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IMPLICATION DE L’HOMME dans LA FIN DES TEMPS (suite n°1) P. C. A St Pol et François Quinquin

Dernière mise à jour : 18 oct. 2019



L’HOMME DANS L’HARMONIE DU CRÉÉ :


ACTEUR DE LA RÉDEMPTION (1er partie)



Il n’y a qu’un seul drame véritable, une réalité surnaturelle et naturelle. Il est ontologique : l’ange et l’homme face à la liberté, la matrice de tous les autres et, le débat à son sujet perdurera jusqu’à la consommation des siècles. La liberté n’est pas de l’ordre du créé et, son concept vient de l’idée, de l’idéal, une distorsion contrainte d’une réalité supérieure. Dieu seul est libre. Il est dans la permanence du don, l’Acte Pur. Si la liberté n’a pas d’existence propre parce que l’acte libre la produit et, c’est lui dont il est question. Il relève de la mémoire ontologique, des intellect et spirituel agents. L’acte libre procède de la Memoria dei ou mémoire ontologique qui est l’Un. C’est l’unité du don qui procède de celle des Puissances qui, quoique distinctes sont, en Acte Premier dans l’unité de la mémoire ontologique pour les agents intellect et spirituel, alors que la Memoria dei est en acte second, c’est-à-dire agissante.

Il importe de rejeter les idéologies qui s’articulent et s’élèvent sur une vérité fausse consistant à amener la confusion entre l’Acte Libre et les champs de liberté ; l’homme se dresse contre le vouloir divin, c’est le consumérisme de la liberté sans la vérité, le refus du don, de soi à Dieu et au prochain, ce qui revient à une non-liberté. C’est le péché originel.


Le pécheur oppose sa volonté à celle de Dieu, mais pas à la vertu en soi même s’il en bafoue une précise, car c’est d’abord à la foi qu’il s’en prend. Il la rejette. Si Adam et Eve péchèrent, c’est qu’ils cessèrent de croire en la parole divine : « C’est assurément ce qui ressort de la description imagée du premier péché qui nous ait faite au ch.3 de la Genèse : l’homme pèche en refusant de croire à la parole divine et en lui préférant une apparence sensible qui sollicite sa sensualité égoïste.1» Des athées peuvent être très vertueux, il n’en demeure pas moins qu’ils risquent de perdre leur salut par leur refus de croire en Dieu, une faute contre l’esprit dont la nature est celle de l’orgueil dans un déploiement de puissance extrême. Croire en Dieu ou aux dieux est une disposition cohérente avec la nature de l’homme puisqu’il est ordonné à la vérité qui l’attire et, que le fait de rendre grâce, même si l’objet est erroné, est lié à son existence, à son être. Son attitude est vraie, juste. L’incroyance est une aberration. Il vaut mieux un pécheur croyant qu’un athée vertueux.

Le péché a besoin de la volonté, soit elle se retire devant la tentation, la faute est consommée, soit elle s’impose, on en est victorieux. La volonté de commettre un acte mauvais, injuste relève de la non-liberté, la liberté se réduit alors que pour le victorieux elle s’affirme dans l’amour du bien, dans l’amour de Dieu et du prochain et l’amour de soi, car si on aime Dieu et son prochain comme soi-même alors on s’aime soi selon la volonté de Dieu. Le dégoût de soi vient du péché et parfois directement du démon surtout si le sujet ne s’en repend pas et, qu’il considère que sa faute est au dessus de la Miséricorde.


Peut-on dire que le péché fait l’histoire ? Sans doute, comme effet second de la volonté, mais en tant que tel, il ne l’écrit pas, seul l’acte libre l’écrit. Il n’y a pas d’autre drame pour l’homme qu’il doive assumer en présence de Dieu et, au cœur de la création, puisque ses pensées et ses actes ont une résonance si puissante qu’elles influent tous les hommes de la surface de la terre et tout l’univers. L’acte libre procède de l’unité de la personne, Memoria dei, cette intègre celle de la création.

Choisir entre Dieu et soi, c’est répondre inlassablement à cette question shakespearienne : « Etre ou ne pas être ? » Etre accolé à la Divine Volonté ou s’y refuser ? Etre dans le don ou en sortir ? On ne peut être que si notre volonté recherche l’union au Créateur, Cause Première, si on a pas cette volonté, on se retire de l’intention de Dieu, on s’efface et on devient ce que l’on a refusé de contempler. A trop voir le mal, le péché, on ne voit plus le bien Souverain qui est Dieu. On cesse de contempler et on perd l’exercice de l’acte libre.

