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PSAUME IV commenté P. C. A. St P.







« David exhorte ses ennemis à ne pas mettre leur confiance dans les biens de ce monde… »



« Pour la fin, dans les cantiques, psaume de David. Lorsque je l’invoquais, il m’a exaucé, le Dieu de ma justice ; dans la tribulation, vous m’avez mis au large. Ayez pitié de moi, et exaucez ma prière. »(v.1-2)


- Lorsque je l’invoquais, il m’a exaucé. David fait l’expérience de la bienveillance de Dieu ; elle ne s’obtient qu’à la condition d’admettre de dépendre de Dieu, c’est la condition d’une créature à son Créateur. Une dépendance qui s’étend dans tous les actes de la vie, y compris dans l’usage du libre-arbitre, puisque qu’au sein de ce droit naturel se propose par grâce la liberté de Dieu. L’homme dépendant entièrement de Dieu, c’est une des vérités majeures de sa condition. Dieu exauce ceux qui se reconnaissent pauvres, l’exercice intérieur de la pauvreté commence par identifier et admettre cette dépendance d’amour.


- Dieu de ma justice, Dieu est justice, car en Lui, il ne se trouve aucune cause diminuante. Il est le Parfait, le Saint Unique. La justice en Dieu est la justice haute, celle qui réclame réparation, car fauter délibérément contre Dieu, c’est poser une transgression qui ne se répare que par l’immolation de l’Innocent. La justice divine est l’équilibre, l’harmonie absolue par l’amour et la vérité. Dieu est Immuable. Tout homme, même le plus enfoncé dans la nuit du mal, a une connaissance intuitive d’une justice au-delà du temps et de l’espace, elle participe à sa dignité qui le dépasse et est indépassable puisqu’il est image et présence de Dieu. C’est ce qu’exprime David par : Dieu de ma justice. C’est une compréhension de son Créateur qui procède de sa foi, car il est dans l’abandon par la confiance qu’il met en son Dieu ; il en ressent toute la bienveillance dans les difficultés qu’il traverse. Il sait, car l’expérimente au pratique qu’à chaque fois qu’il correspond à la volonté de YAHWEH, Il le secourt. David a en lui ce quelque chose de l’esprit d’enfance.



- Vous m’avez mis au large, être mis au large par Dieu, c’est être mis à l’écart des puissances du monde et du Malin. C’est une élection par la grâce, qui se développe par la solitude qui consume, car c’est le chemin de la purification, et par où passe la pédagogie surnaturelle. Dieu le met à son service. Il triomphe de ses ennemis, car c’est Dieu en lui qui triomphe.

David trace le chemin du pénitent, celui qui se reconnaît pécheur avant le lever du soleil et à son coucher. Il est le lieutenant de Dieu, son bras de justice au cœur de la création, il se met debout pour servir sans faiblesse face à son devoir, que lui importe de passer pour un orgueilleux, si dans le secret de la Présence divine, il est le pénitent.


- Ayez pitié de moi, et exaucez ma prière. Toute prière est ou devrait être un acte d’humilité par le cœur ; il ne s’agit plus de raisonnement, mais d’un esprit d’abandon en acte. L’appel à la pitié divine effondre l’amour d’un Dieu Père et surabondant en miséricorde. L’objet des exercices spirituels et surtout la prière, c’est de n’être plus qu’un cri à la pitié de Dieu. Chez la très Sainte vierge Marie, le Magnificat en elle est le fruit, un bouquet d’agréable odeur. Ce cri de pitié est la marche qui mène à l’union au Christ.


« Fils des hommes, jusqu’à quand aurez-vous le cœur appesanti ? Pourquoi aimez-vous la vanité, et cherchez-vous le mensonge ? » (v.3)


- Les fils d’hommes sont les fils de la terre par opposition aux fils du Ciel qui eux, rayonnent de la Présence divine parmi le monde. Les fils d’hommes sont les fils du monde, les morts qui enterrent les morts, ils adoptent le bouc pour père. Ils ne regardent pas vers le ciel. Ils n’espèrent pas au-delà des besoins de leurs concupiscences. Ne croyons pas que cette attitude ne soit pas dans les sanctuaires, dans la hiérarchie sacramentelle ; l’ivraie est dans le bon champ de blé. Là où va ton cœur, là est ton âme. Les fils de ce monde s’éloignent de Dieu au point qu’ils perdent l’intelligence du Bien commun : Des aveugles dirigeant d’autres aveugles. Ils sont des pharaons au cœur, si endurcis que Dieu les y laisse pour les rattraper quand ils éclateront face à sa colère. Leur cœur est endurci parce que tout est bon et justifié dès l’instant où il s’agit de garder ce qui est acquis ; que peut bien importer le prochain, il lui concède des miettes. La liberté de Dieu et la volonté d’aimer dépendent de notre détachement envers toutes les formes de biens y compris les biens spirituels, intellectuels et affectifs.

