LE ROSAIRE : PÉDAGOGIE DE LA DOCTRINE - LE NOTRE PÈRE
- Pierre Aubrit 
- il y a 2 jours
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PIERRE CHARLES AUBRIT SAINT POL

LE ROSAIRE
PÉDAGOGIE DE LA DOCTRINE
VOLUME 1

LE NOTRE PÈRE
À partir du commentaire de saint Cassien1
Introduction
Le Notre Père est la prière enseignée par Jésus, à la demande des Apôtres : « Apprends-nous à prier. » Jésus résume une prière juive, que récitaient probablement les Es-séniens, un courant mystique, parmi lequel figuraient les parents de saint Jean le Baptiste, saint Joseph, Joachim et Anne et d'autres fidèles attendant la venue du Messie. Il s’agissait du petit reste de fidèles, archétype de notre résistance spirituelle actuelle.
Jésus, par cette prière, enseigne que ceux qui le suivent sont les enfants adoptifs de son Père des cieux. En la récitant, nous affirmons : Je suis enfant de Dieu, non par nature, mais par grâce. Chaque demande du Notre Père engage notre vie entière. C’est moins une formule à réciter qu’une échelle de transformation intérieure. Elle nous relie de plains-pieds aux Dix Commandements et au Commandement Nouveau. Prenons l’échelle pas à pas avec Jésus.
Notre père…
Jésus nous enseigne que Dieu n’est pas seulement le Créateur, mais qu’il notre Père. Il révèle la première Personne de la très Sainte Trinité.
Les Apôtres sont juifs, pour eux, il n'y a qu'un seul Dieu : le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Ils ne conçoivent pas encore que Dieu soit Un en trois Personnes. Cependant, lors des solennités religieuses juives, le Grand Prêtre du Temple, entouré d'autres prêtres, prononce la grande bénédiction. Ils proclament le Dieu des Hébreux, un Dieu en trois Personnes par leurs paroles et les gestes propres à ce moment liturgique.
Environ deux cents ans avant la venue du Messie, le sens intérieur du Nom béni de YHWH ou YAHWEH a été perdu. Dieu demandait à son peuple une purification de sa foi et des œuvres de justice, la condition pour reconnaître le Messie en la personne de Jésus de Nazareth.
Dieu le Père est la Cause Première de la création, et donc de la vie. En effet, Dieu le Père est celui qui pense la création. S'il cessait de la penser, elle disparaîtrait instantanément. Dieu ne regrette ni ne reprend ce qu'Il a donné. Ainsi, selon sa justice, Il laisse les damnés dans leurs ténèbres perpétuelles – l'enfer, un choix délibéré – il installe les sauvés pour une béatitude éternelle.
- Il est Père, parce qu'Il a un Fils.
- Il est Père, parce qu’il pourvoit, par sa divine Providence, aux besoins de chaque vivant.
- Il est Père, parce qu'il s'impatiente d'amour en vue de nous accueillir en sa demeure de Gloire.
- Il est Père, parce qu’il offre son Fils unique à sa justice pour le salut du monde, selon sainte Hildegarde de Bigen :
« […], par l'intermédiaire d'un Verbe qui est hors de l'espace, qui, à cause de la vie inextinguible dont il vit dans l'éternité, n'est pas transitoire, on connaît en vérité la puissance du Père, puisque les diverses créatures du monde, telles qu'elles ont été créées, le perçoivent et le comprennent ; alors, tout comme on reconnaît la puissance et la grandeur de l'homme à sa parole située dans l'espace, de même, par la plénitude du Verbe, resplendissent la sainteté et la bonté du Père. » ( SCIVIAS édit. CERF, col. Sagesse Chrétienne.)
