LES ENTRETIENS DE PERPIGNAN : VIVANT - L'HOMME - UNE PERSONNE - de Pierre Charles Aubrit Saint Pol
LE GENOME
LE VIVANT
TROIS ORDRES – UN REGNE
JOSEPH : - Quelle idée que ce camping au bord du lac de la Raho en hiver ! Il n'y aura pas de vent, c'est heureux.
ALBERT : - Nous en avons eu l'idée. J'ai suggéré ce lieu, Augustin ne connaît pas encore bien la région. Nous ne serons guère dérangés. Nous avons tout organisé. C'est en mémoire des quatre jours passés avec vous dans un affût, en Baie de l'Authie, à la fête de la Toussaint.
JOSEPH : - Rancuniers ! Qui l'eut cru ?
THOMAS : - Et, par un froid de canard ! Nous n'avons pas tiré un coup de feu et, nous avons dû acheter notre canard sauvage, ce qui absorba notre argent de poche du mois ; nos parents n'en furent pas dupes et nous chambrèrent. Nous avons évité de peu la méningite, tant vous nous avez fait réfléchir.
JOSEPH : - J'aurai fait tout cela !
ALBERT : - Notre ramen est près. Je l'ai relevé d'un piment d'oiseau à cause du froid, j'ai ajouté pour chacun un jaune d’œuf frais que j'ai amalgamé à une cuillère à café de farine de pois chiche. Nous tiendrons jusqu'au souper.
JOSEPH : - C'est un bel endroit, nous avons la nature pour nous. Observez le Canigou, la lumière du soleil couchant dore son sommet enneigé et les ombres s'étirent en un tissu moiré épousant le relief.
JEROME : - La plupart de nos congénères regardent la création en maquignon : une belle bête, une belle voiture, une robe aguichante, un bras de Vénus bien crémeux et un tremplin politique. Peu d'entre nous l'accueillons pour elle-même et la laissons nous recevoir. Les fils de la terre ont perdu la grâce de l'émerveillement.
AUGUSTIN : - Les fils de la terre sont figés dans le concupiscible, enfermés par l'esprit d'accaparement, d'appropriation. La création ne leur est qu'une source de profits.
THOMAS : - Il est vrai que les ténors de l'écologie ne croient guère à ce qu'ils disent ; ils ont une logorrhée de mauvaise fenaison. Ils descendent des terroristes de la Terreur, les juges sans conscience de la bonne conscience des autres. Les Saint-Juste de l'herbe qui ne se cachent pas de se rafraîchir au sang des enfants à naître. Prétendre défendre la nature et préserver le droit à l'avortement, promouvoir l'euthanasie, c'est-là un discours de faux-monnayeurs, des bonimenteurs du mal profond. Leur défense de la nature est une arme de destruction massive de la patrie, du genre humain. La création n'a besoin que d'un bon jardinier.
JOSEPH : - L'homme ne retrouvera sa place dans la création, qu'à la condition d'entreprendre une purification intérieure et une ascèse, ce qui inclut de reconsidérer sa relation à la vérité. Il n'a pas à se laisser dicter sa conduite mais, à repenser la responsabilité de ses décisions. L'Evangile suffit pour le chrétien. Il n'est pas légitime de s'abandonner à un maître qui pense pour nous, ce n'est ni le rôle d'un politique, ni celui d'un intellectuel et ce n'est plus celui du prêtre. Prendre conseil oui, se soumettre au conseiller non. Notre conscience morale nous appartient et, nous en sommes seuls responsables devant Dieu1 et les hommes. L'homme libre vit en communion avec Jésus-Christ, avec ses semblables et la nature qui, si elle est à sa disposition, ne lui donne pas le droit de la dévaster. La création subit les conséquences de l'état intérieur délabré de l'homme2. Il ne reconnaît plus l'interdépendance entre lui et le créé. Son rejet de la vérité en fait un individu sans réelle identité, un toxicomane des appétences ; il se réclame de la religion selon ses intérêts, paravent de sa médiocrité.
JOSEPH : - L'eau est la vie, voilà un bon sujet de réflexion. Qu'en pensez-vous ?
AUGUSTIN : - Nous aurons une rousquille au dessert, elles viennent d'Amélie-les-Bains. - Le vivant ne se découvre-t-il pas par opposition à l'inerte ? La matière n'est pas un vivant, parce que, elle n'a ni forme, ni mouvement alors, que le vivant se définit par le mouvement et la forme. - Quelle est la cause du vivant ? - Est-elle identique à celle de la matière ? La matière a été créée en vue de vivant, il est donc logique que la Cause Première qui la créée soit la même qui créa le vivant.
JEROME : - La racine du mot vivant est indo. euro. gweyé – vivre ; en grec, la même racine donne zan – vivre qui donne deux dérivés zoé – vivre et zôon – être vivant. Le verbe être précise, identifie, qualifie un vivant ayant la conscience de son existence, une personne. Seul l'homme est un être vivant. C'est un « JE3 ». Considérons ce que YAHVE dit de Lui à Moïse : « Je suis celui qui Suis […] celui qui Est ». Il le révèle à un homme, une créature à son image et à sa ressemblance, ce qu'Il dit de Lui est précédé par un appel nominatif : « Moïse, Moïse ! ». En appelant Moïse par son nom et à deux reprises, Il confirme l'identité d'homme de Moïse et sa ressemblance à Dieu4. Seuls, les alter-ego s'appellent par leur nom, ils se reconnaissent une commune identité5. YAHVE rappelle que l'homme est la cause finale naturelle de la création. C'est un règne, un irréductible, s'il veut se damner Dieu ne peut s'y opposer ; l'homme décide de son salut comme de sa damnation.
THOMAS - Quelle est la cause du vivant, puisque, ce n'est pas la matière ? - Peut-il être envisagé que, dans la mémoire-forme il y ait eu un facteur qui aurait appelé à la vie ?
