CERTITUDES & INCERTITUDES : L'homme projet de vérité et d'amour - " LE SACRÉ PÉDAGOGIE DU VIVANT - de Pierre Charles Aubrit Saint Pol
- Pierre Aubrit
- 18 mai
- 20 min de lecture
LE SACRÉ
PÉDAGOGUE DU VIVANT
Introduction au sacré
La racine du mot "sacré" est d'origine russo-bulgare "sak-" d'où viennent "sacre, sacrer" ; ils dériveraient d'une racine romane "saccus" qui a donné "saccage" et sacrilège".
Le sacré est un principe lié à la sphère religieuse pour l'ensemble des religions ; cependant, il revêt une signification plus radicale pour la Révélation hébraïque et chrétienne. Dans toutes les cultures, l'idée du sacré se signale par des éléments naturels qui traduisent un désir de transcendance. Ces repères contribuent à l'organisation de la société, dont l'unité fondamentale est le foyer familial. L'homme agit selon l'intuition issue de la loi morale naturelle, guidé par la Memoria dei, l'une des trois puissances de l'âme. Quoi qu'il en soit, que l'on parle de concept ou d'une simple notion, le sacré agit comme un vecteur d'éducation, une convention à la fois écrite et non écrite, mais intangible.
Dans une société qui se construit sur la base de la Révélation chrétienne et de ses vertus, bien que le sacré soit principalement lié au domaine religieux, son impact sur la société civile est majeur et décisif. Son influence s'étend à toutes les structures sociales, y compris celles qui seraient les plus distantes des centres de civilisation.
L'anthropologie du sacré
Le langage est imprégné du sacré, car il a pour origine le Verbe de Dieu, le Fils unique. Effectivement, le langage ne se limite pas à une simple fonction organique, il est également un acte de souveraineté. Il englobe les puissances de l'âme que sont les attributs divins : la mémoire, l'intellect et le spirituel. C'est bien ce que les versets suivants expriment :
"Tous les animaux de la terre et tous les volatiles du ciel, ayant donc été formés de la terre, le Seigneur Dieu les fit venir devant Adam, afin qu'il vît comment il les nommerait : or le nom qu'Adam donna à toute âme vivante, est son vrai nom. Ainsi Adam, appela par leurs noms tous les animaux, tous les volatiles du ciel, et toutes les bêtes de la terre : mais pour Adam, il ne se trouva pas d'aide semblable à lui[1]."
La Révélation est transmise par la Parole, qui est source de vie, car elle incarne la vérité tant dans sa nature que dans sa substance. Dans toutes les cultures, et assurément au sein de l'Église, chaque expression langagière véhicule un aspect du sacré. Il est donc essentiel dans notre anthropologie et participe à la dignité consubstantielle de l'individu ; une dignité qui découle de la présence de Dieu en chaque homme, indépendamment de ses croyances religieuses et de sa culture.
Ensevelissement du corps humain
Certains ethnologues, dans la logique de la théorie de l'évolution, soutiennent que l'inhumation de ses semblables constitue la première expression tangible du sacré et de la conscience de la dignité de l'homme.
Ils y voient la preuve de l'évolution du Néandertalien en l'Homo sapiens. Cependant, notons qu'il s'agit là d'une théorie fondée sur celle de l'évolution des espèces, dont la véracité n'est toujours pas établie, d'autant que des révélations privées faites à des âmes comme Anne Catherine Emmerich expliquent que l'absence de tombe, en amont de celles découvertes, témoigne d'une vertigineuse corruption et décadence. Retenons qu'il fut trouvé des tombes doubles dévoilant un corps d'homme couché auprès d'un hominidé[2] femelle. Sachant qu'Adam et Ève furent enterrés, il n'est pas erroné de considérer l'absence de tombe comme la preuve d'une prétendue évolution[3].
La tombe, après le déluge noétique, redevient un espace sanctifié, un objet dédié : "il se coucha avec ses pères…"
Le vivant rend hommage au mort, à un corps qui a incarné une dignité indépassable, tant dans l'ordre de la nature que dans celui du surnaturel. Car la dignité de l'homme, selon la grâce, surpasse celle des anges. Un corps a aimé, a été aimé, s'est donné. Il a véhiculé son intimité, à partir de laquelle il a orienté ses actions et sa gestuelle. Il a écrit l'histoire. Ce corps, même s'il est celui de la pire des fripouilles, doit être respecté et honoré. Toute atteinte à la dignité du corps humain renvoie le profanateur à une condition inférieure à l'animalité.