La grandeur de l’homme affleure la surface d’un abîme par où se laisse rejoindre Dieu : « ...il prit la condition humaine. »


La question qui se pose au sujet de la liberté est de savoir de comment procède l’acte libre ? comme induit-il la liberté ? pourquoi est-elle un enjeu voir un appât mondain et surnaturel ?


D’où procède l’acte libre et qu’en faisons-nous ?


On craint de répondre à une telle question :

- Est-il fondé que l’homme la pose puisqu’il s’agit de sa liberté ?

- Jésus-Christ n’est-il le seul légitime à nous interroger à son sujet ? "la vérité vous rendra libre". Mais être libre de quoi ?

- Notre liberté fait-elle partie de notre ressemblance avec Dieu ?

- Poser cette question n’est-ce pas reconnaître souffrir d’un manque, d’une rupture ? n’est-ce pas faire mémoire d’une catastrophe métaphysique, surnaturelle ?

- Mais ne pas la poser, ne serait-il pas un renoncement à être ? Un refus à s’investir totalement dans l’existence jusqu’à l’oubli de soi ?

- Être libre, c’est être conscient d’une grandeur, d’une dignité, mais d’où procèdent-elles ?

- Grandeur, dignité ne sont-elles pas des fruits d’un regard de qualité, celui de Dieu, Cause Première ?


La grandeur, la dignité procèdent du regard de Dieu, qui nous les révèle de l’intérieur de nous-mêmes. Mais pouvons-nous les regarder en nous et rester dans sa grâce ? pourquoi réclamer ce que nous possédons ? peut-être que nous ne savons plus le voir dans le prochain, que nous refusons l’oubli de soi ? n’est-ce pas ici aussi le sentiment diffus d’un manque et la peur ontologique de ne plus être reconnu ? être en mal de reconnaissance. Est-on prêt à payer le juste prix de cette reconnaissance ? prendre le risque de bouleverser notre vie de pépère, nos certitudes confortables ? Non, nous ne voulons pas savoir ; alors ne la réclamons pas pour nous, leur schéma nous a été exposé par le Christ sur la croix du supplice, précédé de l’agonie ? Le chemin pour l’accomplir s’appelle Béatitudes, Magnificat… Rien de ce qui touche à l’être ne s’achète ! A la question posée à André Malraux : Irez-vous au Mont des Oliviers, il répondit « non ». Mais à quel moment la vérité nous libère-t-elle ?

Qu’est-il Adonaï, le Seigneur des Armées, pour trouver sa complaisance dans une poignée d’hommes qui lapent l’eau alors qu’ils devraient la boire de leurs mains ou dans un gobelet2 ? ces soldats ne sont-ils pas descendus jusque l’animal ? objectivement, c’est bien cela : ils n’ont pas gardé leur dignité, leur grandeur. Mais est-on certains qu’ils l’ont oubliée ?

Certes, ils ne les ont pas conservées par de vers eux, car le Seigneur des armées était sur Gédéon, son bras, celui de leur juge et le leur ne faisaient qu’un avec leur chef. Mais quoi ! La grandeur, la dignité, pour l’ami de Dieu, ne peut être en soi, mais dans l’autre. On n’est jamais aussi grand et digne qu’en les reconnaissant chez l’autre, le prochain.


La conception du monde sur la grandeur et la dignité de l’homme est un enfumage d’autant que la personne se dissout dans le magma pervers du néo-libéralisme. Les politiques, les économies libérales et certains régimes dictatoriaux sont, de ce point de vue des prédateurs de l’homme. Ces concepts font l’objet d’une manipulation sémantique réellement diabolique, elles sèment la division, nourrissent les conflits, opposent la personne à elle-même, nous obligent à passer par les fourches caudines de la dialectique. Est-il encore possible de penser par soi ? Mais le berger, au coucher du soleil, tournant le dos à la cité, pense à la mesure du ciel étoilé, que sa liberté peut-être bien l’aliment de sa grandeur ? Il dormira en juste. Le fidèle, dans sa prière du soir, s’adressant à l’Immaculée Conception, la maman des larmes et du sourire, entendra un étrange murmure : « La Sagesse de Dieu est folie pour l’homme. » Soyons fous !


Le débat :


La liberté fait débat depuis la création des anges. Il est hors du temps, de l’espace, il investit tous les siècles. Adam et Eve l’ont rendu obsessionnel et, nous en développons une névrose. Il est faussé par l’humanisme de la Renaissance, infesté par les philosophes des Lumières et piégé par un Descartes en souffrance de doute (on avait pas d’aspirine), accouchant d’un relativisme aussi dévastateur qu’un tyrannosaure dont il paraît que le mot « relativisme » fût écrit avec une goutte de son sang blanc… Aller savoir où se cache la sagesse du penseur ? Les ânes n’en sont pas encore remis. A La Haye-Descartes, ils ont rasé le peu de vallonnement subsistant, le roseau et le chêne ne se parlent plus que la nuit et à l’aveugle.