JOSEPH : - Je ne puis donner de moi-même que ce j'ai en moi et qui fait ma nature. La matière est inerte, informe, c'est sa nature ; elle ne peut pas être à l'origine de la forme et du mouvement, ni la cause de la vie. La poussière, par elle-même, n'a pas donné un vivant primaire qui, sur des siècle, serait devenu un homme.
ALBERT : - Votre démonstration Joseph exclut la théorie du hasard et de la nécessité de Jacques Monod. Le hasard n'est pas un créé ni une personne mais, un concept opportuniste pour ceux qui refusent une vérité qui ne pro-cède pas de leur raison. Si les ordres : minéral, végétal, animal et le règne humain tirent leur substance de la matière, cela ne signifie pas qu'elle soit la cause de la vie car, il faudrait lui concéder une intelligence qu'elle n'a pas. A moins d'être dans un déni désespéré, les harmonies liées à la création ont une cause qui ne peut être qu'harmonie et intelligence.
JOSEPH : - La cause, se trouverait-elle à l'intérieur de notre espace-temps ?
AUGUSTIN : - En traitant de la matière et du temps, nous avons démontré que tous les deux étaient des créés. La réponse à ta question est, que la cause de la création se trouve à l'extérieur de notre espace-temps qui a été créé pour recevoir la manifestation de la vie. Une cause est toujours à l'extérieur de ce qu'elle crée. Le mouvement indique la cause qui ne peut être que la vie.
JEROME : - Sommes-nous sûrs de pouvoir qualifier de créateur, la cause de la vie ? - Car, selon la Révélation, Dieu, Cause Première, n'est pas un créé ? - Un non-créé, peut-Il créer la vie qu'Il est ? Dire que, une cause a créé la vie suppose qu'elle soit un créé elle-même. Non, la cause de la vie ne crée pas la vie car, il faudrait être en capacité d'identifier la cause du créa-tuer de notre vie ; nous sommes en présence d'un défaut de vocabulaire et conceptuel : la Cause Première de la vie ne la crée pas, elle la communique, puisque, son état, sa nature, sa substance est la vie. Le Vivant qui EST, est le JE6 originel. Adam et Eve, Dieu les a créés en tant qu'objets physiques mais, Il leur a communiqué la vie.
ALBERT : - Dieu, Cause Première, communique la vie par l’âme dont la nature première est de donner la forme, le mouvement soit la vie est pour l'âme comme une nature surajoutée. - Est-ce que l'humain crée un autre lui-même ? Non, il engendre, procrée, il se donne, il transmet la vie. Si la Cause Première est un Incréé, c'est que sa nature est d'être la Vie ; il est conforme à la raison de dire que l'Incréé communique ce qu'Il EST, la vie. Dieu.
AUGUSTIN : - L'ordre de la manifestation du vivant sur Terre est-il conforme au récit contenu dans le livre de la Genèse ? Ce n'est pas une question subsidiaire ; la réponse peut aider nos contemporains à reprendre conscience de leur identité et de leur place dans la création. Tout ce qui se meut est un vivant, que ce soit sur et dans la terre, dans les airs, dans les eaux. La même et unique Cause Première les a créés, appelés à la vie. Ce qui introduit une réflexion sur le multiple et l'un. Les mathématiciens, physiciens, bio-généticiens ont conclu que le multiple procède de l'Un ; il est accepté, par la majorité des généticiens, que la théorie du monogénisme est fondée, malgré certaines oppositions dues à des a priori idéologiques. D'autre part, soutenir que le multiple retourne à l'Un n'a aucun sen. Il s'agit d'une proposition venant des influences du bouddhisme et de l’hindouisme, c'est une de leurs justifications de la migration des âmes7. Si l'homme retourne à l'Un, cela revient à dire qu'il s'anéantit, ce qui est faux et, c'est ce que confirme la Résurrection de Jésus-Christ ; après la mort, un homme, une femme conserve sa personnalité, son caractère dans la damnation comme dans la vision béatifique. La hiérarchie du récit de la création dans le livre de la Genèse est confirmée par la hiérarchie biologique. Ce schéma se retrouve dans les nécessités de la survie du vivant : l'humus nourrit le végétal ; le végétal nourrit l'animal ; l'animal nourrit l'homme qui se nourrit du minéral, du végétal et de l'animal. Cette hiérarchie de la nécessité est semblable à la celle de la création et à celle des ordres dans la société qui est aussi le schéma de l'autorité et du commandement8.
THOMAS : - Quel crédit puis-je accorder à l'affirmation selon laquelle tout vivant a une âme ?
JOSEPH : - L'âme est immatérielle et, elle a pour fonction de donner le mouvement et la forme c'est-à-dire la vie : « Elle est ce par quoi la vie qui était en puissance dans le corps devient acte, elle donne le mouvement ». Le corps en lui-même n'est pas en puissance de la vie, car le terme puissance désigne qu'il la posséderait avant qu'elle ne lui soit communiquée, cela ne peut être, la matière, quel que soit son état, n'est pas porteur de la vie, elle l'attend. C'est par l'âme que la vie se communique. L'âme a la même fonction pour toutes les espèces, les deux ordres et le règne du l'homme : - Le végétal a une âme végétative ; - L'animal a une âme sensitive ; - L'humain a une âme spirituelle par l'apport de trois Attributs de Dieu Trine qui se nomment également Puissances. Chaque vivant a une place déterminée qui contribue à la hiérarchie du créé ; c'est l'un des éléments du fondement de la Loi Naturelle, la Loi Morale, du paradigme divin.