Néanmoins, il faut admettre que la tombe exprime socialement une certaine intelligence du sacré, liée aux nécessités découlant de la chute originelle. Elle est l'un des fruits de la grâce de prévenance[4] accordée à l'humanité par Dieu, à Adam et Ève, pour toutes les générations. Cette grâce est signifiée par le vêtement en peau de bête que Dieu tailla de ses mains bénies. Elle aide tout homme, même s'il n'a pas été touché par la connaissance de la Révélation chrétienne, à rester dans l'ordre de sa dignité.
Bien que l'incinération des corps soit permise par le Saint-Siège, l'Église recommande l'inhumation. L'incinération tend à exprimer une perte du sens du sacré et de la dignité humaine. Il ne me semble pas souhaitable de s'inspirer des cultures non chrétiennes, telle que celle de la Rome antique ou celles de traditions asiatiques marquées et dominées par la gnose.
Les conséquences des crises dans l'Église
Le chrétien, de confession catholique, est pleinement membre d'un peuple : "…de prêtres, de prophètes et de rois".
En effet, par les vertus théologales que lui confère le sacrement du baptême, il est habité et investi par la Vérité. Peu importe qu'il la saisisse intellectuellement dans son intégralité : c'est le sacrement du baptême, dans la foi catholique, qui fait de lui un membre à part entière du peuple de "prêtres, de prophètes et de rois". L'Église Catholique et Romaine a la plénitude de la Vérité, ainsi que toutes celles qui lui sont unies.
Il est donc compréhensible que le concept du sacré soit exalté au plus haut point, et que son respect ainsi que sa mise en œuvre au sein du Corps mystique du Christ ouvrent les peuples à s'ouvrir au salut qui lui est révélé[5].
Le pape, saint Jean-Paul II, soutenait que les crises qui secouent l'Église affectent tous les peuples, mais qu'une fois surmontées, elles donnent lieu à de grandes grâces pour tous. Il considérait le second concile œcuménique du Vatican comme la dernière Cène avant les châtiments et le jugement des nations.
En ces temps obscurs, chaque homme, chaque peuple et chaque nation négocient un tournant décisif de l'histoire. Ce tournant les engage sur la dernière ligne droite, en vue du retour du Fils de l'Homme venant sur la Nuée. C'est avec cette lumière, cette certitude intellectuelle et cette foi que nous devons affronter le déclin des civilisations, l'effondrement des cultures et l'éprouvante perte de la foi – dont la conclusion logique semble être une apostasie générale.
Le futur pape, saint Jean XXIII, alors qu'il séjournait en France en tant que nonce apostolique, jugeait nécessaire la convocation d'un concile. Il lui paraissait inévitable de prendre conscience de l'ampleur des dévastations dissimulées derrière les fastes de l'Église. Il s'imposait à lui, comme à bon nombre d'évêques, que l'Église se devait de mesurer les conséquences des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, et qu'il convenait pour cela de reprendre le premier concile du Vatican, interrompu par la guerre de 1870. Par ailleurs, la sainte Vierge Marie, lors de ses apparitions à Amsterdam, demandait aussi la convocation d'un concile. Elle souhaitait le "dépoussiérage" de l'Église, tout en précisant que "sa doctrine était bonne"[6].
Dès les premiers travaux préparatoires au concile, les tensions internes à l'Église apparurent, souvent dans des débats de commission où ni la vérité ni la charité ne semblaient prévaloir. Les prêtres engagés dans la résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, ceux issus des organisations sociales telles que la J. E. C., la J. O. C., les membres de la Mission de France, ainsi que ceux impliqués dans des impasses idéologiques comme le marxisme, le socialisme (notamment le P. S. U) saisirent cette opportunité pour intervenir dans les débats, qu'ils élargirent au monde entier par l'intermédiaire des médias.
S'il est vrai que la crise conciliaire fut très activement alimentée par les médias – y compris les médias catholiques tels que La Vie, le Pèlerin, La Croix, Témoignage chrétien, etc. – il ne peut être nié que la réforme liturgique jeta une grande confusion. Elle cristallisa tous les conflits idéologiques et politiques, devenant le fer de lance d'une contestation visant à étouffer le message évangélique.