Ce débat est la source d’incompréhensions, de tensions et de violences qui mena au rejet de Dieu, il est l’enjeu tragique pour les peuples à cause des puissants de la terre qui, du fait de leur asservissement au mal, ouvrent des accès aux puissances d’en bas en vue d’atteindre au plus près les possibles pour éloigner la personne, les peuples et nations du salut, effacer la mémoire de Dieu. C’est l’une des intentions cachées du mondialisme qui fort heureusement semble s’effondrer en lui-même, c’est aussi celui des sociétés occultes antichrétiennes.

La liberté est devenue une justification pour les intelligences fatiguées d’espérer, d’aimer, de sourire à son prochain, mais elle n’a pas d’existence en soi, elle n’est pas de l’ordre du créé. Cessons d’en parler comme d’une chose même si elle est installée dans le langage courant. On l’a murmurée à la Renaissance, bavardée dans les salons de nos philosophes du XVIIIème siècle et proclamée, réclamée, ensanglantée dans nos révolutions… Liberté, liberté chérie !… Et, les ânes commencèrent à mourir d’un fou-rire. La liberté est une distorsion de la lumière de l’acte libre, elle est en ce sens un inné.

Elle est une cause seconde de l’acte libre et plénière au moment de la création de l’âme. L’âme est créée dans la Procession de Lumière du Père éternel dans le même moment de la création du génome, elle est immédiatement contemplative dans sa Mémoire, elle voit Dieu dans son Acte Pur. Elle subit passivement tout de suite la charge du péché originel et, c’est à cet instant qu’elle fait le choix de sa voie : être unie à Dieu, faire sa volonté ou s’en détourner. Elle en décide dans une totale liberté et lumière, unie au génome – cellule totipotente – il contient tout de l’homme à naître, il est en voie d’accomplissement dès cet instant. Elle en décide librement quand bien même n’en connaît-elle ni appréhension, ni compréhension, mais le petit-homme en a été touché et par son âme a pu pénétrer dans la mémoire, dans le principe de son unité, l’Un.

La transmission héréditaire des effets du péché originel s’effectue par la génération spirituelle et biologique, ils commencent dès le choix du sujet, car en effet, les mouvements décrits ci-dessus sont extrêmement rapides puisque très vite l’unité génétique se brise dès le développement cellulaire pour former l’embryon. Cette multiplication des cellules entraîne l’efface­ment du souvenir de la Présence de Dieu le Père dans sa Procession de Lumière de sa Paternité Incréée, le petit-homme est alors confronté à une nuit de l’esprit qu’il revivra peut-être dans son agonie assumée par Jésus-Christ au Mont des Oliviers.

Le Pape saint Jean-Paul II le grand l’a enseigné infailliblement reprenant ce qu’en avait enseigné tout aussi infailliblement son prédécesseur le Pape Pie XII3 : « […] En effet, l’approfondissement anthropologique porte à reconnaître que, en vertu de l’unité substantielle du corps et de l’esprit, le génome humain n’a pas seulement une signification biologique ; il est porteur d’une dignité anthropologique, qui a son fondement dans l’âme spirituelle qui l’envahit et le vivifie4. [...] » L’âme reçoit dès sa création trois Puissances, chacune d’entre elles est la qualité qui découle de la Procession de Lumière de chaque Personne de la Sainte Trinité. Elles font que l’âme humaine soit une âme spirituelle sans elles, elle serait sensitive à l’égal des animaux5 : la Memoria dei, l’intellect agent, le spirituel agent. Chacune d’elles a des possibles qui les mettent en œuvre, en mouvement avant que n’agissent les effets des conséquences héréditaires du péché originel6.


