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LETTRE A MON FRÈRE DANS LA FOI n°2 de P. C. Aubrit St Pol













Mon Cher Jean-Marie,

Je reprends notre entretien de retour de mon pèlerinage à Lourdes. Il m'aura fallu un répit pour me remettre des chocs que j'ai affrontés. J'ai toutefois reçu de grandes consolations.


Gérard avait eu l’inspiration de m’inviter à nous rendre sur un lieu d’apparitions en Italie, mais avec leurs dispositions sanitaires, c’était impossible. Je lui ai proposé de nous replier sur Lourdes, notre frère Jean nous offrait l’hospitalité, il aura été un hôte des plus aimables et d’une charité parfaite. Nous avons vécu ces quelques jours dans une fraternité forte. Il me semble que nous nous sommes approchés de ce que pourraient être les refuges que nous rejoindrons dans les temps ouverts par la Providence. Nous avons connu des instants de grâce indicible, ce qui nous a permis de porter les épreuves que je m’apprête à te conter avec une certaine passivité et paix, pour moi ce fut d’abord une résignation et ce sentiment d’impuissance qui m’a fait rejoindre le mystère de la croix. Il s’agit véritablement d’un scandale. Nous avons eu des élans de colères, et sur le moment, il n’aurait pas fallu qu’on nous titille ; mais Gérard a eu les paroles de sagesse, et notre colère est tombée. Je n’aurai pas été fâché d’habiller quelques prêtres déshabillés…


Laisse-moi te décrire notre voyage. Gérard a préféré prendre l’autoroute, la circulation été anormalement fluide, soulignant l’importance du ralentissement économique. Nous nous sommes arrêtés sur une ère, le magasin était d’une tristesse affligeante, il respirait la propreté aseptisée des hôpitaux. Nous étions masqués, et c’est à peine si les clients qui s’y trouvaient se regardaient, la peur d’attraper le virus par un regard de courtoisie, comme dans ce film de série D où joue Jean Lefebvre, dans lequel la fille du cafetier annonce à son père qu’elle est enceinte par le seul fait qu’elle a regardé son amoureux dans les yeux. La société est transformée en troupeau de pieds nickelés zombis. A l’aller comme au retour, nous avons vu des chauffeurs routiers très imprudents, même s’il leur est permis de doubler un autre camion, ne devrait-on pas l’interdire, à partir d’un certain tonnage ?

En entrant dans la ville de Lourdes, nous nous sommes demandé si nous nous n’étions pas trompés non de destination, mais de planète ; peut-être, que par permission de Dieu, les anges-démons nous avaient transportés dans l’espace à notre insu.


La ville est abattue, triste, morne ; une sorte de cimetière des commerces, de semi-comas, les rideaux baissés, des hôtels à vendre, des cessations d’activité tous les dix mètres. On n’est jamais descendu de trottoir pour laisser passer un passant, pas une vieille dame à aider pour traverser la route. Le Gave s’écoule avec son étrange couleur vert de gris rendant l’atmosphère encore plus pénible. Les Lourdais n’ont guère le sourire, la ville pétrifiée, figée, est dans une attente désespérante. Le seul endroit où l’humanité bondissait aura été un supermarché. La cité attend son roi.


En entrant dans le sanctuaire mon ami, la sensation est irréelle, une sorte de veillée avant un cyclone, qui doit s’abattre à l’intérieur de l’Eglise et sur le monde, et que nous appelons de nos vœux, mais cela n’arrivera pas tout de suite, le chao n’est pas à son comble. Nous étions moins de cinquante pèlerins, plutôt trente, tous masqués sauf nous, on nous regardait, mais aucun, sauf le gardien, nous reprocha de ne pas le porter. Certains semblaient envier notre résistance. Au gardien qui nous en a fait le reproche, je lui rétorquais qu’on n’oblige pas Dieu à la loi du corps, c’est ce que pensaient nos ancêtres lors de la grande peste. Une religieuse faisait fonction de tonton macoute, elle interdisait l’accès au rocher de Massabielle, et osait dire qu’il y avait là plus de grâces à obéir ! Pauvre sotte ! Au nom de l’obéissance, on se laisse rogner notre liberté, notre royauté, nous nous sommes auto-fagocité avec notre besoin luciférien d’être rassurés. Quel lien de cause à effet il y a à embrasser le rocher avec la pandémie ? C’est bien-là une décision de francs-maçons, ils pourrissent Lourdes. Les responsables religieux couchent avec la république, et le Vatican, qui a autorité sur le sanctuaire, dort tranquille. Mais il y a pire mon frère, les grilles qui donnent accès au chemin de croix qui surplombe la grotte de Massabielle sont fermées, interdiction d’y entrer, alors qu’il n’y a aucune nécessité sanitaire, le chemin est long, les stations espacées. Notre frère Jean a interrogé assidument les responsables religieux sur ce point, ils ont fini par convenir que c’est parce que ce chemin de croix est un canal de grâces. Ainsi donc, mon ami, le scandale sanitaire n’est qu’une opportunité pour éloigner les âmes des sources de sanctification. Et il ne se trouve aucun dignitaire pour dénoncer cette injustice. Une décision des soviets. Nous avons été contraints de nous replier sur le chemin de croix dressé sur la plaine rive droite. Quelle horreur ! Ils ont ajouté des stations qui n’ont pas grand-chose à voir avec la Passion, les stations sont rapprochées l’une de l’autre bien plus opposées aux règles sanitaires, et on y ressent rien. Dieu n’est pas l’inspirateur de ce chemin de croix.