Le message lumineux de l'Évangile, porté par le concile, devenait inaudible en raison des effets dramatiques de la réforme liturgique. Une crise, qui aurait pu être évitée, vint renforcer celles touchant à la doctrine et à la discipline. Elle se prolonge jusqu'à aujourd'hui. La succession des réformes liturgiques ad experimentum, dès l'ouverture du concile, permit à des prêtres de prendre des initiatives transgressives, souvent avec la bienveillance coupable de quelques évêques.
Si elle n'en finit pas, c'est parce qu'elle constitue un enjeu surnaturel, parfaitement connu de nos ennemis. Des États étrangers à l'Église, ainsi que des puissances occultes antichrétiennes tentent influencer les conclaves – et cela, déjà du vivant du Pape saint Jean-Paul II. Ces puissances ont œuvré à l'éviction du Pape Benoît XVI, notamment par le biais de la "mafia de Saint-Gall,[7]" agissant sous l'influence des loges et de courants engagés dans le mondialisme. Ils désiraient qu'un pape à leur image, en accord avec leur projet mondialiste, siège sur le trône de Pierre, afin de conduire l'Église vers une collaboration active – ou du moins, de la rendre inoffensive à leur dessein.
Le concile a été l'occasion saisie pour affaiblir l'Église, affaiblissement dont les conséquences touchent les peuples et les nations. C'est principalement par la réforme liturgique et celle des sacrements que cet affaiblissement a été amorcé, en particulier à travers le nouveau rite de consécration épiscopale. Il ne s'agit pas de dire que les sacrements soient invalides, mais plutôt qu'ils sont à certains égards affaiblis dans leurs fruits surnaturels.
Ce constat a été établi notamment par le père Gabriel Amorth, grand exorciste du Vatican, qui reconnaissait que les rituels d'exorcismes postconciliaires étaient inefficaces, au point qu'il lui fallait recourir à ceux du XIXe siècle[8]. Cet affaiblissement sacramentel a pour conséquence l'accroissement de l'influence de l'Antéchrist, ainsi que des puissances néfastes qu'il fédère, et qui semblent aujourd'hui infiltrées dans l'Église elle-même.
Il faut comprendre que l'influence des puissances occultes antichrétiennes, ainsi que celle des anges démons, se fait de plus en plus pressante sur la hiérarchie consacrée, comme sur le Corps mystique du Christ Jésus, particulièrement depuis la pratique transgressive de la communion sur la main :
"Les fumées de Satan sont entrées dans l'Église[9]."
Cette analyse peut surprendre, mais c'est oublier que l'Église est en elle-même un immense exorcisme, ce que la hiérarchie semble avoir perdu de vue. Les premiers actes publics de Jésus se distinguent par la délivrance d'âmes possédées.
Il eût été prudent que la réforme liturgique se limitât à l'autorisation de l'usage des langues vernaculaires – à l'exception de la consécration des espèces – sans rien modifier quant aux rites enracinés dans des siècles de tradition et de culture populaire.
Quel besoin y avait-il de détruire les paraliturgies, qui en étaient l'expression de la foi populaire ?
Quel besoin y a-t-il d'imposer la communion sur la main, sinon cette volonté transgressive visant à altérer les effets des fruits des sacrements et à généraliser la désacralisation, la perte du sens du sacré ?
La volonté derrière ces bouleversements est d'affaiblir l'Église afin de laisser la place à l'Antéchrist. Cependant, la Providence l'a permis, car il faut que l'Église entre dans sa nuit, en vue du jugement des nations, la même que celle assumée par Jésus lors de son agonie au Jardin des Oliviers.
Quelle urgence y avait-il à relancer la crise liturgique de façon aussi sournoise en manipulant le droit canon et en ignorant les dispositions des papes saint Jean-Paul II et Benoît XVI ?
Quel besoin d'aggraver une confusion cultuelle et culturelle ?
Pourquoi avoir inversé l'ordre de mission de l'Église, en soumettant la doctrine, c'est-à-dire la vérité, à la pastorale, alors que l'ordre voulu par Jésus reste inchangé : faire triompher la vérité par la pastorale ?
Quelle nécessité y avait-il à se taire face aux dérives des manipulations génétiques ?