JEROME : - Arrêtons-nous un instant au sujet de l'âme. Permettez-moi cette digression : saint Thomas d'Aquin nous dit que nous retrouverons les animaux dans l'éternité, c'est donc qu'il y a en leur anima (âme de nature différent de celle de l'humain) une qualité qui rend possible l'état d'éternité, ce qui est pareil pour l'homme. Revenons à la nature de l'âme : il nous est enseigné qu'elle donne le mouvement et la forme, nous dessinant selon la cause exemplaire que le Père éternel pense. Les philo-sophes, au plus loin dans l'histoire, nous enseignent que l'âme donne la forme et le mouvement comme si telle était sa nature. Mais nous savons aujourd'hui que l’animation du vivant se fait en deux actes dans un même temps : 1er l'âme et 2eme l'apport des Puissances qui contiennent les possibles. Nous verrons que ce sont les possibles contenus dans les Puissances qui, mis en acte, donnent le mouve-ment et les capacités du vivant à être ce qu'il est. Quand bien même l'âme, de fait, apporte le mouvement soit la vie, sa raison d'être à l'instant de sa création n'est pas autre chose que de donner la forme, l'image selon la cause exemplaire pensée par Dieu le Père. L'apport des Puissances ou Attributs divins, même s'il est fait dans le même instant de la formation du Premier Génome n'en est pas moins séparé de la création de l'âme. J'ai conscience, que cette proposition va à l'encontre de la doxa, c'est comme pour l'Incarnation du Verbe et sa Passion que l'on veut d'une cause et intention unique et mutuelle, ce qui est faux9. Il importe de distinguer dans un premier temps, la création de l'âme, qui donne la forme ou l'image, de l'apport qui lui est fait des trois Puissances pour communiquer la vie (soit l'animation proprement dit), cette distinction des actes permet de mieux comprendre toute l’importance de l'animation et d'approfondir ces deux mots : image et ressemblance.
ALBERT : - C'est-là un exposé inattendu qui ne change rien sur le fond mais, effectivement, découvre un regard plus méthodique sur le sujet. Je propose de poursuivre sur la question des trois Attributs ou Puissances. Chez les stoïciens, l'âme du vertueux survivra à la mort de son corps physique. Dans la plupart des religions primitives, il y a des vestiges de la tradition adamique, l'intuition d'une survivance de l'âme après la mort dont dépend, par un juge-ment, la qualité de son immortalité. Les sages chinois aimaient discuter de sujets graves avec de la Rosée de Mai10ainsi que du thé au jasmin, mais à nous, il nous est donné de l'Eau Vive.
THOMAS : - Albert, tu ne changeras jamais. Le philosophie catholique croit que la Cause Première et Unique est Dieu. En effet, une cause intelligente, incréée, créatrice des univers en est l'Auteur, elle se nomme Dieu, car le nom de Dieu désigne sa nature DIEU : l'origine sans origine de tout ce qui est et existe. Lui qui est la vie, la communique et se communique par la vie. Mais, faisons une pose, c'est l'heure du repas, aidons Augustin et Albert.
AUGUSTIN : - Nous vous avons fait une boulinade de poissons, de crustacés et de sèches étalés en couches intercalées de pomme-de-terre en rondelles, de la Bintje et d'oignon, dans un faitout enduit de sagi et d'ail, le tout saupoudré de piment d’Espelette avec un léger parfum de thym et dans un bouillon de poissons, accompagné d'un Banyuls blanc-sec. Les Marseillais peuvent aller se rhabiller.
JEROME : - Je suis vexé, laisse en paix les Marseille-lais, ils sont pollués par les mafias en tout genre mais, le vrai marseillais est un brave gars, honnête qui aime la vie mieux que l'O.M. Il chante, parle, joue à la pétanque, boit à la régalade, se paie en rigolade car, il vit du Mistral et de sa mer dans la lumière de la Bonne Mère.
JOSEPH : - Eh bien voilà ! Un chauvin de plus ! La philosophie ne vous aura pas arrangés de ce côté-là.
THOMAS : - J'aime la France, je l'aime, parce que, j'aime d'abord ma région.
ALBERT - Il n'y a rien à redire ; passons à table.
1 La parabole de Lazard et la conversion du Bon Larron.
2 Les écologistes sont défenseurs de l'avortement, de l'euthanasie, du wokisme, du Lgbtisme dont la cause majeure est le noachisme. Ils sont dans une psychologie-politique fascisante. Ils n'acceptent aucune opposition, n'ont aucune bienveillance ni respect de la personne ; c'est le dernier étage de la révolution.
3 Les Hébreux ne prononçaient pas ce pronom JE ; c'est peut-être sous l'influence de Zénon, fondateur du stoïcisme que le concept de la personne se forge, il sera repris par Marc-Aurel qui le développera et que, la doctrine chrétienne incorporera dans son Magistère infaillible. Mais le JE ne se prononce qu'à l'intérieur du JE SUIS de Dieu. Car, si effectivement la personne est individualisée, indépendante de sa cause première et de son semblable, sa substance signifiant son anthropologie a pour origine cette cause première qui est le seul ETRE à pouvoir se définir par : JE SUIS CELUI QUI SUIS. Prononcer son JE, c'est le prononcer à l'intérieur du JE SUIS à savoir en dépendance de l'ETRE de ce JE SUIS. Dire JE, c'est reconnaître sa ressemblance avec Dieu, c'est donc affirmer en être sa gloire et être dans la permanence de l'action de grâce.
4 Le doublement du nom de Moïse indique que c'est la seconde Personne de la Très Sainte Trinité qui l'appelle. Moïse avait la révélation trinitaire.
5 Donner le nom d'une personne à un animal, n'est pas innocent, c'est une transgression. L'ordre de la création est inversé, le paradigme divin est jugé.
6 Ce pronom personnel est une apparition relativement récente ; les Hébreux ne le prononçaient pas. Il semble se propager à partir de l'élaboration du concept de la personne avec l'empereur Marc-Aurel et la diffusion de la foi chrétienne. Mais le JE ne se prononce qu'à l'intérieur du JE SUIS de Dieu. Car, si effectivement la personne est individualisée, indépendante de sa cause première et de son semblable, sa substance signifiant son anthropologie a pour origine cette cause première qui est le seul ETRE à pouvoir se définir par : JE SUIS CELUI QUI SUIS. Prononcer son JE, c'est le prononcer à l'intérieur du JE SUIS à savoir en dépendance de l'ETRE de ce JE SUIS. Dire JE, c'est reconnaître sa ressemblance avec Dieu, c'est donc affirmer en être sa gloire et être dans la permanence de l'action de grâce.