La Procession de Lumière du Père éternel, à l’instant de la création du génome et de l’âme, se déploie, la nouvelle personne (le petit-homme en voie d’accom­plissement) est alors, dans la lumière sans ombre de l’amour divin, de la vérité divine, de la mémoire divine et, à cause de cette situation et de l’état de grâce immaculé de l’âme, la personne use de sa volonté et de sa capacité intellective7 totalement libres, c’est en s’appuyant sur la Memoria dei, mémoire immédiate de la Présence du Père éternel, que le sujet peut faire l’exercice de la volonté et décide, à cet instant même, de sa relation personnelle avec son Créateur8. Il fait le choix de sa destiné dans une clarté et une liberté absolues, certes il s’agit de la volonté, mais il semblerait qu’il s’agisse aussi d’un glissement, une inclinaison plus passive que volontaire comme si la volonté se retirait, ceci est vrai pour l’éloignement de Dieu, mais, au sens contraire, il s’agit d’un acte de volonté ferme. C’est ce que l’on peut considérer comme le premier acte d’existence, car il effleure Dieu par la Memoria dei et de ce fait il a pleinement conscience de son être. C’est pourquoi l’animation immédiate est la seule possibilité, l’âme est créée dès la formation du premier génome. L’acte libre que pose la personne alors que son cerveau n’est pas encore formé se fait à la fine pointe de l’âme9 qui est immaculée à sa création, car il n’y a pas de cause diminuante en Dieu. C’est à partir du don des trois Puissances et, de la première d’entre elles qui est en acte second, la Memoria dei, que le péché originel se glisse puisque le génome est dans son unité génétique et spirituel, il n’y a pas encore la multiplication cellulaire en vue de former l’embryon. Le glissement du péché, à partir de la mémoire ontologique, s’explique parce qu’il s’agit d’un péché spirituel, contre l’esprit, c’est la première grande transgression ; il y a deux voies pour la propagation du péché originel dans ses conséquences : la génération spirituelle et la génération génétique. Cette propagation ne peut se produire que lorsque le génome est encore dans son unité juste avant la multiplication des cellules pour la formation de l’embryon.

Les trois Puissances communient entre elles, mais elles sont distinctes dans leur qualité et fonction. L’handicape mental porte sur l’organe du cerveau ou sur l’ADN jamais sur l’âme ou sur une Puissance, son action agit sur les possibles. L’handicapé possède la même capacité originelle de liberté même s’il ne peut l’utiliser dans la pratique, sa dignité ontologique n’est pas atteinte. Il est un homme et doit être reconnu par les siens comme membre à par entière.

La liberté exercée dans la vie quotidienne demande la mémoire miséricordieuse, le savoir vrai et la volonté d’amour soit : l’intention, la forme de l’objet et la finalité de l’acte. C’est sur la volonté qu’agissent essentiellement les conséquences héréditaires du péché originel à partir de la multiplication cellulaire10, l’embryon. La Présence du Père éternel est oubliée, effacée tandis que l’homme se développe.

Le sacrement du baptême délivre du joug de Lucifer tous les possibles et, par la voie de l’oraison, il peut remonter jusqu’à l’instant de la création de l’âme, la mémoire ontologique ou Memoria dei. Cette liberté retrouvée restera fragile, car il y a combat jusqu’à ce que le Corps Spirituel soit totalement déployé et que le sujet réalise la vie d’union au Christ qui dépend d’un abandon total, radical de sa liberté dans les mains bénites de Jésus-Christ ce qui induit le don total de soi et de tout ce que l’on possède, c’est seulement alors qu’on laisse entrer en nous la Divine Volonté selon les paroles de la Vierge Marie : « Je suis la servante du Seigneur ». Il faut entrer dans le FIAT de Marie pour rejoindre Jésus. Marie est le don de Dieu qui se redonne à Dieu jusqu’au bout, l’ultime au pied de la croix.


L’animation – création de l’âme au premier génome :


Nous proposons ici, non pas une démonstration philosophique de l’animation immédiate, mais un topique, c’est-à-dire un ensemble de postulats qui permettent d’accréditer telle affirmation en attendant une démonstration définitive qui, pour ce sujet-ci, sauf découverte scientifique incontournable, ne pourra pas avoir lieu qu’après des avancées philosophiques, théologiques et scientifiques. Nous pensons, en tant que catholiques que la proclamation du dogme de Marie Co-rédemptrice ouvrira la plénitude de la fécondité de Marie Mère et Reine, par le don de son immaculée conception qui nous touchera depuis la racine de son être, jusqu’à la racine de notre être. Elle sera la source avec saint Joseph du retour de la France à son baptême.


« […] Créateur de l’Être premier. c’est une grande montée verticale. Je découvre qu’il y en moi quelque chose de divin qui nous console de ne pas être des génies –, mais une « étincelle du divin », de spirituel, qui nous apparente directement à Dieu.

Mais quand cette âme a-t-elle été créée par Dieu en nous? Extrêmement intéressante et brûlante, aujourd’hui cette question : elle est posée d’une manière très forte avec la question des manipulations génétiques et de l’avortement. Jusqu’où le philosophe peut-il éclairer ces soubassements,cette vie souterraine que nous avons tous eue, et dont normalement nous ne nous souvenons pas beaucoup ? Donc peut-on philosophiquement préciser à quel moment l’âme humaine, est créée par Dieu, est créée dans le corps humain, dans le fœtus ?