Pourquoi ne pas avoir défini l'animation au premier génome ?
Comment justifier le rejet de la définition du dogme de Marie co-rédemptrice en des termes qui humilient le peuple de Dieu ?
Quel besoin y avait-il de faire triompher le relativisme moral dans l'Église en autorisant la bénédiction des couples homosexuels ?
Quel besoin d'humilier les catholiques, de les marginaliser face au monde ?
Quel besoin de les culpabiliser d'être ce qu'ils doivent être : fidèles au Christ Jésus ?
Pour autant, résister face à toutes ces dérives n'implique nullement d'aller jusqu'au schisme. Et si schisme il doit y avoir, et il viendra du Saint-Siège ; c'est le Vatican qui se mettra hors de l'Église, car il aura préparé l'imposture de l'Antéchrist.
Non, Monseigneur Lefebvre, il fallait être, dès le début de la crise conciliaire, avec Marie au pied de la Croix, car ce terrible temps d'épreuves est permis par Dieu. Il entre dans le dessein de sa Providence, ce qui ne nous dispense pas d'être fidèle au Christ et à son Église telle qu'il la veut : humble, pauvre, aimante et fidèle. Il fallait maintenir la Tradition dans le silence de la Croix glorieuse. Accepter la souffrance dans l'offrande de soi. Nul n'a jamais gagné à vouloir sauver l'Église en dehors d'elle.
Si l'esprit de résistance est tout à fait légitime dans l'Église, il commence par accepter les épreuves découlant de la crise. Ensuite vient le concept d'obéissance, qui ne peut être inconditionnel, car une conception ou une application erronées de celle-ci peut apparaître comme une légitimité au mal. Il y a un devoir de discernement permanent quant à la mise en pratique de la vertu d'obéissance.
Cependant, rien ne peut couvrir les consécrations épiscopales sans l'aval du Saint-Siège. Les mouvements ultras, quels qu'ils soient, manquent d'espérance et de charité, indépendamment de la qualité de leurs membres.
La crise liturgique exerce une influence déterminante sur l'effondrement du sacré au sein de l'Église. Le pape François l'a intensifiée. Il aura ouvert une période d'épreuves plus rudes. Néanmoins, le vrai fidèle, face à cette situation, doit tourner son regard sur les fins dernières et doit ignorer le Vatican, comme le faisaient nos pères à l'époque médiévale.
Bon nombre de personnalités religieuses et laïques, y compris les politiques, ressemblent à ce roi babylonien, Nabuchodonosor II. Dieu s'est servi de lui pour châtier son peuple infidèle, apostat, mais il a ensuite puni ce roi pour ses propres péchés, car c'est à cause d'eux qu'il fut l'instrument du châtiment d'Israël. Une situation qui s'applique – et s'appliquera – à bien des dirigeants : des aveugles qui conduisent des peuples qu'ils ont eux-mêmes rendus aveugles.
La désacralisation dans l'Église s'est installée durablement avec la réforme liturgique qui, en Occident, a anéanti la foi populaire, méprisée par une hiérarchie invoquant le progrès. Cette réforme a ruiné des pans entiers de la tradition, vilipendé son expression et affaibli la confiance dans la doctrine. Ce déséquilibre a affecté les sociétés et blessé le Corps mystique du Christ. Elle a instauré une désunion profonde, entraînant une désaffection durable de la pratique religieuse, phénomène aggravé par les scandales de mœurs.
Le pape François a accéléré ce chaos, notamment en intervenant dans le débat sur la vaccination lors de la pandémie du Covid-19. Le Vatican abrite des agents du mondialisme et des membres de sociétés antichrétiennes. La pandémie a offert à ces agents une opportunité d'engager plus avant l'institution humaine de l'Église dans la collaboration directe avec les puissances mondialistes.
Néanmoins, la responsabilité de cette crise relève également des ultra-conservateurs, qui ont refusé de saisir la main tendue par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI. Ils se sont repliés davantage dans une rigidité psycho-idéologique, tout comme les ultra-progressistes. Ces courants s'enfoncent dans un radicalisme que même les protestants et les jansénistes ne renieraient pas. Leur posture est celle des idéologues, qui, sans avoir conscience, risquent de suivre l'Antéchrist, lequel déploiera toutes ses séductions. L'arbre ne tombe-t-il pas toujours du côté où il penche ?