7 Cette errance de l'esprit a sa cause dès le premier siècle après J.C. De l'opposition au christianisme qui s'oppose tout de suite à la gnose, sachant qu'historiquement, selon les travaux de F. Combrette, l'Asie a été soumise à l'infestation idolâtrique par ses liens commerciaux avec la Mésopotamie, les descendants de Cham et Chanaan. Le bouddhisme est postérieur au 1er siècle de l'évangélisation de l'Asie comme le confirment les recherchent archéologiques confiées à Eecho.
8 Il y a une différence de qualité entre commander et avoir de l'autorité, l'autorité a plusieurs modes d'application.
9Toute la création visible et invisible est ordonnée à l'Incarnation du Verbe, du Fils, seconde Personne de la Très Sainte Trinité, cette intention n'est pas originellement liée à la Passion qui est la conséquence du péché originel qui est de l'ordre de l'accident car, Dieu ne peut envisager le mal, Il est le Saint, il n'y a donc pas de lien de causalité originelle entre l'Incarnation prévue et la Passion qui, elle est liée aux conséquences du péché originel.
10 Un excellent alcool de riz, cité dans l’œuvre policière Le Juge Ti de Van de Gulik.
A écouter, cette vidéo de Jean-Marie Eli SEBTON
"ETRE CATHOLIQUE"
L'HOMME - UNE PERSONNE
JEROME : - En quoi l'âme, qui est créée pour donner la forme, fait de l'humain une personne ?
AUGUSTIN : - L'âme devient substance dès qu'elle reçoit les Attributs de la Cause Première qui est Dieu Un et Trine1. La nature de l'âme humaine est commune aux deux ordres : elle donne leur forme propre. Tout vivant a une âme. Leur mouvement vient de la substance qui est : - La mémoire végétative pour le végétal, elle donne la croissance. - La mémoire sensitive pour l'animal, elle donne sa mobilité.- La Memoria dei contient les deux autres Puissances ou Attributs pour le genre humain, elle fait que l'âme donne sa dignité anthropologique au Premier Génome2, faisant de lui une Personne. Le Premier Génome est une personne. Le pape saint Jean-Paul II précise : « Le génome apparaît comme l'élément structurant et constructif du corps en ses caractéristiques tant individuelles qu'héréditaires : il marque et conditionne l'appartenance à l'espèce humaine, le lien héréditaire et les notes biologiques et somatiques de l'individualité. Son influence dans la structure de l'être corporel est déterminante dès le premier instant de la conception jusqu'à la mort naturelle. C'est sur la base de cette vérité intérieure du génome, déjà présent au moment de la procréation où les patrimoines génétiques du père et de la mère s'unissent, que l'Eglise s'est donnée pour tâche de défendre la dignité humaine de tout individu dès le premier instant où il surgit. En effet, l'approfondissement anthropologique porte à reconnaître que, en vertu de l'unité substantielle du corps et de l'esprit, le génome humain n'a pas seulement une dignité biologique ; il est porteur d'une dignité anthropologique, qui a son fondement dans l'âme spirituelle qui l'envahie et le vivifie.3 » - La question est de comprendre comment et pourquoi l'âme donne cette dignité ? Aristote tente d'y répondre, l'âme est selon lui : « Ce par quoi nous vivons, nous sentons et avant tout nous pensons4. » Il s'agit du bien commun de l'âme à tout le genre humain. Pressent-il que l'âme possède des capacités qui lui viennent de Dieu ? Il n'en dit rien car, c'est au chrétien que revient la démonstration de l'animation. Le Pape saint Jean-Paul II, s'appuyant sur les découvertes en science génétique, précise pour la première fois dans une réflexion philosophique, les conditions de l'animation mais, n'en fait pas la démonstration. En effet, elle est impossible si le philosophe se maintient éloigné de la Révélation et, s'il ignore la méthode thomiste qui est indispensable pour y parvenir. Aristote dit de l'âme qu'elle est substance, prenant le contre-pied de Platon5 qui, lui, parle d'essence. En effet, Platon s'accroche au concept de l'idée ; Aristote s'appuie sur la réalité et démontre l'erreur de Platon6. Le chrétien dit que la réalité s'illumine par la surréalité de la Cause Première, puisque, la réalité de la matière est inférieure à celle de l'immatériel qui en est l'origine. Il est tout à fait juste de parler de surréalité pour l'immatériel dans la relation causale avec l'ensemble du créé : le terme de surréalité signifie que l'immatériel soit la seule réalité et que la matière, dans sa vérité objective, permet d'y accéder, puisque, qu'elle en témoigne.