Aujourd’hui nous pouvons aller beaucoup plus loin que ce que disaient les Anciens, à cause des découvertes génétiques. Quand on dit que le « chiffre biologique » de l’homme est donné dès le premier moment de la conception, cela intéresse beaucoup de philosophes. C’est extraordi­nairement intéressant, parce que cela prouve qu’un vivant autre est présent. Le vivant a son chiffre biologique propre. Or, si l’âme informe le corps, c’est elle qui donne au corps son chiffre biologique. Pour mieux comprendre prenons l’hypothèse de saint Thomas « d’Aquin ». C’est respectable et cela reste intelligent. Il dit que l’âme spirituelle est créée par Dieu lorsque le corps est suffisamment formé ; mais alors il y a nécessairement un passage d’une disposition – d’une vertu instrumentale dispositive qui vient des parents, comme pour l’animal – à la forme substantielle. Ce n’est pas bête, mais inadmissible si l’on considère les découvertes biologiques d’aujourd’hui. Si les premiers moments étaient uniquement de l’ordre de la disposition le passage à la forme substantielle, lors de la création de l’âme spirituelle, impliquerait un changement total – au niveau philosophique, je ne peux pas dire qu’il y a continuité entre la disposition et la forme substantielle. Donc le chiffre biologique ne serait donné qu’à ce moment-là. L’âme informe le corps ; si l’âme spirituelle était créée après un certain temps, tout le corps de l’homme, dans tout ce qu’il est, dans toute sa sensibilité, serait transformé par l’âme. Donc nécessairement, le chiffre biologique ne pourrait plus être le même. Je livre cela à votre réflexion. » (Texte extrait des Cahiers de l’UISH années 85/90 – Conversation sur l’Homme comme vivant. Enseignement donné par le Père Marie-Dominique Philippe qui très rapidement versera dans l’inversion métaphysique et soutiendra le contraire pour la plus grande souffrance de l’Église et l’humanité.)


C’est sur la base de ce texte que nous montons notre topique.


a) La pensée de Dieu est Acte Pur.

Il n’est pas erroné de croire qu’Adam et Eve furent créés adultes et donc avec une âme spirituelle créée et introduite à l’instant où le corps était dans son unité biologique. Il n’y a pas eu de temps de latence entre le corps biologique constitué dans son unité et la création de l’âme spirituelle. Dieu étant le EST, le JE SUIS et, n’ayant pas de cause ni d’origine extérieure à Lui, il est donc raisonnable d’affirmer que l’homme étant fait à son image, la création de son âme spirituelle fut immédiate dès la formation de son unité biologique considérant que le Créateur est un pur Esprit : « Yahweh Dieu forma l’homme de la poussière du sol, et il souffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. 11» et « Et Dieu créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu : il les créa mâle et femelle. 12»


Mais, il est tout à fait possible, selon la science génétique, que Dieu soit intervenu sur l’ADN d’un hominidé, à la formation d’un génome, de telle manière qu’il y ait un nouvel Acte créateur, ce qui n’est pas invraisemblable puisque on découvre des similitudes génétiques (nombre de chromosomes) avec l’ordre animal sans pour autant trouver le lien génétique entre une espèce et l’autre, le fameux maillon, prouvant une évolution qui n’est plus dans les options actuelles des sciences génétiques telles que la théorie de Darwin. Les découvertes semblent s’orienter vers une évolution par « strates génétiques interrompues » sollicitant pour chaque interruption une intervention extérieure pour arriver jusqu’à l’homme. Cette théorie n’est pas opposable à la Révélation chrétienne dans le domaine de la foi ni dans le domaine de la philosophie. Elle a le mérite de coller à l’observation scientifique du génome reconnu comme contenant l’intégralité des informations en vue de la formation du corps, il est donc tout à fait possible que Dieu après avoir modifié l’ADN et créé le génome d’un hominidé est créé l’âme spirituelle pour constituer le chiffre biologique de l’homme dont parle le Père Marie-Dominique Philippe. Ici nous exposons deux théories admissibles du point de vue de la vérité objective sans aucun parti pris idéologique ni confessionnel sachant que dans les deux propositions Dieu reste le Créateur.


b) Annonciation – Incarnation : « ...qu’il me soit fait selon ta parole. »

A l’annonce de l’archange Gabriel, la Vierge Marie accepte la volonté divine et, à l’instant même de son FIAT la Sainte Trinité ombre Marie qui fut fécondée (son ovule) par le Saint-Esprit. Peut-on supposer que l’humanité de Jésus n’eût pas reçue en un instantané, dès la création du génome, son âme spirituelle et l’Incarnation du Verbe sachant que la Parole de Dieu est Acte Pur comme sa Pensée ? Pourquoi ce qui s’est produit pour l’humanité de Jésus – animation immédiate13 – ne se produirait pas pour l’homme qui est créé à l’image de Dieu ? L’argument de la Conception virginale de l’humanité de Jésus comme point d’opposition à l’animation immédiate ne tient pas, car son humanité est également faite à l’image de Dieu.


