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LA FRANCE MARIALE par Alain PORET














L’académicien historien Max Gallo écrit sur la France : « Il n’est pas un mont de ce pays où ne s’élève un calvaire. Pas un champ qui ne soit traversé par un chemin qu’empruntèrent les pèlerins. Pas un village qui ne soit rassemblé autour d’un clocher ». Deux cent, c’est le nombre approximatif de sanctuaires dédiés aux vierges noires en France. Plus de 1000 pèlerinages en l’honneur de Marie sont recensés sur notre sol.


L’histoire de France, est-il besoin de le rappeler, est une histoire sainte méconnue de nos jours1. « A la naissance des lettres françaises, il y a les saints », écrivait la médiéviste Régine Pernoud. La France chrétienne du VIIè siècle produisit à peu près deux cent évêques et trois cent moines qui furent après leur mort canonisés.


Avec la Sainte Vierge, « Dieu se francisait quelque peu", a-t-on dit. Comme l’écrit Théodore Hersant de Villemarqué (1815-1895) : « Du peuple franc, n’es-tu pas la patronne ? / Oublieras-tu les vœux de ce grand roi / Qui te disait en t’offrant sa couronne / : « Reine du Ciel, mon royaume est à toi ».


Au cours du XIXè siècle, les cinq apparitions de la Vierge Marie reconnues aujourd’hui par l’Eglise catholique forment un mystérieux M sur la carte de France : rue du Bac, à Paris (pointe Nord-Est) ; Pontmain (pointe Nord-Ouest) ; Pellevoisin (centre du M) ; Lourdes (pointe Sud-Ouest) ; La Salette (pointe Sud-Est).

En 2008, un nouveau lieu d’apparition de la Sainte Vierge est reconnu en France par l’évêque de Gap qui a annoncé la reconnaissance officielle des apparitions de Marie au sanctuaire Notre-Dame-du-Laus, dans les Hautes-Alpes, en 1664.


En France, l’étoile de Marie rayonne avec ses six rayons suivants, chacun portant ses splendides cathédrales gothiques : Paris-Rouen ; Paris-Beauvais-Amiens ; Paris-Chartres-Le-Mans ; Paris-Bourges ; Paris-Reims ; Paris-Strasbourg.


Ainsi s’est constituée la couronne mariale dont les joyaux initiaux sont à Saint-Denis, Notre-Dame de Paris, et Chartres auxquels sont rajoutés dans un cercle concentrique plus étendu Beauvais, Sens, Auxerre, Troyes, Reims, Rouen, Strasbourg. Complétant cette couronne mystique qui entoure l’Ile-de-France, les grandes cathédrales d’Amiens, de Noyons, de Soisson et de Laon, ainsi que la cathédrale collégiale de Saint-Quentin s’élèvent à l’orée des pays du nord.


« Chapelet de pierre posé sur la robe de France », les grandes cathédrales sont vouées à la Vierge (Amiens, Reims, Strasbourg, Chartres, Paris etc.), mais aussi les basiliques (N-D de La Garde, à Marseille, N-D des Victoires à Paris…) ou encore des centaines d’églises ou de chapelles désignées par le vocable de Notre-Dame. Le concile de Troyes en Champagne (1128) reconnaît cette « chevalerie religieuse » qu’est l’ordre du Temple placé sous le patronage de la Vierge, dès son origine, par saint Bernard et les cisterciens.


Les cathédrales gothiques sont toutes consacrées à Notre-Dame depuis le XIIè siècle par les cisterciens et les templiers. Saint Bernard paraît avoir implanté sur le sol français certaines églises romanes cisterciennes représentant la constellation de la Vierge chevauchant avec la Grande Ourse et tournant l’une et l’autre autour de Voulaines-Les-Templiers, en Champagne, qui lui sert de pivot.


Une correspondance de la constellation et du culte rendu à la Vierge, signalée par l’auteur Louis Charpentier, montre que l’implantation des cathédrales gothiques du Nord de la France et vouées à Notre-Dame, se dispose comme les étoiles principales non pas comme directement copiées, mais comme leur projection jetée sur terre.

Par exemple, en joignant par un trait la cathédrale de Bayeux à celle du Mans, en passant par Chartres, Paris, Reims, Amiens, Evreux, et reliant cette dernière à Notre-Dame de Paris, on obtient le tracé de la constellation de la Vierge. L’éclipse du mois d’août 1999, après avoir symboliquement « éteintes » toutes les cathédrales gothiques du Nord-Est de la France, les a « rééclairées » avant de suivre le même parcours de Cherbourg à Strasbourg de la tempête dévastatrice, en décembre de la même année !


L’auteur Robert Maestracci fait aussi remarquer qu’une constellation de la Vierge peut être reproduit non loin d’Oraison dans les Alpes de Haute Provence avec les lieux dits suivants : Entrepierre, Entrevennes, Entremont, Entrayes, Entrevaux et Notre-Dame d’Entrevigne. L’auteur Marcel Moreaux a rappelé que la disposition des cathédrales Notre Dame construites en France au XIIè siècle et leur cortège d’églises dédiées à St Etienne sont reliées entre elles par les tracés inversés et imbriqués des constellations de la Vierge et de la Grande Ourse.


Dans la cathédrale de Reims, l’Assomption de la Sainte Vierge continue symboliquement par la présence au sommet du Sagittaire, symbole de la chevalerie. Ce signe rappelle que Marie est la patronne de la chevalerie céleste. L’époque gothique est la rare période de notre histoire où la France crée une architecture nouvelle et l’enseigne à l’Occident chrétien. A Notre-Dame de Paris réalisée dans le style Ars Francigerium, « triomphe du génie français », le portail du couronnement de la Vierge est le grand chef d’œuvre de la cathédrale.