La hiérarchie ecclésiastique se prive du soutien de fidèles qu'elle marginalise alors qu'ils n'aspirent qu'à vivre pleinement et totalement la foi catholique. Ils sont repoussés aux marges de l'Église, tandis que celle-ci prétend vouloir y ramener ceux qui s'y trouvent. Ces fidèles n'ont d'autre choix que d'entrer en résistance en ne suivant que les enseignements donnés par le Magistère et en suspendant son soutien financier selon l'évêque et le curé. C'est à saint Pierre, le premier pape, de secourir le peuple fidèle au Christ Jésus. Le Pape Léon XIV est un espoir de transition avant deux déferlantes des puissances de destruction.
Les effets de la crise postconciliaire avaient altéré les liens filiaux avec la hiérarchie ; le pape François les aura rompus. La paternité et la maternité visibles de l'Église – grâce singulière, reliant les sociétés à Pierre bien au-delà du Corps mystique du Christ – sont renversées, effacées. La hiérarchie porte une responsabilité déterminante dans le recul de la charité, recul voilé par le fatras hémorragique des affects désordonnés et par une compassion venimeuse, qui se substitue à une authentique miséricorde et charité[10], toutes les deux fondées sur la vérité infaillible de l'Église.
La dévotion mariale connaît un affaissement, révélant le caractère tragique de cette perte du sens du sacré, ainsi que la rupture des liens maternels établis entre l'Église et les peuples.
Un courant féministe et théologique propose une approche inversée et pervertie de la Vierge Marie, conséquemment au féminisme triomphant qui tend à émasculer l'homme. Ce courant impose une image transgressive de la très Sainte Vierge Marie, la présentant comme : "une femme ordinaire, semblable à toutes les femmes". Il va jusqu'à reformuler le troisième mystère joyeux en ces termes : "Marie a accouché", une formule hérétique[11].
Ce recul de la dévotion mariale a été renforcé par le refus obstiné de proclamer le dogme de Marie co-rédemptrice et médiatrice de toutes grâces. Ce refus, exprimé en des termes qui révèlent la profondeur de la sécularisation transgressive de nos sociétés – y compris dans l'Église – semble annoncer une apostasie massive et inéluctable dans toutes les religions.
Le Corps mystique du Christ vit la Passion de son Maître. Le sacré est tombé dans l'escarcelle du relativisme triomphant. Le triomphe du monde rejetant Dieu est la tiare de la bête de la Terre, décrite dans le livre de l'Apocalypse de saint Jean l'Évangéliste. Cette situation tragique et douloureuse, au sein même de l'Église, pourrait se conclure par des persécutions sanglantes, dont nous voyons déjà les signes avant-coureurs.
Dieu le permettra, car sa justice exige des comptes sur l'usage des mérites que son Fils nous a acquis durant sa vie sur Terre, et en raison d'une volonté transgressive explicite concernant la pratique des sacrements – en particulier la réception du Corps du Christ dans la main.
Nous voilà réduits à n'avoir pour seul bagage que celui de notre foi : foi de fidèles, fidèles, fidèles jusqu'au don de notre vie.
Oui, le concept et le sens du sacré forment un puissant éducateur de la vie.
LES CONSÉQUENCES POUR LA CITÉ DE
L'HOMME DE LA PERTE DU SENS DU
SACRÉ DANS L'ÉGLISE
Le sacré contribue à définir la personne
L'homme se définit par les liens profonds qu'il entretient avec sa dignité, qu'il exprime dans sa relation au sacré, au respect de la personne et de la société. L'une des expressions les plus significatives de cette dignité réside sans doute dans les honneurs qu'il rend au corps inerte de son semblable. Certes, dans le monde profane, il n'existe pas à proprement parler de sens du sacré, mais la relation à la création et à autrui reflète celle qu'il a avec la foi, le surnaturel. Il peut être affirmé que le sacré contribue à l'éducation de la personne et de sa société.
La perte de la foi entraîne la rupture du lien religieux – non seulement avec une institution religieuse, mais également avec l'ensemble de la création et de la communauté humaine. Le sujet qui ne possède pas, ou ne possède plus, le sens intime du sacré ressent un manque, un vide qu'il cherche à combler. Pour ce faire, il s'éloigne de son environnement, qu'il perçoit comme la source de ce vide.