Quant aux évêques, leur crédit spirituel et moral a atteint un tel rabais qu’il prend le chemin de la vente à l’encan, et pourrait bien finir accroché à une potence comme exvoto à la république maçonnique, attendant le passage du ferrailleur, telle la peau de lapin retournée et bourrée de paille. Il y eut une situation comique. Afin de ne pas gêner les pèlerins, nous nous sommes déplacés pour réciter notre chapelet, et le sort a voulu que je me retrouve à poser mes yeux sur l’horizon d’une paire de fesses féminines recouvertes d’une sorte de collants noirs qui dessinaient parfaitement l’anatomie de la dame dont l’inévitable raie des fesses. Le sujet fort bien planté faisait dans les 150 kg pour 1m80. Ce fut un moment difficile qui perdura jusqu’à la fin de notre prière. J’ai regrettais de n’avoir ni sarbacane ni chardon. Je crains qu’au-delà d’une invincible ignorance qu’il est à étudier un invincible éblouissement de soi.


Ce séjour devait pourtant être marqué par deux nouvelles qui m’ont mis dans une grande colère intérieure, je m’en vais tant conter l’affaire. Une âme, que je soutiens, a perdu sa maman, une femme pieuse, attachée au rite tridentin ; elle demanda à son fils unique de recourir à ce rite pour son enterrement. Elle assistait régulièrement à ces célébrations liturgiques. Son fils, qui a charge de trois enfants, n’a que de petits moyens, aussi pour ne pas avoir à emprunter, il eut recours à l’incinération, qui est autorisée depuis le Pape saint J. P. II. Le supérieur local de cette fraternité interdit à son vicaire de célébrer la messe des défunts pour cause d’incinération du corps. Je me demande ce qu’en pense sainte Jeanne d’Arc et tous nos martyrs depuis saint Ignace d’Antioche qui ont péri par le feu. La pauvre défunte n’eut droit qu’à une absoute, mais on accepta les messes à son intention. Vois-tu, mon cher frère, ce genre d’attachement à la tradition est toujours source de scandale, car ici la charité a été offensée pour une forme que l’Eglise autorise, mais il est vrai que cette autorisation vient de l’après concile. Cette fraternité traditionnaliste a pourtant rejoint la pleine communion avec le Saint Siège, mais beaucoup de ses membres sont indécrottables, à croire qu’ils sont assis sur le manche d’un balais brosse. Y a-t-il quelque chose au-delà de la connerie ?

Mais la confusion pour cet homme pieux devait atteindre un point d’orgue inouï, et ce venant d’un prêtre. Dans son diocèse d’origine, ce pauvre fils, bouleversé par le décès subit de sa maman, attira l’attention d’esprits très malfaisants. Figure-toi qu’il fut contacté par un prêtre qui lui proposa d’entendre les messages oraux de sa mère par un système d’écoute dont je n’ai pas compris les termes techniques. Il me demanda ce que j’en pensais ! Tu imagines ma réaction. Je le lui ai recommandé de n’en rien faire, et j’ai dit ce que je pensais de ce prêtre en des termes qui lui aurait valu de porter une soutane en plomb, s’il en portait une.


Cette démarche fait appel aux flux médiumniques, au psychisme, ce qui revient à faire tourner les tables pour invoquer les esprits et à s’attirer les anges-démons aériens, c’est un domaine interdit, car source d’infestation et parfois de possession. Un tel prêtre devrait être réduit à l’état laïc, il n’a rien à faire dans l’Eglise.

Ces trois évènements illustrent l’état de confusion dans l’Eglise, nous n’avons pas fini de nous en scandaliser, de souffrir avec le Christ qui a plus besoin de notre silence et de notre offrande que de notre colère quand bien même serait-elle justifiée. Plus que jamais, nous devons entrer dans une résistance spirituelle, morale et culturelle, elle ne peut être que passive, puisque l’heure est celle de la Croix et du Tombeau, ce qui ne signifie pas qu’il faille être sans rien faire. Nous devons continuer de témoigner de notre espérance et surtout de la vérité des faits comme de la Révélation. Nous ne pouvons cesser d’être apôtres du Christ. Il est impératif pour des fidèles comme nous de nous organiser et de créer des réseaux de solidarité. Mais qui va comprendre que nous sommes déjà dans les châtiments ? Trop de catholiques dansent sur leur propre tombe.


Mon frère et ami ne te lasse pas de rechercher l’amitié de Jésus, crie vers Lui ta misère et ton cœur sera comblé.


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