THOMAS : - Revenons sur les concepts d'essence et de substance. Chez Platon, le terme d'essence est une des digressions de l'idée qu'il se fait des choses et non de leur réalité. La difficulté vient de ce qu'il fait passer par le mot – essence – que l'idée est prioritaire sur la réalité de la nature des choses. Aristote, au contraire, donne la priorité et tout autorité à la réalité, en employant le mot substance pour signifier la nature des choses et des êtres. Prenons l'exemple de la pierre, qui est un minéral, sa substance est d'être un minéral, car c'est sa nature réelle, qu'elle soit du schiste, du grès, de la craie ou du granite, ces singularités ou qualités sont de l'ordre de l'accident7, elles n'enlèvent pas à la pierre sa nature minérale. Les néo-platoniciens s'attachent à l'idée qu'ils se font de l'objet qui est une pierre, ils n'acceptent pas l'autorité de la vérité de la substance, ils préfèrent s'attacher à l'idée qu'ils s'en font, c'est une dérive de l'intelligence qui, dans ses expansions et ramifications, est devenue la matrice du nominalisme. L'un des rejetons du néo-platonisme, René Descartes, en faisant passer l'existence avant la substance – Je pense donc je suis – sous-tend le concept d'essence ce qui revient à lui donner une réalité qu'il n'a pas sauf, s'il indique un dérivé du pétrole. Descartes, en énonçant son « Je pense donc je suis », affirme que le fait de penser (idée) c'est exister, l'âme n'est alors rien d'autre qu'un accessoire secondaire8. Il fait de son « je pense » le transporteur de la dignité anthropologique de son « je suis ». Il considère que son existence, je pense, est la substance de son, je suis, l'être. Cette proposition, développée par les courants du cartésianisme, est le fondement de l'athéisme et du matérialisme moderne. Elle autorise toutes les idéologies, puisque, la vérité est relative : le doute méthodique. Aristote aura eu la vision de Descartes9 et, lui aura donné une fessée par anticipation. En démontrant le bien fondé de la substance, il précise que la vérité de l'objet est sa substance, sa nature et, qu'il en accepte l'autorité. Son choix de partir du réel – l'autorité des cinq sens – se justifie. Il démontre également que l'homme est ordonné à la vérité. Les néo-platoniciens comme Descartes, rejettent cette évidence, puisque, l'acceptant, il leur faudrait abandonner l'idée des choses pour leur réalité et donc, l'autorité de la vérité. Nous avons une illustration de cela à l'intérieur des Gauches qui vont jusqu'à nier l'inacceptable pour le justifier comme principe de vérité10 car, ils n'envisagent pas de devoir admettre l'enfermement dans lequel ils se trouvent par refus de la vérité, c'est pourquoi, la violence fait partie de leurs options qu'ils considèrent légitimes : détruire l'autre plutôt que d'admettre leur erreur.
ALBERT : - Le végétal, l'animal et l'humain, en tant que matière, sont ordonnés à la manifestation de la vie. L'immatériel est la cause instrumentale de la matière. Il y a une différence entre la substance de l'âme humaine et celle des deux ordres. L'homme est le seul vivant a être une personne, un être, un règne11 étant le seul à avoir la conscience de son existence.
JEROME : - L'âme humaine reçoit ses trois Puissances divines ou trois Attributs divins dans le même instant T. de sa création mais, en deux actes séparés. Ces trois Puissances permettent à l'âme de donner au Premier Génome sa dignité anthropologique. Ces trois Puissances sont : - Memoria dei ou mémoire ontologique (la faculté de se souvenir) ; - L'intellect agent ( faculté de comprendre) ; - Le spirituel agent ( la volonté d'aimer), Ces Puissances en elles-mêmes sont passives, elles contiennent les possibles12 qui, eux, entrent en acte. Les trois Puissances sont impassibles, pures et non atteintes par les effets héréditaires du péché originel13.
THOMAS : - Comment comprendre que l'homme soit à l'image et à la ressemblance de Dieu ? - Pourquoi Dieu l'a-t-il créé ? - Est-ce le hasard ? - Quel sens donner à la vie, à la création ? Ce sont-là des questions toujours actuelles tant que l'illumination des consciences n'aura pas eu lieu. Il y aurait quelque danger à ce que le catholique ne se les pose pas. La foi ne fait pas l'impasse de la raison. L'Acte créateur de Dieu est dû à l'oppression de son amour qui veut se communiquer par le don parfait et total de Lui-même. C'est pourquoi, avant tous les temps, le Verbe devait s'incarner dans l'humanité et assumer toute la création en vue de sa glorification. Le genre humain a été créé en vue de cette Incarnation divine ; une décision qui était indépendante de la Passion car, Dieu ne peut concevoir le mal. La raison d'être de la création visible et invisible s'ordonne à l'Incarnation du Verbe. L'intention première de l'Incarnation n'a jamais été liée à la Passion qui, elle, est la conséquence du péché originel. Dans son Présent immobile, Dieu ne conçoit pas que sa créature de prédilection puisse poser un acte de rébellion. L'objet de l'Incarnation est à l'image de la Cause Exemplaire à laquelle le Père éternel pense depuis son Présent Immobile. Le corps de l'homme est l'image de la Cause Exemplaire en vue de l'Incarnation du Verbe. Nous avons été créés pour le Verbe, la seconde Personne de la Très Sainte Trinité. Nous sommes l'image de la Très Sainte Trinité en vue de l'Incarnation de la seconde Personne Divine. Le Verbe.
AUGUSTIN : - Thomas, ta réponse n'est que la première partie ; nous ne répondons pas à la question : - Pourquoi l'homme est dit à la ressemblance de Dieu ? Dans toutes les traductions de la Sainte Bible, nous trouvons : « Faisons un homme à notre image et à notre ressemblance... » ; il ne s'agit pas d'un redoublement gnostique au contenu mystérieux comme le prétendent les mystico-dingos. Mon image, qui se reflète dans le miroir, est l'imitation d'une Cause Exemplaire Immatérielle - du latin imitari – ; elle ne me dit rien de ce que je suis, de ce qu'est mon être, ma personne ; mais, elle me dit, que ma forme est commune à tout le genre humain mais, elle ne me dit rien de la raison de cet attribut : être à la ressemblance de mon Créateur. La nature première de mon âme n'est pas de me faire à la ressemblance de Dieu, mais d'abord à son image aussi, si je suis également à sa ressemblance, c'est qu'elle renferme un contenu qui n'appartient qu'à la nature de Dieu : - Quelle est la nature de cette ressemblance que nous enseigne-t-elle ?