Saint Cassien commente : « Nous confessons de notre propre bouche que le Dieu et Seigneur de l'univers est notre Père ; et c'est bien là faire profession d'avoir été appelés de la condition servile à celle de fils adoptifs. »
Qui est aux cieux…
En confessant que notre Père est dans les cieux, nous affirmons qu'Il est le Dieu unique, qu'Il ne se confond pas avec les idoles, ces fausses images façonnées par les hommes égarés, inspirés par les anges démons. Soyons attentifs à la multitude d'idoles que génèrent nos sociétés modernes, elles nous séduisent pour nous éloigner de Dieu, le rejeter. Notre époque est marquée par le retour de vieilles idoles et par d’autres formes d’idoles très séduisantes et pernicieuses :
Saint Cassien commente : « Le temps de notre vie n'est plus dès lors qu'un exil ; et cette Terre, une Terre étrangère qui nous sépare de notre Père. […] hâtons-nous vers la région où nous proclamons que réside notre Père. Que rien dans notre conduite, […] ne nous prive, comme des fils dégénérés, de son héritage, et ne nous fasse encourir sa colère et les sévérités de sa justice. »
Que ton nom soit sanctifié…
Le nom de Dieu est saint. Il désigne le seul Saint et aussi « Dieu est Dieu ». Il nous appartient de le laisser transparaître dans nos vies par notre sanctification personnelle. Nous sanctifions le Nom de Dieu lorsque le monde s’émerveille de nos œuvres. Le baptême nous oblige à une vie cohérente envers notre prochain et Dieu. Ce n’est pas seulement une louange ni une carte visite mondaine, ni une assurance lointaine qui nous assure une bonne sieste. C’est un engagement :
Saint Cassien commente : « Une fois parvenus à cette dignité d'enfants de Dieu – par le sacrement du baptême – […] et, sans plus songer à nos intérêts, nous n'aurons de passion que pour la gloire de notre Père. « Que ton nom soit sanctifié", témoignant par-là que sa gloire est tout notre désir et toute notre joie. » Ces paroles « Que ton nom soit sanctifié » pourraient très bien s'entendre aussi en ce sens que Dieu est sanctifié par notre recherche de perfection. […] C'est ce qui s'accomplit en nous, lorsque les hommes voient nos bonnes œuvres et glorifient notre Père qui est aux cieux. » (Mt. 5, 16).
En honorant nos parents, nous honorons Dieu le Père, car le principe de toute paternité et maternité est en Dieu. Sa paternité est incréée, c’est pourquoi Dieu le Fils, le Verbe est engendré et non créé.
Que ton règne arrive…
La racine étymologique du verbe régner est indo-européenne reg qui signifie : diriger en droite ligne, selon le droit, la justice. Lorsque nous disons : « Que ton règne arrive », nous implorons que sa justice triomphe de l'homme blessé par le mal et dominé par lui.
Toutefois, avant de souhaiter que le règne de Dieu sur Terre arrive vite – un peu comme une formule magique, qui réglerait nos problèmes à jamais –, ne faudrait-il pas demander que le règne de Dieu le Père s'établisse en nos cœurs de pierre ?
Avant de prier pour la transformation du monde, il faut accepter la transformation de soi. Le premier territoire à conquérir pour Dieu, c’est notre âme.
Pourquoi cette demande est-elle le préalable au règne effectif du Bien souverain dans toute la création ? Parce que Dieu nous a créés libres : doués de raison, capables de choisir entre le bien et le mal ? Certes, c'est bien son Fils qui est la cause instrumentale de notre salut, mais Dieu le Père veut que nous collaborions à notre propre salut et à celui de notre prochain. Nous n’y collaborons qu’à la condition de nous sanctifier, de faire sa volonté, de respecter sa loi.
Le concept du Dieu-Roi n'a que peu de rapport avec celui que nous connaissons dans l'ordre politique. Le royaume de Dieu est totalement de nature spirituelle, surnaturelle. Certes, il s'établira sur la Terre des hommes pour un temps, mais ce sera en vue et en préparation du royaume éternel. Le règne de Dieu veut s'établir avec la collaboration de l'homme sauvé :
Saint Cassien commente : « […], l'âme très pure […] peut viser par-là d'abord le règne inauguré chaque jour par le christ dans l'âme des saints. » Si l'âme s'efforce de vivre des vertus théologales et cardinales, elle tient le tentateur loin d'elle et : « Dieu entre chez nous en souverain, en même temps que si répand la bonne odeur des vertus. » […] « l'âme tient ses regards ardemment fixés sur cet heureux terme, pleine de désir et d'attente, et elle s'écrie ! « Que ton règne arrive ! » elle sait bien, car sa conscience lui en rend témoignage, que, dès qu'il aura paru, elle entrera en partage de ce royaume. »
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel…
La volonté de Dieu est claire : « que tous les hommes soient sauvés ». La volonté, chez l’ange est parfaitement unie à celle de Dieu.