Le chrétien pauvre ou riche puise la prudence de sa relation aux biens dans la victoire de la Croix ; Il se désapproprie de tout jusqu’à lui-même, car ce n’est pas ce que l’on est qui importe, mais ce que l’on fait : Les œuvres de la foi. C’est l’école de Marie, la spiritualité montfortaine[1].


- Pourquoi aimez-vous la vanité, et cherchez-vous le mensonge ? David est loyal, il ne sait pas mentir, s’il parle du mensonge c’est que c’est un péché grave. C’est un tueur silen-cieux, redoutable, impitoyable, à gage. Il isole et tue le menteur. C’est un destructeur, et le chemin le plus insidieux par lequel le démon s’engouffre dans le sujet. Il peut mener à la folie, car le menteur peut atteindre un degré qui le met dans un refus pathologique de la vérité.


« Sachez donc que le Seigneur a glorifié son saint : le Seigneur m’exaucera lorsque je crierai vers lui. » (v.4)

- Sachez donc que le Seigneur a glorifié son saint, cette parole lui vient de l’Esprit Saint, car si David n’ignore pas qu’il est le oint de Dieu, il n’ignore pas non plus que lui n’est pas le saint, n’est pas saint. David a été glorifié par Dieu par les victoires qu’Il lui a accordées, mais c’est en vue du Messie, ne dira-t-il pas : Le Seigneur a régné par le bois. David s’adresse à ses ennemis physiques, réels. Il annonce la victoire du Messie sur les légions d’anges déchus, les anges-démons.


- le Seigneur m’exaucera lorsque je crierai vers lui. C’est le cri de Jésus qui triomphe de ses ennemis, du monde et de ses princes sur la croix : Mon Père pourquoi m’as-tu abandonné ? Jésus meurt, c’est l’échec humain absolu, et c’est là que la fécondité de son sacrifice explose, c’est si vrai, qu’Il descend aux enfers montrer son triomphe à Lucifer. Il est juste d’enseigner que le triomphe de Jésus descend avec Lui au tombeau. Et ce cri est la clef de sa Résurrection et la nôtre puisque pour nous, Il a voulu connaître la déréliction.


« Irritez-vous et ne péchez pas ; et ce que vous dites en vos cœurs, repassez-le sur vos lits avec componction. » (v.5)


- Irritez-vous et ne péchez pas ; s’irriter, n’est pas tant d’éprouver de la colère que de se tendre pour résister à la tentation. David fait appel à la volonté de ne pas pécher, qui consiste à éviter les occasions de faute tout en s’en remettant à Dieu, à sa Miséricorde, tandis que le volontarisme, c’est ne compter que sur soi pour vaincre ses faiblesses, et de cela, Dieu ne le veut pas, parce que la porte du jugement de soi-même s’entre-ouvre, et nul ne peut se juger, ni juger l’autre si ce n’est que Dieu seul. Au prétexte de s’analyser, en fait, je me juge, qui suis-je pour me juger ? S’irriter de ce qu’on a offensé Dieu par faiblesse oui, mais à la condition qu’on s’en remette tout de suite à sa Miséricorde, car c’est l’orgueil, le péché contre l’esprit qui nous attend. La psychanalyse est l’antichambre de l’enfer.

- et ce que vous dites en vos cœurs, repassez-le sur vos lits avec componction, le lit exprime l’abandon en la confiance en Dieu, c’est le tombeau. David transmet sa sagesse : Nos péchés sont moins grands que la Miséricorde de Dieu. Que vos regrets soient sincères. David sait que la Justice de Dieu est miséricorde.