JEROME : - Le mot ressemblance vient de la racine indo-eur. Sem- qui signifie un et qui exprime l'identité ; le sens du mot a évolué donnant unique, ce qui pour l'homme signifie qu'il est unique et semblable aux autres hommes. A cause du bas latin, vers le XIème et XIIIème siècles, le mot ressemblance a été décliné par le mot ensemble qui a pour sens : de réunir les éléments d'un ensemble, ce qui se disait d'un artiste peintre. Le mot ressemblance indique le contenu de la forme, de l'image, un contenu conforme à la nature de la Cause Première qui m'a créé mais, comme je ne suis pas un dieu et que c'est Dieu qui inspire Moïse, le rédacteur du livre de la Genèse, cela ne peut vouloir dire qu'une chose : le contenu qui est en moi et qui me fait à la ressemblance de Dieu, est composé des Attributs ou Puissances de la divinité, du Dieu Unique et Trine. La Bible est la Parole divine, Parole de vie. Un païen, Aristote14, a compris que l'âme de l'homme contient les capacités qui font qu'il est ce qu'il est. Et, un catholique, ne pourrait pas démontrer la Présence en l'homme de ces trois Puissances car, pour y parvenir, il n'a d'autres solution que de s'appuyer sur la Révélation. Démontrer la surréalité de ces Puissances ne peut se faire sans la démonstration que l'animation se déroule au Premier Génome ; le philosophe catholique, au prétexte qu'il est impossible de la démontrer en philosophie pure devrait s'abstenir de la démontrer ? - Que vient faire le concept, hors sol, de philosophie pure ? Rien, si ce n'est de donner une légitimité à un interdit convenu, afin de maintenir le philosophe et la philosophie éloignés de la Révélation. Mais, nous sommes catholiques, nous ne sommes tenus qu'à une seule règle, servir la vérité, nous n'avons pas à nous soumettre au dicta du monde. Nous n'avons pas à nous soumettre aux saint-justes de la vie intellectuelle. Reprenons en mains notre liberté.
ALBERT : - Il y a un préalable aux réponses qu'induit ta question, Jérôme : - Sans les Puissances, le Verbe se serait-il incarner ? - Sans elles, l'âme serait-elle spirituelle ? - Sans elles, pourrait-on entrer dans la vision béatifique ? - Sans elles, y aurait-il eu le péché originel ? Il n'est pas important de répondre à ces questions mais, gardons-les en mémoire pour la suite de notre questionnement. Revenons à l'animation, c'est-à-dire, à l'instant où l'âme est créée et introduite dans le Premier Génome. C'est par elle que Dieu le Père communique au corps, qui est en puissance dans le Premier Génome, la forme et la vie. Le génome, constitué par la fusion des deux ADN du père et de la mère, n'est viable qu'à la condition qu'il reçoive la vie et pour recevoir la vie, il est conformé à l'image de la Cause Exemplaire. Il se comprend, que l'animation ne peut avoir lieu que si toutes les conditions sont réunies, il faut que le Premier Génome soit formé mais, sans l'animation, il ne peut ni vivre, ni se développer. - Mais, quelle est la raison qui fait que l'âme donne cette dignité si sa nature est de donner que la forme ? - Ce sont les Puissances ? - A quel moment lui sont-elles communiquées ?
JOSEPH : - Reprenons le schéma trinitaire : - Le Père éternel Pense la création, Il la pense dans son Présent immobile. Nous en déduisons que la Pensée du Père éternel est Mémoire. Elle est mémoire car, c'est la permanence de la Pensée du Père éternel dans son Présent Immobile qui maintient la création ; il suffirait qu'Il cesse une fraction de seconde de la penser pour qu'elle disparaisse. - Comment la Pensée du Père éternel devient mémoire ou Memoria dei en l'homme ? Dieu le Père en se rendant Présent à l'instant où se forme le Premier Génome crée l'âme dans laquelle Il dépose trois Puissances qui sont les Attributs du Dieu Trine. A l'instant de cette création de l'âme, Dieu est dans notre espace-temps, sa Pensée devient alors Mémoire, Memoria dei. L'Ecriture Sainte nous enseigne, que chaque homme est aimé de Lui au point, « que pas un cheveux ne tombe qu'Il ne le permette ». La Pensée divine devient mémoire parce que Dieu le Père est Présent dans notre espace-temps. La Memoria dei est la Pensée de Dieu en nous, dans notre espace-temps, à l'exemple du Verbe qui se fait chair. - Pourquoi la Memoria dei est-elle la première Puissance ? Dieu le Père est celui qui pense la création, c'est donc Lui qui la contient en puissance. Mais Dieu Un ne conteint-Il pas Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu l'Esprit Saint ? Puisque, dans l'ordre de l'acte de création, la Pensée de Dieu le Père est première, pourquoi n'en serait-il pas de même pour la première Puissance qui est la Memoria dei et donc la Pensée de Dieu le Père incarnée en l'homme ? Il se comprend aisément que la Memoria dei contienne les deux autres Puissances. - Dieu le Fils, le Verbe, Parole divine, dit la Pensée de son Père éternel et la met en acte. Elle devient mouvement, la création visible se déploie, s'ordonne en vue de recevoir le Verbe. Le Verbe dit la Vérité de son Père, Lui-même Vérité. Dieu le Fils a la connaissance parfaite de la Pensée de son Père. La création est à l’œuvre. Nous pouvons déduire, que la compréhension de la Pensée de son Père fait appel à l'Attribut dominant du Verbe qui est l'intelligence : l'Intellect agent. Deuxième Puissance. L'Intellect agent est la Puissance par laquelle nous avons la compréhension des choses dans leur vérité, elle nous permet également de conceptualiser. L'Intellect fait appel au souvenir, à la mémoire pour retenir ce qu'il comprend. Il est logique de considérer que cette Puissance intellectuelle est unie à la Memoria dei comme le Fils est uni au Père. Il y a un lien de nécessité entre la Memoria dei et l'intellect agent, de même qu'il y en une procession, puisque, Dieu le Père est la Première Personne et que Dieu le Fils en est la seconde dans la Très Sainte Trinité. - Dieu le Saint Esprit est la volonté d'amour du Père éternel et du Verbe. Il