Ce vide existe en l'homme. Il se fait ressentir dès que sa conscience morale émerge. C'est l'un des effets redoutables du péché originel. Le chrétien en fait l'expérience dans sa vie surnaturelle. Toutefois, par les mérites acquis par Jésus lors de son agonie au Mont des Oliviers et de sa redoutable déréliction sur la croix, nous recevons les grâces nécessaires pour supporter cette épreuve intérieure.
Cependant, l'homme sans foi est livré à la dictature des appétits, qui peuvent sembler légitimes. Et quand bien même s'étourdirait-il dans leur domination, il fera l'expérience de ce vide, dont l'attraction sera d'autant plus redoutable que, laissé seul avec sa conscience morale, il affrontera un désespoir qui pourra le happer, se refermer sur lui.
Le vide intérieur n'est pas exclusif de la personne seule, mais, par les liens métaphysiques qui passent par la Memoria dei, il s'installe au cœur de la société, la corrompant au point qu'elle se retrouve dépouillée de toute protection, de toute résistance au mal. Tel fut le témoignage profond de la foule qui, après avoir acclamé Jésus en son entrée à Jérusalem, le conspua, emportée dans un tourbillon de violence et de haine qui fit trembler les mondes angélique et l'enfer.
Le vide est le lieu de prédilection, psychologique et psychique, pour les puissances du mal, celui par lequel les anges démons s'emploient à séduire leur sujet. Ils appellent en l'homme ses instincts les plus vils, ses appétits les plus sordides, l'attirant vers les lieux inférieurs, comme cela fut dévoilé sous les dictatures de la révolution de 1789, les régimes communistes, nazis, comme établi en Ukraine ou en Israël, en certains lieux de l'Oumma, et maintenant les barbares-sauvageons de nos démocraties occidentales.
Les lois liberticides et transgressives telles que le divorce, la contraception, l'avortement, l'eugénisme, l'euthanasie, le suicide assisté, certaines pratiques sexuelles immondes, les armes de destructions massives, les exterminations révolutionnaires et les conflits génocidaires – sans oublier les génocides blancs tels que les injustices sociales et économiques, ou encore les épidémies artificiellement créées comme la covid 19 – relèvent d'une forme spectaculaire et industrielle du sacrifice humain.
En amont de cette situation, il se discerne une intentionnalité qui consiste, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, à rendre un culte aux puissances des anges déchus, aux princes de l'enfer. Le but serait alors de préparer la venue de celui qui démontrera l'inutilité de Dieu et de son paradigme.
Bien que tout péché individuel soit pardonnable, lorsqu'il s'accumule au nom de la société et que celle-ci le légitime, il devient inexpiable, irrémissible. Il appelle sur les peuples et les nations la justice divine, laquelle exige une réparation collective et universelle. Ces péchés déchirent la Terre des hommes et le ciel. Ils sont l'instantané de notre décadence.
Les sociétés de progrès sont des sociétés sacrificatrices, blasphématrices : elles ensevelissent d'iniquité le pont reliant les hommes entre eux et avec Dieu.
Ces lois transgressives traduisent une intention qui fait trembler la cour angélique, car leurs conséquences bouleversent la Memoria dei et la mémoire-forme de la matière. Voilà la véritable pollution. Quant à celle dont on nous rebat les oreilles, elle sert à cacher des projets immondes – surtout la pollution du péché.
La perte du sens du sacré dans l'Église a des conséquences dévastatrices dans nos sociétés : elle favorise une décadence morale, spirituelle, intellectuelle. Nous ne sommes pas face à une simple crise de civilisation, mais à son effacement pur et simple.
Les classes dominantes orchestrent cet effondrement, comparable à un collapsus de nature sociale universel. Elles favorisent et financent le retour des barbares, des sauvageons[12] à qui on a retiré les moyens culturels, moraux et spirituels de résister à cette chute. Ces élites veulent en faire des chiens de fer, des instruments de répression destinés à briser toute résistance dans le peuple – de véritables tontons macoutes modernes.
Depuis la révolution de 1789, les générations sont perçues par nos élites avec un regard de maquignons : des élevages de veaux et d'agneaux d'abattage, destinés pour une élite pervertie, dénuée de toute intelligence du bien commun.