La volonté de l'homme doit s’unir à celle de Dieu. Chez l’homme, elle est la troisième puissance de l'âme, un attribut de Dieu, appelée aussi spirituel agent ou volonté d’amour.
La volonté est l'un des traits qui distinguent l'homme du reste de la création. Sauf en cas d‘handicap avéré, chacun possède en lui le pouvoir d'user de sa raison pour décider de la qualité morale et spirituelle de ses actes, soit de l’usage de sa liberté.
Faire la volonté de Dieu ne consiste pas à subir, mais à collaborer, ce qui exige d’entrer, avec Jésus, dans son obéissance filiale : « Je suis venu faire ta volonté ».
Demander à Dieu le Père que sa volonté s'établisse sur la Terre à l'exemple du ciel, c'est renouveler la demande de son règne. C'est lui demander que tout le genre humain soit, de fait, conformé à sa ressemblance. Et que tous les hommes soient des saints. Oui, c'est bien là la volonté de Dieu, mais avec la collaboration des hommes. Dieu veut que nous lui remettions notre liberté entre ses mains du lever du soleil et au coucher de la lune :
Saint Cassien commente : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », n'est-ce point autant que si l'on demandait que les hommes soient semblables aux anges, et que, comme ces esprits bienheureux font au ciel la volonté divine, ainsi que les hommes l'accomplissent sur la terre, et non point la leur ? »
Nous ne parviendrons à faire la volonté de Dieu que si nous passons par Marie qui, elle, nous aidera à nous unir à l’obéissance du Christ Jésus. Nous ne pouvons faire la volonté de Dieu le Père que de l'intérieur de l'obéissance de son Fils : « […] je suis venu faire ta volonté. »
Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien…
Là où Dieu est honoré, où son Nom est béni, le pain ne manque pas, car Dieu ne retire pas ses bénédictions. Les famines sont causées par l’accumulation de nos fautes individuelles, et aujourd'hui, elles s'accumulent dangereusement. Le concept de faute collective n’existe pas, mais il est évident que l’accumulation des fautes individuelles entraîne les peuples à cautionner des actes collectifs contraires à la volonté de Dieu.
Tout homme a le droit de se nourrir, de se vêtir, à préserver significativement sa dignité, et la société doit y pourvoir, et ce droit lui vient de son travail. Le premier scandale d’une société est quand la pauvreté génère la misère, parce que le travail ne parvient plus à subvenir aux besoins les plus élémentaires. Il procède également du fait que l’homme soit privé de travail pour des raisons de rentabilité immorale, mais également en développant une fausse culture dévalorisant la vertu morale du travail en maintenant de mauvaise conditions : rémunération ou confort. Toutefois, derrière cette situation, il ne peut être ignoré, que nos dirigeants développent une politique économique et sociale délibérée en vue de soumettre les citoyens par une appétence d’assistanat, l’une des formes modernes et des plus pernicieuses du servage.
L’injustice c’est aussi de pousser un homme, une femme, un enfant au chapardent un pain pour survivre et de les punir de manière démesurée, alors que les délinquants sont laissés en liberté, et souvent pas les moindres d’entre eux.
Le scandale de l'injustice profonde est là. Il hurle auprès du trône de Dieu. Les pouvoirs complices et la société effacent le sourire de l'innocent et les larmes du vieillard, du malade, de l’handicapé. Nous nous vautrons dans le sang innocent, car il faut bien préserver ses rentes.
Entendons-nous la justice du Père éternel gronder et emplir le silence de Jésus face à Ponce Pilate quand il lui pose la question : « Qu'est-ce que la vérité ? » Nous refusons de l’entendre, elle nous sera pourtant un tonnerre.