aime ce qu'aiment le Père et le Fils, Lui-même a sa volonté d'amour par laquelle Il sanctifie la création. Sa volonté d'amour est le spirituel agent qui, en l'âme humaine, est également désignée par : le vouloir d'amour. Cette Puissance spirituelle, Puissance d'amour est l'agent de toutes nos affections, nos sympathies. Le spirituel agent est la capacité que nous avons d'aimer, la volonté d'amour. Mais, je ne peux aimer que ce que je connais et, pour connaître, j'ai besoin de l'Intellect agent et de la Memoria dei, ma troisième Puissance se trouve unie aux deux précédentes comme l'Esprit Saint est uni à Dieu le Père et à Dieu le Fils, la Très Sainte Trinité. Les trois Puissances se disposent en un schéma trinitaire et font que chaque homme et femme soit une personne. Car, ce qui définit la Personne sont : - 1- Sa capacité de se souvenir : la mémoire. - 2- Sa capacité de comprendre : l'intelligence. - 3- Sa capacité d'aimer : l'amour, l'amitié. Ces trois Attributs se trouvent en Dieu Un et Trine : - Dieu le Père est à la ressemblance de Dieu le Fils ; - Dieu le Fils est à la ressemblance de Dieu le Père ; - Dieu l'Esprit Saint est à la ressemblance du Père et du Fils, mais Il n'est l'image ni du Père, ni celle du Fils : « Nathanaël qui m'a vu à vu mon Père des cieux. » Le Saint Esprit ne se manifeste que sous l'apparence d'une colombe. Si donc le Saint Esprit n'est l'image ni du Père ni du Fils mais, qu'Il est bien à la ressemblance des Deux et, considérant que l'homme est à la ressemblance du Dieu Trine, il s'entend que le mot ressemblance à sens de contenu, de substance et, non pas celui d'image. Nous pouvons en conclure, que si l'homme est reconnu par Dieu Trine à sa « ressemblance » c'est bien qu'il a en lui les trois Attributs dominants de Dieu Un et Trine. Telle est la substance de l'âme humaine dite âme spirituelle. Tous les hommes sont à la ressemblance de Dieu, à son image. Tous les hommes, par les trois Puissances, ont en eux l'image et la ressemblance de la Très Sainte Trinité.
JEROME : - A quel moment les trois Puissances sont introduites dans l'âme ? Nous avons effleuré la réponse dans le chapitre précédent ; elle est donnée par le Père Marie-Dominique Philippe15 : « […] Créateur de l'Etre premier. C'est une grande monté verticale. Je découvre qu'il y a en moi quelque chose de divin qui ne peut venir que de l'Etre premier, qu'il y a en moi une étincelle du divin. Ce qui nous console de ne pas être des génies –, mais une "étincelle du divin", de spirituel, qui nous apparente directement à Dieu. Mais quand cette âme a-t-elle été créée par Dieu en nous ? Extrêmement intéressante et brûlante, aujourd'hui, cette question : elle est posée d'une manière très forte avec la question des manipulations génétiques et de l'avortement. Jusqu'où le philosophe peut-il éclairer ces soubassements, cette vie souterraine que nous avons tous eu, et dont normalement nous ne nous souvenons pas beaucoup ? Donc, peut-on philosophique-ment préciser à quel moment l'âme humaine, créée par Dieu, est créée dans le corps humain, dans le fœtus ? Aujourd'hui, nous pouvons aller beaucoup plus loin que ce que disaient les Anciens, à cause des découvertes génétiques. Quand on dit que le "chiffre biologique16" de l'homme est donné dès le premier moment de la conception, cela intéresse beaucoup de philosophes. C'est extraordinairement intéressant, parce que cela prouve qu'un vivant autre est présent. Le vivant a son chiffre biologique propre. Or si l'âme informe le corps, c'est elle qui donne au corps son chiffre biologique. Pour mieux comprendre prenons l'hypothèse de saint Thomas. C'est respectable et cela reste intelligent. Il dit que l'âme spirituelle est créée par Dieu lorsque le corps est suffisamment formé ; mais alors il y a nécessairement un passage d'une disposition – d'une vertu instrumentale. Ce n'est pas bête, mais inadmissible si l'on considère les découvertes biologiques aujourd'hui. Si les premiers moments étaient uniquement de l'ordre de la disposition, le passage à la forme substantielle, lors de la création de l'âme spirituelle, impliquerait un changement total – au niveau philosophique, je ne peux pas dire qu'il y a continuité entre la disposition et la forme substantielle. Donc le chiffre biologique ne serait donné qu'à ce moment-là. L'âme informe le corps ; si l'âme spirituelle était créée après un certain temps, tout le corps de l'homme, dans tout ce qu'il est, dans toute sa sensibilité, serait transformé par l'âme. Donc nécessairement, le chiffre biologique ne pourrait plus être le même. Je livre cela à votre réflexion.17 »
ALBERT : - Nous l'avons dit plus haut, la création de l'âme et l'introduction en elle des trois Puissances se font dans un même et unique instant T. mais, en deux actes distincts. Il ne peut y avoir un temps retardé pour le second acte car, alors, l'âme ne pourrait donner la dignité anthropologique au Premier Génome, ce que nous confirme la Conception virginale de Jésus de Nazareth et l'Incarnation du Verbe qui se fait chair dès le Premier Génome, un même et unique instant T. Le fait que la conception de Jésus soit virginale ne change pas le mode opératoire quant à la création de l'âme humaine qui est un acte différent de l'Incarnation18 car, l'Incarnation du Verbe se fait à la condition qu'au Premier Génome la dignité anthropologique ait été donnée : « Il a pris tout de la condition humaine sauf le péché ». Le mystère de la fécondation virginale de Marie reste intact, nous sommes-là devant un inconnaissable du Révélé. Nous comprenons bien, puisque, la Parole divine est acte, que dès le Fiat de Marie, l'immédiateté de la fécondation, de l'animation et de l'Incarnation se réalise dans le même instant T. ; ce qui vaut pour l'humanité de Jésus de Nazareth vaut pour tout le genre humain, si ce n'était pas le cas, et cela l'est, le Verbe n'aurait pas assumé la condition humaine dans toute sa plénitude sauf le péché.