Le législateur joue un rôle actif dans ce programme d'aliénation et de soumission des peuples. Il contribue à conférer une normalité judiciaire et culturelle au mal, soutenant la revendication d'impunité judiciaire pour des actes monstrueux. Cette tendance explicite se manifeste dans une action combinée des arts, des lettres et des médias à laquelle s'ajoutent des positions religieuses hétérodoxes ouvrant grand l'autoroute de l'apostasie.
Je dois ici insister sur les conséquences tragiques du mode de réception du sacrement de l'Eucharistie dans la main. Ce geste, loin d'être banal, revêt une nature profondément transgressive. Lors de la Sainte Cène, c'est Jésus-Christ qui institue ce sacrement et le donne en nourriture sacrée à ses apôtres. Ceux-ci, agissant in persona Christi le distribuent en son Nom au communiant.
Considérons alors cet acte : recevoir l'Eucharistie dans la bouche, ou au contraire dans la main ou d'un laïc. Dans ces deux derniers cas, ce n'est plus le Christ dans le prêtre in persona Christi qui le donne, mais c'est bien le communiant qui s'en saisit. Il s'élève alors, de manière illégitime, à la hauteur du sacerdoce : ce qui est une transgression profonde, car il ne la reçoit pas, il s'en empare, quand bien même si c'est le célébrant qui la lui donne.
Les conséquences de cette transgression sur l'individu comme sur la société sont alors dévastatrices. Il contribue puissamment aux ravages sociaux, à l'effondrement moral et surnaturel du sujet. Ces ravages se transmettent à tous les hommes à travers les liens métaphysiques de la Memoria dei.
Mère Theresa de Calcutta l'avait compris, elle n'a cessé de l'enseigner, sobrement mais solennellement – notamment sur les marches du palais après avoir reçu le prix Nobel de la paix.
Communier dans la main, au-delà du mépris qu'un tel geste peut manifester envers le sacrifice de Jésus, trompe le communiant en lui donnant l'illusion de participer au sacerdoce ordonné de manière physique. Cela l'introduit dans un orgueil spirituel capable d'étouffer sa conscience morale, jusqu'à ce qu'il ne ressente plus d'attirance pour le divin sacrement. C'est le chemin le plus sûr pour conduire les âmes et les peuples à suivre l'Antéchrist.
Si le fidèle se trouve confronté à un célébrant qui l'oblige à communier sur la main, qu'il sache qu'il est hautement méritoire de se retirer sans communier à ce qu'il se retire sans communier, et qu'une fois revenu à sa place, qu'il fasse une communion spirituelle. Il y recevra de grandes grâces qui fortifieront sa foi et sa fidélité. Voilà un exemple d'authentique résistance.
L'admissibilité sociale des pratiques immorales et transgressives vient de cet enfoncement généralisé dans le péché, qui pousse les individus fragiles à ne pas respecter l'innocence ni la pureté – des valeurs que la société refuse désormais de défendre, car elle ne supporte ni l'un ni l'autre. Elle y voit sa propre condamnation, le reflet de sa conscience.
De même qu'il est insupportable, pour certains, de ne pouvoir posséder ce qu'un autre détient – et que, plutôt que de lui laisser, ils préfèrent le lui voler ou le détruire –, il en va de même pour la société : elle détruit ce qu'elle n'a plus, ce qu'elle n'est plus et ce qu'elle est incapable de retrouver par elle-même. C'est, en filigrane, la psychologie des révolutionnaires qui, n'acceptant pas la faiblesse de leur caractère ou de leur nature, se servent du mode accusateur contre l'autre, contre leur prochain, par besoin d'exister. Ils veulent le soumettre ou le détruire, car par leur action violente, ils trouvent en elle la justification de leur effondrement moral et spirituel, de leur désespoir intérieur, qui les enferme peu à peu dans le royaume du mal.
De la même manière, le prédateur détruit, profane en l'autre ce qui lui a été enlevé, ou ce dont il s'est privé, et ce qu'il ne peut plus être.
Les peuples et les nations sont poussés à s'engager dans la nuit de la florescence peccamineuse. Ils s'habituent à la banalisation du mal, à la profanation de l'innocence, et participent à son œuvre de destruction. D'autres facteurs contribuent activement à cette déliquescence : l'avortement, la destruction de l'identité sexuelle, le commerce du corps humain, sa chosification, l'euthanasie, le suicide assisté, etc.