« Offrez un sacrifice de justice, et espérez dans le Seigneur. Beaucoup disent : Qui nous montrera les biens qu’on nous promet ? » (v.6)

- Offrez un sacrifice de justice, et espérez dans le Seigneur. Faire des sacrifices de justice, s’est poser des actes qui réparent nos fautes pardonnées. Dieu le Père, étant la source de toute justice, demande réparation en justice ; et c’est parce que l’humanité dans son ensemble n’y convient pas, qu’il y aura les châtiments. L’homme, étant libre de bien et pouvant s’en priver, doit répondre de son refus au bien. Certes, le Christ a réparer, mais comme Il n’a pu le faire qu’en s’incarnant dans l’homme, l’homme avec Lui doit lui aussi réparer par des sacrifices.


- Qui nous montrera les biens qu’on nous promet ? C’est une terrible question qui anticipe l’apôtre saint Thomas. Il nous faut toujours des signes pour croire, et pourtant beaucoup à cause de leur demande de signe se perdront pour n’y avoir pas correspondu. David en appelle à la foi qui est la sœur jumelle de l’Espérance, mais bienheureux celui qui croit sans avoir vu, car celui qui a vu et qui rejette sa raison de croire commet un péché contre l’esprit. David conditionne l’espérance en Dieu à la nécessité de poser des actes de justice, l’action de grâce est un acte de justice. Notre journée doit être un acte d’action de grâce pour qu’elle porte des fruits qui rayonnent sur la communauté des saints, l’Eglise militante.


« La lumière de votre visage a été marquée sur nous, Seigneur ; vous avez donné la joie à mon cœur. » (v.7)


- La lumière de votre visage a été marquée sur nous, Seigneur ; la circoncision du prépuce met à part le peuple élu, signe d’une élection.

Souvenons-nous de Moïse, sa rencontre avec YAHWEH dans la tente, il voile son visage tant il était chargé de la lumière divine, surnaturelle, ce qui nous donne un avant-goût de ce que sera notre transfiguration avant notre ascension, et ce que sera la gloire de notre corps ressuscité et glorifié.

- Vous avez donné la joie à mon cœur, David a fait l’expérience de l’intimité de Dieu, car il n’a rien concédé au mensonge, et s’est repenti quand il a péché. Il reconnaît la bienveillance de son Créateur sur lui dont il doit son élection comme roi sur Israël, mais aussi, selon la parole du prophète Nathan, par sa descendance. Il règne jusqu’à la fin des temps, la consom­mation de tout.


« Ils ont eu en abondance le fruit de leur froment, de leur vin et de leur huile. » (v.8)


- Ils ont eu en abondance le fruit de leur froment, de leur vin et de leur huile. Ce verset a deux lectures simultanées ; quelle que soit l’intention de l’acte, chacun reçoit sa mesure de justice et de miséricorde ; c’est ce qu’il faut comprendre par froment, vin et huile, ces trois éléments représentent l’intention et l’acte de l’homme, de chacun de nous à travers les siècles et singulièrement pour ceux qui portent comme le peuple élu une élection que est signifiée par le sacrement du baptême. La récolte de nos décisions est en relation avec notre cœur et notre volonté à rechercher et servir la vérité. Les fruits du froment, du vin et de l’huile ont la qualité de nos intentions qui précèdent l’acte, mais qui sont en elles-mêmes des actes.


« Dans la paix je m’endormirai et je reposerai tout à la fois, parce que vous, Seigneur, vous seul m’avez établi dans l’espérance. » (v.9-10)


- La confiance du roi David en son Dieu est totale, elle est celle d’un enfant qui s’endort en sûreté sur le sein de sa maman. Elle est celle de Saint Joseph qui s’endort dans les bras de Jésus à la veille de sa mission publique. Cette attitude intérieure est la seule qui vaille pour nous chrétiens, frères de Jésus, c’est une urgence de nos jours où nous sommes tentés de nous laisser gagner soit par une indifférence polie à ce qui se passe autour de nous, soit par une inquiétude jusqu’à la suppression du discernement, et c’est alors que le démon distille sa peur, nous détournant de l’espérance. Nous devons nous endormir chaque soir dans la certitude que nous sommes dans les mains du Bon Dieu, c’est par là que se nourrit notre espérance qui ne calcule pas, ne spécule pas sur l’avenir. Nous devons demander d’être de la Bienveil­lance de Dieu ; la Justice divine est notre alliée, car elle ne peut se départir de sa Miséricorde.

[1]- St Louis Grignon de Montfort parle de changement de peau, Marie est l’éducatrice de l’homme nouveau.


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