c) Le Pape François a réaffirmé lors de la mise en place de la synodalité que le Peuple de Dieu avait le sens de la foi et participait à l’infaillibilité de l’Église14. Dans sa majorité écrasante, les fidèles catholiques admettent que l’animation est immédiate à la conception. Ils ont là une inspiration de l’Esprit Saint et de la Tradition qu’ils intègrent dans leur foi. Certes, si de ce point de vue, on ne peut parler de science physique de la vie ni de démonstration philosophique, on ne peut pour autant ignorer ce sens intuitif de la vie et inspiré de la foi.


d) En nous appuyant sur ce passage du Père Marie-Dominique Philippe : « Le vivant a son chiffre biologique propre. Or, si l’âme informe le corps, c’est elle qui donne au corps son chiffre biologique. » (voir supra)

Nous savons qu’à l’instant où les deux ADN des géniteurs, père et mère, fusionnent, il se constitue ce que d’aucun désigne unanimement par le nom de « GÉNOME ». Le génome est une unité biologique, un « Un » naturel qui contient toutes les informations du corps qui dès lors est en voie d’accomplissement, dès l’instant où il reçoit l’âme spirituelle qui donne le chiffre biologique de la personne qui est plénière et se met en marche pour s’accomplir. Nous sommes dès l’instant du génome devant une personne, non pas potentielle, mais réelle et plénière dans sa dignité ontologique. Si le génome créé ne reçoit pas l’âme spirituelle à l’instant de sa création rendue possible par la présence des deux ADN des géniteurs, les parents – Père et Mère – qui fusionneront par l’Acte Créateur de Dieu le Père, il ne peut alors en aucune manière vivre puisqu’il ne reçoit pas selon : la forme ni le mouvement que seule confère l’âme à tout vivant qu’il s’agisse d’un ver de terre ou d’un petit d’homme. Nous avons vu supra que la dignité de l’âme spirituelle procède de Dieu Créateur, mais que ce qui en fait son caractère spirituel vient du don des trois Puissances.

Aussi, il apparaît bien logique d’affirmer que l’animation ne peut être qu’immédiate à l’instantané de la création du génome avant que celui-ci ne se divise pour former l’embryon par la multiplication des cellules.


e) Nous ne pouvons pas terminer ce topique sans nous référer à l’autorité du Magistère qui est infaillible non seulement par des proclamations dogmatiques ex-cathedra, mais également infaillible dans le Magistère ordinaire. Principe d’autorité :

- « Tout cela semble dit de façon très habile, mais tout cela est faux en réalité. Car s’il est exact que, en général, les Pontifes laissent la liberté aux théologiens dans les matières où les docteurs du meilleur renom professent des opinions différentes, l’histoire pourtant nous apprend que bien des choses laissées d’abord à la libre discussion ne peuvent plus dans la suite souffrir aucune discussion. Et que l’on doit pas penser que ce qui est proposé dans les lettres Encycliques n’exigent pas de soi l’assentiment, sous le prétexte que les Papes n’y exerceraient pas le pouvoir suprême de leur magistère. C’est bien, en effet, du magistère ordinaire que relève cet enseignement et pour ce magistère vaut aussi la parole : « Qui vous écoute, m’écoute... », et le plus souvent ce qui est proposé et imposé dans les Encycliques appartient depuis longtemps d’ailleurs à la doctrine catholique. Que si dans leurs Actes, les souverains Pontifes portent à dessein un jugement sur une question jusqu’alors disputée, il apparaît donc à tous que, conformément à l’esprit et à la volonté de ces mêmes Pontifes, cette question ne peut plus être tenue pour une question libre entre théologiens. Il est vrai encore que les théologiens doivent toujours remonter à la source de la Révélation divine ; car il leur appartient de montrer de quelle manière ce qui est enseigné par le magistère vivant « est explicitement ou implicitement trouvé dans la Sainte Écriture et la divine « tradition ». […] « C’est pourquoi le magistère de l’Église n’interdit pas que la doctrine de l’ « évolution », dans la mesure où elle recherche l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante « car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu – soit l’objet, dans l’état actuel des sciences et de la théologie d’enquêtes et de débats entre les savants de l’un et l’autre partis ; il faut pourtant que les raisons de chaque opinion, celle des partisans comme celles des adversaires, soient pesées et jugées avec sérieux, la modération et la retenue qui s’imposent, à cette condition que tous soient prêts à se soumettre au jugement de l’Église à qui mandat a été confié par le christ d’interpréter avec autorité les Saintes Écritures et de protéger les dogmes de la foi. » Pie XII, Humani Generis, Encyclique le, 12 août 1950