Notre époque est dominée par la "culture" de la transgression. Elle est redevenue idolâtre.
Le reflux civilisateur n'épargne aucune strate de la société. Il s'insinue dans le langage, se dote de codes propres à un regroupement asocial spécifique. Il suscite des reconstructions sociales dans un environnement urbain hostile, des formes d'îlotages inversés, avec leurs propres lois qu'il ne faut pas enfreindre. Parallèlement, une solidarité particulière se développe : réelle, aliénante et fédératrice.
Ces citoyens échappent à la souveraineté nationale, ils défient le droit commun, la loi, car celles-ci sont perçues comme émanant d'une élite qui les a abandonnés, et veille à ce que ces laissés-pour-compte ne retrouvent jamais le chemin de l'espoir, voire de l'espérance. Ils s'approprient des territoires qu'ils définissent et marquent selon une logique de parasitage. Hélas, ils deviennent une proie facile pour tous les trafiquants. Ils ne survivent qu'en prédateurs.
C'est une impasse de non-liberté, comparable à un navire affrontant brutalement l'eau dans un mouvement de recul. Un reculage. C'est là l'œuvre de nos élites, des courants mondialistes qui n'hésitent pas à s'accoquiner avec les réseaux mafieux. Mais c'est aussi de la responsabilité des gens de bien, qui préfèrent le silence, la complicité passive, tout en s'assurant que leur quotidien ne soit pas dérangé. Ces gens-là n'ont jamais su aimer, ils n'ont jamais pris le risque d'une respiration saccadée par un flux d'amour.
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[1] Gn. III, 19-20
[2] Découvertes faites en Palestine sur des plateaux codés entre 1900-1930
[3] Selon des révélations faites à des âmes privilégiées comme Anne Catherine Emmerich, le fait que des hommes et des femmes aient pu ne pas être enterrés procède d'une décadence généralisée de l'humanité, ainsi que des populations de type simiesque, ce qui corroborerait le passage de la Bible concernant les causes profondes du Déluge noétique. D'autre part, la Vierge Marie révéla que l'humanité, au moment du déluge noétique, avait pris l'habitude de perdre dans la forêt les enfants dont le physique était trop proche de l'homme. Ils étaient sacrifiés aux animaux sauvages.
[4] Il s'agit d'une grâce de miséricorde, donnant les moyens à chacun de se maintenir dans la dignité humaine, soit au-dessus des ordres inférieurs.
[5] Ce point délicat fera l'objet d'une explication approfondie dans la suite des autres thèmes abordés et qui concernent le vivant.
[6] Cf. L'admirable étude de Raoul Auclair La Dame de tous les Peuples, éd. Nouvelles Éditions Latines n° 712 N° Imp. 7215 : "Car nous voici, nous autres, en ces temps-ci, dans la nuit de ce temps-ci, nous acheminant vers le Roi de l'Épiphanie. Et l'étoile qui nous guide est rien de moins que l'Étoile du Matin, la Vierge Marie elle-même". (voir la vision n° 27 et suivantes…)
[7] Les membres étaient des cardinaux dont Bergoglio qui avait été pressenti pour succéder à saint Pierre à la mort de saint Jean-Paul II, il contribua à l'évincement du Pape Benoît XVI, et fut élu dans des conditions qui autorisent à beaucoup de suspicions quant à son élection, puisque désigné comme future pape avant la mort de Jean-Paul II.
[8] Rituels qui appelaient l'intercession de l'Église triomphante, puisque les sacrements ayant été altérés dans leurs fruits, la communion des saints de l'Église militante s'en trouve altérée également, celles-ci passant par la Memoria dei.
[9] Discours prononcé par le Pape saint Paul VI en l'an 1972, année où il signa les décrets définitifs de la réforme liturgique.
[10] Cet étonnant pontificat aura vu le triomphe du relativisme moral aux dépens de la vérité, de la doctrine, puisque celle-ci est devenue la subordonnée de la pastorale qui, depuis Moïse, l'avait éclairée : Amoris Laetitia – Laudate Deum – Fiducia supplicans etc.
[11] Le Magistère enseigne infailliblement que Marie, Mère de Jésus-Christ, Mère de Dieu et de l'Église, est : "Vierge avant, vierge pendant et vierge après la naissance de Jésus-Christ, le Verbe incarné".
[12] Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur
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