THOMAS : - Chacune de ces trois Puissances par les possibles nous donne les facultés de se souvenir, de comprendre, d'aimer19. - Sont-elles la cause instrumentale de notre liberté ? - Qu'est-ce que la liberté ? - Que signifie être libre ?
AUGUSTIN : - Thomas, mon frère, ta question pose un préalable, celle concernant la mise en acte des possibles contenus dans les Puissances. Un tel développement va prendre du temps.
JEROME : - Mes amis, pour ce soir, nous pouvons nous arrêter-là. Votre boulinade était une merveille. Nous allons dire les complies et dormir.
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1 cf. le récit de la création d'Adam et Eve.
2 Donne au génome la reconnaissance qu'il contient en puissance et en acte toutes les caractéristiques de l’humain, homme ou femme.
3D. C. du 8/07/98 n°2179 – Act. Pape Jean-Paul II – Discours à l'Assemblée générale de l'académie pontificale pour la vie, prononcé le 24/02/98. Cet enseignement relève de l'infaillibilité ordinaire, il développe un point de théologie morale qui fait partie intégrante du Magistère Infaillible de l'Eglise et auquel tout catholique est tenu d'adhérer, de croire sous peine d'être excommunier laetare sentencie.
4Aristote, De l'âme 414a, 12
5 Si Platon est séduisant par un style élégant d'écriture et, qu'il permet de rêver une réalité qui n'existe pas – lointain ancêtre du romantisme - le néo-platonisme qui n'est qu'une excroissance digressive de la pensée platonicienne est la matrice de toutes les idéologies, elle est l'origine de beaucoup de nos souffrances actuelles, surtout, depuis la Renaissance. Le terme essence procède directement de l'idée que l'on se fait d'un objet mais, il n'a aucune dignité quant à sa réalité.
6Aristote a une démarche de quête de la vérité qui est très proche de celle que devrait avoir tout chrétien.
7 Qualité singulière qui ne change pas la nature de l'objet.
8 Il y a chez Descartes une intrusion gnostique
9 Selon les sources historiques, quant à la vie de Descartes, il semble qu'avant de rédiger son Discours sur la Méthodes, il se soit adonné pendant de longues années aux sciences occultes, il se dit à son sujet qu'il aurait été membre de la rose-croix. Société à mystères, basée sur le psychisme et la recherches de pouvoirs qui en découlent, une société initiatique anti-chrétienne.
10Ce dont il sera observé au sujet des manifestations que l'on peut qualifier de guérilla urbaine.
11 Le sens étymologique du mot « règne » vient de roi qui signifie celui qui montre le droit chemin, la loi. Un règne suppose la volonté, la capacité du choix, l'intelligence ; or, seul l'homme à toutes ces qualités. Il s'en déduit que l'homme est le seul règne.C.Q.F.D. La classification universellement acceptée vient des courants soutenant la théorie de l'évolution, en confondant volontairement les deux ordres et l'homme sous l'unique classification de « règne », il s'en produit une dissolution de l'homme en tant que personne et être. Une manipulation sémantique qui a largement contribué aux développements des idéologies et à vicier la langue. Manipulation qui se poursuit.
12 Les possibles permettent à l'homme d'agir, d'interagir, d'inventer, de fabriquer, ce sont les facultés du faire, du facere.
13 Le péché originel est un événement historique aux conséquences manifestes quand bien-même a-t-il été un événement surnaturel, ce dont nous traiterons plus tard.
14 Aristote a écrit que le doute était le début de la sagesse, mais dans le sens où il fallait s'assurer de l'exacte nature des choses, de leur substance ; le doute de Descartes n’est pas dans cette droiture, il inverse le processus et sème le doute en toute chose, puisque, pour lui il n'y a pas d'autorité absolue de la vérité.
15 Dans les années 1990, dès que la France entrera dans le débat sur le projet de loi de bioéthique, le Père Marie-Dominique Philippe va prendre le contre-pied de son enseignement précédant. Il proposera que l'animation se fasse à six mois de grossesse. Il s'entourera de prêtres dont les familles ont toujours eu un pied dans l'Eglise et dans la franc-maçonnerie, ceux-ci exerceront une grande pression pour empêcher que le Père ne soutienne les réseaux de résistance qui se mettront en place dont Vigilance clonage. Son comportement sera celui d'un autocrate, il usera de la méthode cartésienne qu'il a pourtant combattue pour atteindre ses objectifs et empêcher que la position du Pape saint Jean-Paul II n'influence et vienne appuyer les résistances. Il aurait mérité d'être réduit à l'état laïc et excommunié tant de mal qu'il aura fait et parfois avec des moyens qui le déshonorent définitivement. Cet homme mérite l'oubli de l'histoire.
16 Le chiffre indique le caractère personnel et singulier du premier génome signifiant la personnalité du sujet.
17 Texte extrait des Cahiers de l'UISH années 85/90 – Conversation sur l'Homme comme vivant.
18L'archange Gabriel fait sa Visitation à Marie de Nazareth qui ne connaît pas d'homme charnellement ; devant la demande de l'archange et, connaissant parfaitement les Saintes Ecritures, Marie fait son Fiat, dans un tel élan d'amour ( c'est l'amour qui est ordonné au don de la vie) que le Saint Esprit la couvre de son Ombre, « la lumière divine devient ténèbres quand elle se manifeste à l'homme », c'est donc à partir de l'ovule que le Saint Esprit ombre, que la fécondation se produit et que se forme le Premier Génome, l'âme humaine est créée et reçoit les trois Puissances divines propres à chacun et c'est alors que l'Incarnation se produit. Ce mécanisme biologique est propre à toute femme, le mystère demeure quant au mode de fécondation de l'ovule, ce qui se nomme un inconnaissable du Révélé. [Il s'agit d'une proposition, la question reste ouverte.]
19 Il y a plusieurs modes de mémoire, d'intelligence et d'amour ; le multiple procède de l'un, c'est pourquoi, chacune des trois Puissances est unique et indépendantes de l'autre mais en une communion parfaite.