Dans cette Encyclique nous reprenons ce passage : « car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu... » Ce passage explicite fait autorité et ne permet pas de remettre en cause l’affirmation et l’ordre de croire que l’animation se produit immédiatement à la conception ; toute remise en cause de cette affirmation s’oppose à l’autorité du magistère ordinaire qui est infaillible puisqu’il découle d ela Révélation, de la Tradition qui forgent le dogme quand bien même ce point précis n’est pas encore proclamé en dogme ex-cathedra.


- « Le génome apparaît comme l’élément structurant et constructif du corps en ses caractéristiques tant individuelles qu’héréditaires : il marque et conditionne l’appartenance à l’espèce humaine, le lien héréditaire et les notes biologiques et somatiques de l’individualité. Son influence dans la structure de l’être corporel est déterminante dès le premier instant de la conception jusqu’à la mort naturelle. C’est sur la base de cette vérité intérieure du génome, déjà présent au moment de la procréation où les patrimoines génétiques du père et de la mère s’unissent, que l’Église s’est donné pour tâche de défendre la dignité humaine de tout individu dès le premier instant où il surgit.

En effet, l’approfondissement anthropologique porte à reconnaître que, en vertu de l’unité substantielle du corps et de l’esprit, le génome humain n’a pas seulement une signification biologique ; il est porteur d’une dignité anthropologique, qui a son fondement dans l’âme spirituelle qui l’envahit et le vivifie. » (Extrait du discours du Pape saint Jean-Paul II le grand, le 24 février 1998, lors de l’Assemblée Générale de l’Académie pontificale pour la vie, paru dans la D.C. du 8 avril 1998 n°2179)

Le saint Pape reprend en l’explicitant, au vu des progrès des sciences génétiques, l’enseignement du Pape Pie XII, aussi son discours fait-il partie de facto du magistère ordinaire puisqu’il se rattache à l’Encyclique Humani Generis qui, comme toute Encyclique intègre le corps du magistère infaillible, la Doctrine. Nous devons croire que l’animation, la création de l’âme spirituelle, est immédiate dès la constitution du génome juste avant qu’il ne déploie la division et multiplication cellulaire en vue de former l’embryon.


Le génome est donc la Chambre Secrète et Sacrée de la vie, là où Dieu le Père se rend Présent en Personne dans sa Procession de Lumière de sa Paternité Incréée. Ce lieu fut imagé et enseigné par le lieu bénit du Temple de Jérusalem – le Saint des saints – sa signification sacrée est donc intégrée aux Saintes Écritures, cette chambre de vie ne devrait pas être violée, profanée ni l’interdit transgressé.


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1- Dict. Théologique, Louis Bouyer, prêtre.

2Livre des Juges : Gédéon. 7,4-8

3- Humani Generis – une encyclique est infaillible, elle fait partie du corps du Magistère et a autorité sur toute la catholicité, s’y soustraire c’est sortir de l’Église : une dissidence qui vaut excommunication immédiate.

4- D. C. du 8/04/1998 n°2179 saint Jean-Paul II le grand (dis. Pron. Le 24/02/1998

5- Tout vivant a une âme : le végétal : âme végétative ; l’anima : âme sensitive ; l’homme : âme spirituelle.

6- Question ouverte

7- Faculté de concevoir

8- Question ouverte

9- Cette hypothèse a été posée et partiellement démontrée par le Père Patrick de Vergeron et toute une équipe qui élaborèrent un topique sur la mémoire ontolo­gique, ce travail non achevé s’inscrit dans un renouveau de la philosophie thomiste qui devrait avoir des prolongements dans une Église et une civilisation restaurées s’appuyant sur la philosophie du réel autant que spéculative et contemplative. Ce topique est une somme de travaux colossaux qui tend à corriger l’erreur admise de st Thomas d’Aquin sur la mémoire et les errances dramatiques du Père Marie-Dominique Philippe. On ne peut que saluer, sur ce vaste sujet, la pertinence des travaux du Père Patrick de Vergeron. Elle repose également sur des témoignages de mystiques non-chrétiens qui, par des moyens illicites, ont pu rejoindre leur mémoire ontologique comme Krishnamurti et sa compagne appelée la Mère.

10- Question ouverte, mais piste très sérieuse de réflexion.

11- Gn. 2, 7

12- Gn. 1, 27a

13- Ce terme désigne pas seulement le temps, mais précise que la création du génome et de l’âme est simultanée et sans intermédiaire : Dieu le Père crée le génome et l’âme de son Acte Pur.