Il s’agit bien sûr du pain matériel — Dieu ne méprise pas nos besoins — mais surtout du Pain de Vie, l’Eucharistie. Sans ce pain, la vie spirituelle s’éteint. Celui qui se prive volontairement du Pain eucharistique se met en famine spirituelle :
Saint Cassien commente : « Nous ajoutons : Donne-nous aujourd'hui notre pain supersubstantiel – épiousion –, et, selon un autre évangéliste ; notre pain quotidien. Le premier qualificatif exprime sa noblesse et le caractère de sa substance, qui l'élèvent au-dessus de toute substance, et font qu'il dépasse par sa sublime grandeur et sainteté toutes créatures. Le second exprime l'usage qu'il en faut faire et son utilité : le mot quotidien montre que sans ce pain, nous ne pouvons vivre un seul jour de la vie spirituelle. »
Soucions-nous de servir la Gloire de Dieu et d'honorer son Nom béni, et Dieu se souciera de nos besoins réels. Cela demande, pour chacun d'entre nous, un effort de tempérance, d'ascèse, de modestie, y compris – et peut-être surtout – dans nos achats, dans nos habitudes de consommation, car le premier nécessaire est le Pain de Vie :
Saint Cassien commente : « Mais – aujourd'hui – peut s'entendre également de la vie présente. – Tandis que nous sommes dans ce monde, donne-nous ce pain. Nous savons que tu le donneras aussi dans le monde à venir à ceux qui l'auront mérité. Mais nous te prions de nous l'accorder aujourd'hui, parce que celui qui ne l'aura pas reçu en cette vie, ne saurait y avoir part dans l'autre. »
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés…
Dieu veut que l'homme soit sauvé par un mouvement de sa volonté. En effet, tous les hommes sont sauvés en puissance, mais le salut exige, de la part de chacun, une obéissance aux Commandements, à sa Loi. Il propose le salut, il ne l'impose pas.
L'homme est libre de se refuser à la Miséricorde divine, libre de rejeter le projet de vérité et d'amour que Dieu a pour lui, mais il doit intégrer que la Miséricorde divine n’est pas un libre-service comme certains membres de la hiérarchie ou autres pseudo-intellectuels nous le laissent à croire.
Si Dieu le Père a accepté le sacrifice de son Fils pour nous accorder son pardon et nous adopter, comment pourrions-nous justifier notre refus de pardonner à nos offenseurs, et surtout celui de ne pas prier pour eux ? Si l'acceptation de la miséricorde est l'une des conditions pour être admis à la Gloire de Dieu, pourquoi ne pas faire à nos ennemis ce que nous demandons à Dieu de faire pour nous ? Pardonner !
C’est la demande la plus redoutable. En la prononçant, nous demandons à Dieu de nous juger selon la mesure que nous appliquons aux autres. Impossible de demander la miséricorde tout en gardant de la rancune. Le pardon reçu oblige à donner son pardon.
Saint Cassien commente : Dieu « nous fournit l'occasion dans la prière même, et nous offre la facilité de le provoquer à rendre sur nous un jugement indulgent et miséricordieux ; il nous donne en quelque sorte le pouvoir d'adoucir nous-mêmes notre sentence et de le contraindre au pardon par l'exemple de notre propre indulgence, lorsque nous lui disons : « Pardonne-nous comme nous avons pardonné2. » […] Il suit cependant que quiconque n'aura pas pardonné du fond du cœur les tors de son frère, n'obtiendra par cette prière que sa condamnation, au lieu de l'indulgence, puisqu'il lui demandera lui-même un jugement plus sévère, en disant : « pardonne-moi comme j'ai pardonné. » […] « Un jugement sans miséricorde attend celui qui n'aura pas fait miséricorde. » (Jac. 2, 13)
Ne nous laisse pas entrer en tentation…
La tentation a deux modes d'expression :
1er mode – elle est extérieure à soi, elle surprend. C'est un mode, disons passif. Notre volonté n’est engagée que si nous entrons dans cette tentation.