La Rose des cathédrales a été découverte par l’auteur Michel Soulier. La base de son tracé est l’étoile à cinq branches qui est, en quelque sorte, l’algorithme. Le centre serait le transept de Notre-Dame de Paris. Dans son roman « La Rose de Notre-Dame », Félicien explique le tracé de la Rose qui est exponentiel, dès l’instant où il englobe toutes les cathédrales.


Il y en a près de deux cents sur le sol de France : « ce sont les cathédrales qui ont été construites sur le dessin de la Rose qui était pré existante en quelque sorte ». Les cathédrales les plus anciennes, positionnées sur la Rose, datent du Xè siècle. Aucune donnée humaine ne l’explique. On ne fait que constater son existence à l’aide de la géométrie.


La Vierge a vécu, dès l’origine, une histoire d’amour avec notre pays ; d’où Ronsard qui écrit majestueusement: « Marie est l’anagramme du Verbe Aimer ». Par décision royale, à compter du 1er février 1638, à Saint-Germain-en-Laye, Louis XIII consacre Marie : chaque année, en son honneur, une procession solennelle est organisée dans tout le royaume, lors de la fête de l’Assomption qui reste aujourd’hui encore celle de la Corse. Le « royaume de France » a été appelé le « royaume de Marie » écrit le Pape Pie XI qui déclare Notre-Dame de l’Assomption, patronne principale de la France (1922).


Entre les deux dates, 1830, rue du Bac, à Paris et 1858, Lourdes dans les Pyrénées, le Pape proclame l’Immaculée Conception, définie quatre ans plus tôt par Pie IX et préparée en 1830, par l’invocation gravée sur la Médaille miraculeuse de la rue du Bac. Aujourd’hui, à Notre-Dame de Fourvière à Lyon, l’Immaculée Conception est la fête de la lumière célébrée chaque année le 8 décembre.


Jeanne d’Arc est « venue au roi de France par la bienheureuse Vierge Marie ». Sur son penon (étendard) figure l’Annonciation. Sa « sainte chemise » est offerte par Charles le Chauve à la cathédrale de Chartres. Les plus célèbres apparitions en France ont toutes eu lieu à l’aube des grands bouleversements, de la Révolution et autres tragédies totalitaires. Annonciations divines mais aussi dénonciations de l’Histoire. A Pontmain, le 17 janvier 1871, la Vierge est aussi apparue aux Allemands, à Laval, leur confirmant sa protection accordée aux Français.


Le renversement de Charles X et les massacres de la Commune sont annoncés par Marie (rue du Bac, à Paris, en juillet 1830). Il y a aussi une continuité avec La Salette (1846) dans le contexte historique de la révolution qui chassera Louis-Philippe, et déferlera dans toute l’Europe. En 1848, paraîtra l’anti-Evangile, « Le Manifeste du Parti communiste » de Karl Marx.


La prophétie de La Salette s’avèrera. La famine qui devait se déclarer peu après, allait culminer en 1848, « l’année de la faim » qui restera dans les annales. A Pellevoisin, en 1876, la Sainte Vierge soupire : « Et la France ! Que n’ai-je point fait pour la France ! Que d’avertissements ! ». Et la Sainte Vierge protège les Français contre les grandes épidémies (en l’an 1008 à Valenciennes, à Lyon, en 1643, contre la peste).


Il existe une apparition mariale moins connue et pourtant liée à l’Histoire de la royauté en France, celle de Cotignac dans le Var (où eut lieu également une apparition de Saint Joseph !), le 10 août 1519 : celle-ci est liée à la naissance de Louis Dieudonné, futur Louis XIV. L’intervention de la Sainte Vierge aboutira le 5 Septembre 1638 à la venue au monde du dauphin.


Enfin, à Notre-Dame de Paris : « c’est Saint Louis, pieds nus, Napoléon sacré, de Gaulle entonnant le Magnificat pour la libération retrouvée en 1944, de Gaulle encore au lendemain de sa mort ; ce sont les enterrements de Pompidou et même de Mitterrand. C’est Jean-Paul II qui a prié par deux fois en son sein, Benoît XVI venu y rencontrer de jeunes Français » égrène Mgr Rougé, évêque de Nanterre.


En guise de conclusion, le rôle eschatologique de Marie peut être ainsi résumé : « Per Mariam ad Jesum » (« Par Marie, vers Jésus »). Le Fils de Marie n’avait-il pas déclaré à Marguerite Alacoque, l’humble religieuse de Paray-Le-Monial (1673-1675), nommée par l’Eglise « l’Apôtre du Sacré Cœur » : « Je veux me servir de la France pour réparer les outrages qui me sont prodigués ».


Or, cinq sites christiques alignés rigoureusement sur une droite en direction nord-sud, sont ainsi regroupés en France : la cathédrale d’Amiens avec sa relique, l’Esprit Saint sous forme de colombe ; la basilique du Sacré Cœur à Montmartre ; la Sainte Chapelle avec sa couronne d’épines, également à Paris ; l’église de Tournemire, en Auvergne, avec l’épine de la couronne du Christ qui a plusieurs fois miraculeusement perlé une goutte du sang ; et le site de Montsalvy (mont Sauveur, mont Salvateur) aussi dans le Cantal. (auteur MCS) et l’église Saint Matthieu à Perpignan conserve à la vénération trois épines de la sainte Couronne déposées par Philippe III le Hardi, successeur de Louis IX, saint Louis.


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1-L’histoire est l’illustration d’un combat ou dilemme unique : se donner à Dieu ou s’y refuser, du point de vue surnaturel, on peut dire que l’histoire en général est une lutte de sainteté.

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