14- Un rappel bien venu, puisqu’il remet le peuple de Dieu et la hiérarchie ordonnée à leur place réaffirmant implicitement les droit de chacun dont, pour le peuple de Dieu, celui de reprendre l’un des membres de cette hiérarchie s’il distingue une erreur de foi, de doctrine ou de discipline. Les évêques ne pouvant plus se réfugier derrière le Siège de Pierre pour justifier des décisions qui s’éloigneraient du Magistère ni orientations explicites du successeur de Pierre.


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i- Les Puissances :

Il s’agit pour nous de démontrer le rôle des Puissances quant à la liberté, surtout celle de la Memoria dei qui, depuis saint Thomas d’Aquin, est la source d’une controverse qui aura permis d’affaiblir les résistances des catholiques face à la Loi de bioéthique.

Saint Thomas d’Aquin, aux sujets des trois Puissances, proposa que la Memoria dei, qui est la première d’entre elles, soit en dépendance de l’intellect agent : « Il n’y a donc pas d’autres différences à introduire dans l’intelligence que celles de l’intellect possible et de l’intellect agent. La mémoire n’est donc pas une puissance distincte de l’intelligence ; car il appartient à la même faculté de conserver comme de recevoir. » (S. Th. St Thomas d’Aq. v.1 Q. 79 rép.)

Saint Thomas s’appuie hâtivement sur le fait qu’il y a plusieurs modes de mémoires, mais là où il commet une autre erreur c’est dans sa solution n°1, il s’appuie sur saint Augustin pour affirmer sa position or, en début de la question dans les objections n°1 il le site en ces termes : « Il semble que la mémoire est une puissance autre que l’intelligence. Car saint Augustin met dans l’âme : mémoire, intelligence et volonté. Il est clair que la mémoire se distingue de la volonté et aussi de l’intelligence. »

La Memoria dei distincte des deux autres Puissances :

1- Nous savons que Dieu, l’Un est le principe de la diversité de la création, nous savons également que ce principe de diversité s’inspire sur la communion des trois Personnes de la Sainte Trinité. L’Église nous enseigne infailliblement qu’il y a un seul Principe, une seule Cause à la création. Elle nous enseigne aussi que l’homme est créé sur le modèle trinitaire : il a un corps physique ; une âme spirituelle et un corps spirituel.

2- Lors de la constitution du premier génome au moment même de la fusion des deux ADN des géniteurs, Dieu le Père est présent réellement, il crée l’âme spirituelle, mais nous savons également que si c’est dans la prérogative du Père de créer l’âme, il ne la crée qu’avec le consentement des deux autres Personnes de la Sainte Trinité et, nous savons que notre âme est à l’image et à la ressemblance de Dieu Trine. Pourquoi y aurait-il une différence entre les Puissances puisque celles-ci correspondent chacune à l’une des Personnes de la Sainte Trinité ? :

a) La Memoria dei pour le Père éternel qui ne cesse de penser sa création, mémoire absolue.

b) L’intellect agent qui est la capacité de comprendre et correspond à Dieu le Fils qui est le Verbe, le Logos.

c) Le spirituel agent qui est la capacité d’aimer, du vouloir aimer et correspond à Dieu l’Esprit Saint, Amour.

3- Pourquoi faudrait-il que ces trois Puissances ne puissent être distinctes l’une de l’autre puisqu’elles sont chacune la principale qualité de chaque Personne de la Sainte Trinité ?

4- S’il y a plusieurs modes de mémoires, il existe également dans l’intelligence et dans l’amour plusieurs modes que décrit fort bien saint Thomas sans pour autant faire dépendre l’intellect agent du spirituel agent.

Par ailleurs, s’il y a plusieurs modes de mémoire cela induit qu’il n’y a qu’un principe mémoriel à cette pluralité ; de la même manière qu’il y a un seul couple d’origine à la pluralité des hommes et des femmes. Ce qui est génétiquement confirmé.

Nous devons considérer qu’il y a bien trois Puissances distinctes, ce qui est admis par la plupart et que saint Thomas d’Aquin s’est trompé, comme on dit populairement, il s’est planté. Et malheureusement, des esprits vicieux, ambitieux se sont servi de cette controverse facilement démontée pour rendre difficile la résistance à la Loi de bioéthique ; en effet, ils s’en sont servie pour soutenir une animation tardive, le Père Marie-Dominique Philippe allant jusqu’à proposer six mois alors qu’il avait enseigné l’animation dès la constitution du premier génome. (Publiée dans la Revue ALETHEIA n°14 l’art et le travail p.150)

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