordonnĂ©e par les fonds de placements internationaux est une toxine bien plus grave que celle de la drogue qui en est une incidence ainsi que le consumĂ©risme qui est la pire arme de guerre commerciale interne aux peuples. Ni la vie, ni l’homme ne sauraient ĂȘtre rĂ©duits, ni se rĂ©sumer Ă  l’économie qui est relative, secondaire. (Ă  suivre)



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1-C’est l’un des axes phares du pontificat du Pape François.

2-Pape Pie XII A.A.S.XXXIII, 1941, 200

3-Pape st Jean XXIII, Mater et Magistra

4-De cette synagogue sont issues les familles régnantes des royaumes de la péninsule arabique, la seule qui a la légitimité des lieux saints est la famille régnante de Jordanie.

 
 
 

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