2ème mode – nous ne faisons pas l'effort de nous corriger de nos mauvaises habitudes, même si nous pratiquons le sacrement de confession. La tentation, dans ce cas, vient de nous, puisque nous y consentons en amont, et dans ce cas nous la consommons. Nous engageons notre libre arbitre dans un mauvais vouloir. Notre péché est alors plus grave, quand bien même aurait-il la forme et substance d’un péché véniel, car là, il n'y a pas de surprise. Nous vivons, d’une certaine manière, à l’intérieur de la tentation, ce qui nous porte à justifier notre péché, notre vice ; c’est un état intérieur dangereux, car il nous amène au rejet de la miséricorde divine.
« Ne nous laisse pas entrer en tentation » n'est pas une formule magique, mais une supplique à Dieu, afin qu'il veille à ce que le Malin, le Tentateur, ne nous surprenne et ne nous entraîne dans son espace de tentations. Nous confirmons par cette demande que nous sommes pécheurs et que nous avons besoin de sa grâce.
Dieu permet les épreuves pour nous faire grandir, mais il ne veut pas que nous tombions. Cette demande n’est pas magique : elle suppose que nous refusions les occasions consenties de péché. Job fut tenté sans tomber ; c’est cela ne « pas entrer » dans la tentation. La tentation n’est pas le péché : le consentement à la tentation est le péché.
Saint Cassien commente : « La demande suivante : « Ne nous (induit pas en tentation) laisse pas entrer en tentation », soulève un difficile problème. Si nous prions Dieu de ne pas permettre que nous soyons tentés, quelle preuve donnerons-nous de notre constance ? Car il est écrit : « l'homme qui n'a pas été tenté n'a pas été éprouvé, et encore : heureux l'homme qui supporte la tentation. » […] Job a été tenté ; il n'a pas été induit en tentation ; car il n'a pas accusé la divine Sagesse, il n'est pas entré dans la voie de l'impiété et du blasphème, où le tentateur voulait l'entraîner. Abraham a été tenté ; Joseph a été tenté ; ni l'un ni l'autre n'a été induit en tentation, parce que ni l'un ni l'autre n'a donné son assentiment au tentateur. »
Mais délivre-nous du mal…
Dès l'instant où Adam et Ève consommèrent le péché suscité par Lucifer, le mal est entré dans la création, ne cessant de vouloir la dominer et la détruire. Car le mal n’est pas quelque chose, mais il est la privation du bien et la réduction de notre liberté.
Le péché originel a fait éclater la communion entre l’homme et la création, il l’a comme écrasée sous un empilement de champs mémoriels inter-relationnels qu’on peut identifier par les péchés graves, spécifiques que gouverne un prince démon. Leur constitution est à chaque fois une période marquée de notre histoire universelle.
Cette demande finale : « mais délivre-nous du mal ... » donne sens à toutes les autres demandes. Nous demandons d’être arrachés au pouvoir du Malin. Être délivré du mal, ce n’est pas seulement éviter les dangers ; c’est vivre dans une espérance active, en marchant déjà vers la victoire définitive du genre humain par le Christ :
Saint Cassien commente : « Notre-Seigneur encore a tracé pareillement, par la forme de sa supplication, le dessein de cet état, lorsqu'il se retira dans la solitude de la montagne, ou que, dans la prière silencieuse de son agonie, il répandait la sueur de sang, par un exemple inimitable d'ardeur intense. »
Conclusion
Le Notre Père n’est pas une belle parole à réciter distraitement. C’est une carte de route spirituelle, un programme de sanctification, un combat, la préface de la vie éternelle. Chaque fois que nous le disons, Dieu le Père nous entend et nous répond selon nos besoins réels naturels comme surnaturels :
Veux-tu vraiment ce que tu demandes ? Alors, accepte que je te transforme pour tu puisses recevoir avec fruit, ce que tu me demandes.
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1 Le Pater expliqué par les Pères, trad. Par le Père Adalbert Hamman, édit. Franciscaines, 1962
2 Pour facilité la compréhension du discours rédigé dans une langue pure, mais peu entendue de nos jours, j'ai transcrit la formule à notre décadence, car saint Cassien a traduit la prière du latin par : "Remets-nous comme nous avons remis." Cette formule n'est plus en usage quoique parfaitement coordonnée à la haute tradition chrétienne.

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